Présidentielle 2015: Le Congrès du FPI a enfin eu lieu ce 25 octobre
Par L'Eléphant déchaîné - Présidentielle 2015. Le Congrès du FPI a enfin eu lieu ce 25 octobre.
Le dimanche 25 octobre, l’élection présidentielle de Côte d’Ivoire s’est tenue. Les Ivoiriens, sans se bousculer devant les bureaux de vote, se sont exprimés. Il ne reste plus qu’à savoir si les politiciens ivoiriens ont compris ce message. Une tablette biométrique trop performante…
Tous les observateurs sont unanimes et «L’Eléphant» dont les journalistes se sont fait délivrer des accréditations de la Commission Electorale Indépendante (CEI), et qui a donc pu se rendre dans plusieurs circonscriptions électorales tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays, peut aussi l’attester. Le vote de ce dimanche 25 octobre s’est déroulé dans un calme qui faisait presque peur. Tant les Ivoiriens n’ont pas été habitués, depuis le retour du multipartisme en 1990, à une élection présidentielle voire locale apaisée.
Il y aura sans aucun doute une guerre de chiffres sur le taux de participation, la CEI a déjà annoncé un taux qui a surpris plus d’un. Elle parle d’un taux tournant autour de 60% mais qui resterait à consolider alors que 24 heures plus tôt, la portion du FPI, ou ce qu’il en reste du côté d’Aboudrahmane Sangaré, a appelé, sans doute avec le souci permanent de narguer Affi N’Guessan, à annuler cette élection au motif que les Ivoiriens à plus de 82%, ne se seraient pas déplacés pour accomplir leur devoir civique. Sa majesté Ouattara 1er, dont chacun sait qu’il est toujours à l’écoute de Sangaré et sa branche, ne manquera pas de leur donner satisfaction en renonçant à son éventuelle réélection, histoire de convaincre le monde entier sur son esprit démocratique là où, avec à peine 37% de taux de participation, Laurent Gbagbo et les refondateurs se sont donnés à cœur joie au sommet de l’Etat pendant deux ans avant de voir leur festin empoisonné par Soro Guillaume et ses camarades de feu. Mais si le calme a été observé au niveau des électeurs et du point de vue sécuritaire, la vedette de cette élection a été certainement la tablette biométrique fournie à la CEI par notre ami Sidi Kagnassi, on ne sait pour combien de milliards de F cfa. Cette tablette, selon les têtes d’huile de la CEI, était censée permettre une identification incontestable de l’électeur et une transmission à la vitesse du «TGV» (Train à Grande Vitesse), des résultats à la CEI centrale à Abidjan.
Sauf que sur le terrain, le constat a été fait que non seulement les présidents des bureaux de vote n’avaient aucune maîtrise de cet instrument technologique, mais en plus, dans plus de 70% des cas, il ne fonctionnait pas correctement. Au point où, après que cet appareil ait provoqué de graves retards dans des centaines de bureaux vote, du moins ceux que «L’Eléphant» a pu visiter, l’on a eu rapidement recours à la bonne vieille méthode de l’identification physique des électeurs. «Nous n’avons été formés que pendant moins de deux heures à l’utilisation de cette machine», a déclaré à «L’Eléphant», un président de bureau de vote qui avait toutes les peines de Boidikro à faire démarrer sa machine. Pourquoi la CEI n’a-t-elle pas pris le temps de mieux former ses agents sur le terrain à l’utilisation de cet appareil avant de les envoyer dans les bureaux de vote? Mystère…
Pour un appareil qui était censé révolutionner le vote, il est pour plus de 80% dans le désordre qui a été observé au démarrage du vote dans plusieurs localités. Si c’est cela l’émergence technologique promise, on n’est pas loin, en cas d’une élection présidentielle à fort enjeu, de la catastrophe.
Retour vers le futur pour Banny, Essy Amara et Koulibaly
Essy Amara, le candidat des planteurs d’abord; puis Mamadou Koulibaly dont chacun sait qu’il n’a jamais caché son incapacité de battre tout seul sa majesté Ouattara 1er dans les urnes, ensuite; Charles Konan Banny, le passionné de la Côte d’Ivoire, enfin, se sont retirés de la course à la présidentielle sur des arguments différents, laissant sans voix ceux qui ont pris le risque de placer en eux leur confiance. Mais sur le bulletin de vote, leur tête était bien visible et sans doute par erreur ou par souci de protestation, certains de leurs partisans sont quand même allés les voter. Partout où «L’Eléphant» est passé, ils étaient crédités d’un honorable score compris entre 0,6 et 2%. Pourquoi prendre le risque de se présenter à une élection présidentielle quand on sait dès le départ qu’on n’ira pas jusqu’au bout de la compétition? Comment démontrer qu’une fraude a été organisée dans une élection sans y prendre part?
Assurément l’ancien Premier ministre Banny qui n’est pas un couard, a dû être dégoûté par la volonté farouche de ses camarades de la CNC regroupés derrière le baron Sangaré, de ne pas appeler les militants du FPI à voter pour lui. Car, c’est bien ce que Charles Konan Banny escomptait, d’où ses visites à la CPI pour convaincre son «camarades», l’intrépide Gbagbo, d’appeler ses camarades restés au pays à voter pour lui, histoire de barrer la route à «l’imposture» d’Affi N’Guessan, pour parler comme Odette Lorougnon, une autre égérie de l’aile dure et un peu messianique du FPI.
Pour Banny qui n’aura plus en 2020 son destin politique entre ses mains vu son âge, il risque fort, malgré l’étrange rendez-vous qu’il donne aux Ivoiriens pour les servir dans les jours à venir, de ne plus jamais avoir l’occasion de prouver ce qu’il vaut sur l’échiquier politique national à la communauté internationale. Il en est de même pour Essy Amara qui, promis-juré, ne s’est découvert une vocation de présidentiable qu’après une réunion organisée par une sombre association de planteurs qui l’aurait appelé à venir sauver la Côte d’Ivoire envahie par le chocolat brûlé. Depuis le début, son attitude était des plus illisibles. A la signature de la plate-forme de la CNC, son représentant, sans doute avec son accord, a fait semblant de signer le document. Une insulte à ses camarades qui auraient dû comprendre dès cet instant que l’homme n’avait aucune envie de brûler ses économies dans une élection perdue d’avance. C’est donc logiquement qu’il a jeté l’éponge. Il ne reste plus qu’à savoir à quoi il pense en ce moment en se rasant car, politiquement, participer à cette élection aurait sans doute été plus salutaire pour lui que ce pitoyable retrait qui achève de convaincre plus d’un qu’il a fait son temps.
Quant à Mamadou Koulibaly, son avenir politique se trouve encore sans doute devant lui mais il aura grillé beaucoup de crédit dans cette affaire par sa stratégie illisible. Cet homme est sans aucun doute un brillant économiste mais un politicien pour le moment très moyen qui semble s’être complètement trompé d’époque. S’il veut un jour servir ses compatriotes, il gagnerait à prendre le temps de réfléchir clairement à une stratégie lisible et sans doute à se réconcilier avec ses camarades du FPI et partant, avec les militants de ce parti qui peuvent lui donner le coffre suffisant pour affronter n’importe quel candidat à une future élection présidentielle.
Au FPI, le Congrès a enfin eu lieu…
Au grand dam de Banny et de KKB qui, malgré tout, a marqué de grands points dans cette élection présidentielle mais qui cependant devrait réfléchir à ce qu’il fera pour ne pas se retrouver au chômage à la fin de cette législature dans laquelle il représente le RHDP, l’aile du FPI conduite par Sangaré a maintenu son mot d’ordre de boycott de l’élection présidentielle. Et, apparemment, même s’il faudra pousser l’analyse plus loin dans les jours à venir, cet appel a été largement suivi par les militants du FPI. Lesquels, malgré les appels du camarade Affi N’Guessan -l’homme dont le point essentiel du programme de gouvernement est basé sur la démagogique libération de Laurent Gbagbo dès son élection, et qui a fait une campagne plutôt apaisée pendant que certains de ses lieutenants sur le terrain et notamment dans la sous-préfecture de Morokro dans le département de Tiassalé menaient une campagne des plus sales, semant la haine ethnique et l’incitation à la révolte- ne semblent pas s’être vraiment bousculés devant les bureaux de vote.
Comme on le sait, soupçonnant Affi N’Guessan de trahison, certains de ses camarades ont tenté de l’évincer de la tête du parti en suscitant la candidature de l’intrépide Gbagbo pour lui succéder. Croyant son tour venu, et se rappelant des humiliations que Simone Gbagbo et Blé Goudé lui auraient infligées pendant huit ans, Affi N’Guessan, comme un beau diable, et à coups de recours judiciaires aux résultats étrangement tous favorables, a neutralisé la dissidence dans son parti, allant jusqu’à traiter Laurent Gbagbo de «faussaire» en des termes à peine voilés. Il disait avoir la majorité des militants du parti avec lui et, courageusement, a fui le congrès du parti qu’il n’a jamais voulu organiser, interdisant via la Justice, à ses camarades de parler au nom du FPI. Koua Justin, le bouillant représentant des jeunes de l’aile Sangaré, Dano Djédjé et autres, méditent en ce moment en prison, les conséquences de leur tentative de provoquer le sanglot du «Roi» Affi. «Qui voter, votez Affi», s’est donc imposé à la tête du parti et s’est fait investir candidat du FPI à l’élection présidentielle qui vient de se tenir.
Mais si pour Affi N’Guessan, il s’agissait juste de tenter de prendre le pouvoir via les urnes face à sa majesté Ouattara 1er qui n’a pas manqué de mots doux à son égard -«Affi fait une campagne civilisée»- pour ses camarades dissidents, cette élection était le congrès que courageusement, Affi N’Guessan n’a jamais voulu tenir. Dans les deux camps opposés, on attend de tirer de vrais dividendes politiques de cette élection. Car, si Affi N’Guessan gagne cette élection -pourquoi pas?- il se créera une vraie légitimité et tournera par la même occasion, virtuellement la page de Gbagbo qui n’a pas voulu le recevoir à La Haye et qui n’a pas non plus appelé à voter pour lui. Et dans ce cas de figure, peu importe le taux de participation que la CEI annoncera, Affi N’Guessan, comme un aimant, ressoudera autour de sa personne la base du parti et deviendra l’homme fort du FPI.
Mais s’il perd cette élection et que la preuve est faite suivant le taux de participation que les militants du FPI ne sont guère sortis pour voter, ce sera le discrédit pour lui et il aura beaucoup de mal -à moins de continuer à se «contorsionner» pour garantir la liberté à sa dulcinée condamnée à 20 ans de prison ferme mais pour le moment en liberté en attendant le procès en Cour d’Appel donc toujours présumée innocente -à exister politiquement en Côte d’Ivoire. Car, la preuve aura été faite que la majorité des militants du FPI n’entend que le discours de Sangaré et autres, et qu’il ne représente pas grand-chose au sein de ce parti qui, pour le moment, reste profondément attaché à l’intrépide Laurent Gbagbo dont l’ombre a plané ce dimanche dans plusieurs régions considérées comme son fief mais où le camarade Affi pourrait mordre la poussière face à Ouattara 1er et bientôt deuxième…
Une première dame condamnée à 20 ans de prison au Palais présidentiel? Ça aurait de la gueule et on verrait comment le «président» Affi s’arrangerait pour tirer sa dulcinée d’affaire sans piétiner l’indépendance de la Justice à laquelle il tient tant.
Dommage que Ouattara 1er ne veuille pas, s’il est réélu, de gouvernement d’union nationale. Affi N’Guessan ferait un bon ministre de la réconciliation nationale… au sein du FPI.
Daniel Sovy