Côte d'ivoire: Soro, une bombe à fragmentation
Par Le Temps - Côte d'ivoire. Soro, une bombe à fragmentation.
Guillaume Kigbafori Soro. L’enfant dit terrible. Aurait-il commencé à vivre des moments terribles ? L’apparence immédiate peut le dire ainsi. Mais l’avenir de cet homme, même éloquent, n’offre aucune précision. Ce que nous savons, c’est que le Président de notre Assemblée nationale, l’ex-chef rebelle, le numéro 2 du régime Ouattara est traqué par la justice française. Comme un vulgaire personnage. Un mandat d’arrêt de la juge Sabine Khéris, suite à la plainte de Michel Gbagbo, est à ses trousses depuis lundi 7 décembre 2015. Quelle situation bien malheureuse ! Quelle humiliation pour la Côte d’Ivoire ! Nous voici la risée du monde ! Un mandat d’arrêt contre le président de notre parlement, à Paris ! Mais ce pays est vraiment dévalué ! Et imaginez notre cher PAN, le grand « boucantier » du Mpci, sauter clôture pour fuir de chez lui, à Paris, pour ne pas être capturé par la police française. Ah, la capture ou «la capturation », (pour emprunter le néologisme à une cousine bien chère), que de fidélité à l’histoire de notre pays ! Capture le 11 avril 2011. « Capturation » manquée le 7 décembre 2015. Partie remise ? Qui va nous sauver ? Est-ce le début d’une série ? Qui veut être ami à Soro en ce moment ? Qui ? J’imagine peu de doigts, pour être généreux. Avec l’étape franchie ce lundi à Paris, Guillaume Soro est devenu gênant. Gênant pour Abidjan. Gênant pour l’Elysée. Gênant pour l’Onu. Gênant pour qui encore ? Guillaume Kigbafori Soro est un sachant. Et étudiant qu’il était, il n’avait pas « pikini » (un sou) pour créer une rébellion lourdement armée et budgétivore. Qui l’a financé et pourquoi ? Qui sont ses commanditaires ? Quels étaient les rôles et les fonctions de chacun d’eux dans les crimes commis par la rébellion dont il a accepté de porter le masque ? Les vols, les pillages, les casses de la Bceao, les assassinats, les viols, les enlèvements, les séquestrations, les vrais responsables des escadrons de la mort, les fraudes électorales, etc. Soro sait tout cela. Ayant participé à tous les accords de paix sur une crise que lui-même contribué à créer, il sait ce qui s’est noué ici et là. Et aucun de ceux qu’il a servis hier et sert encore aujourd’hui, n’a intérêt à ce qu’il fasse un déballage de leurs secrets communs. Le voilà vu comme une bombe à fragmentation qu’il conviendrait de désamorcer à temps. Cela veut dire quoi ? Soro est en danger. Parce que plus d’un complice aurait intérêt à le faire taire à jamais, à le neutraliser partout où il se trouve. Parce que s’il parle, ce n’est pas évident que la vie continue d’être rose pour ceux qui font en ce moment de l’arrogance un projet de société. Mais si l’un des lieutenants de Soro l’a su pour lui-même et a pris des dispositions, ce n’est pas « Bogota », « l’infiltré » qui ne le ferait pas. Car son lieutenant en question, ancien chef de guerre, se sentant menacé, aurait enregistré plusieurs vidéos où il aurait fait de graves révélations sur son parcours rebelle et ce qu’il sait. Il aurait ventilé les copies de ces vidéos en lieux sûrs pour le cas où. Ses avocats en auraient copies, d’autres films seraient ailleurs comme au Qatar. On peut donc comprendre que ceux qui rêveraient de la disparition de Soro pour ne jamais payer de leurs crimes enfouis, se trompent. Soro n’a pas une âme à vouloir tomber seule. Après lui, en dehors de sa famille biologique et de ceux, incapables de lui nuire, qui devra jouir des fruits de son audace et de son courage ? Arrêter Soro suppose l’amener à parler. Or, s’il parle, bien de gens risquent de le rejoindre. Et la récréation prendra fin. C’est un problème ! Une vraie bombe à fragmentation. De quoi être « anéanti » !
Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr