Présidentielle en C.I: Le Collectif des femmes françaises de la Diaspora ivoirienne alerte le Président François Hollande contre des élections truquées d'avance

Par IvoireBusiness - Lettre du Collectif des femmes françaises de la Diaspora ivoirienne au Président François Hollande pour l'alerter contre la mascarade électorale du 25 octobre 2015.

Koudou Madeleine présidente du Collectif des femmes françaises de la Diaspora ivoirienne, et le Président François Hollande.

Mme Madeleine Koudou Paris le 10 octobre 2015
Collectif des femmes françaises
de la Diaspora ivoirienne

A Monsieur François Hollande
Président de la République française
Palais de l’Elysée

Objet : Election présidentielle de 2015 en Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara s'apprête à opérer un passage en force le 25 octobre après avoir violé la Constitution et verrouillé tout le processus électoral

Monsieur le Président de la République

Nous venons vers vous avec le tout le respect que nous vous devons, pour apporter tout notre soutien en faveur de votre prise de position claire pour le strict respect des constitutions en Afrique.
Vous avez eu l’occasion de le confirmer lors de votre dernier voyage en Afrique qui vous a conduit au Bénin et au Cameroun les 02 et 03 juillet 2015.
A notre connaissance, aucun Président français n’avait jusqu’ici été en mesure d’être aussi précis sur une question aussi fondamentale.
De plus, à l’occasion de la récente tentative de putsch militaire au Burkina Faso, vous avez exigé que les putschistes du Général Gilbert Dienderé, respectent la légalité constitutionnelle en leur demandant de déposer les armes afin de permettre à la transition de suivre son cours normal.
Tout ceci s’ajoute à votre conception de la francafrique que vous avez décidé de combattre comme vous l’avez très clairement démontré lors du sommet de la Francophonie à Dakar le 30 novembre 2014.
Nous avons donc toutes les raisons de vous faire entièrement confiance et ce d’autant plus que nous sommes nous-mêmes membres à part entière du parti socialiste depuis le Président François Mitterrand en 1981.
C’est donc en tant que socialiste que nous vous écrivons.
Nous sommes des français d’origine ivoirienne et nous savons que vous avez pu suivre comme il se doit le dossier de la Côte d’Ivoire et la violation de l’article 35 de la Constitution par le chef de l’Etat Alassane Dramane Ouattara.
Et par rapport à cela, nous voulons ici vous remercier et vous apporter toute notre reconnaissance pour avoir décidé d’exiger d’Alassane Ouattara depuis le 02 décembre 2015 à l’Elysée, des élections présidentielles démocratiques, transparentes, et ouvertes à tous en Côte d’Ivoire, et cela dans le strict respect les lois du pays.
Nous savons que le rapport des renseignements généraux publié le lundi 13 juillet 2015, rendant compte de ce que le scrutin présidentiel du 25 octobre 2015 était déjà verrouillé d’avance, le Président Alassane Ouattara voulant en effet se servir de ce scrutin pour légitimer définitivement son pouvoir en se faisant élire dès le premier tour avec un score avoisinant les 70%.
Il va de soi que la logique du pouvoir en place est visiblement de contourner l’exigence d’élections transparentes, démocratiques, justes, et inclusives. Car comment comprendre que la Commission électorale indépendante, au demeurant totalement déséquilibrée et non consensuelle, soit encore dirigée par monsieur Youssouf Bakayoko alors que son mandat de 6 ans a déjà expiré.
La France qui est un pays démocratique et qui exerce une influence économique et politique réelles dans la sous région, ne peut laisser se mettre en place une telle forfaiture sans réagir.
Voilà pourquoi nous venons en toute confiance vous exprimer notre soutien et vous demander d’agir une nouvelle fois afin d’éviter au pays une nouvelle crise postélectorale majeure à cause de la mascarade électorale en cours, avec à la clé des milliers de morts.
Pour rappel en 2002, monsieur Alassane Dramane Ouattara créa une rébellion en Côte d’Ivoire et il nomma monsieur Guillaume Soro comme secrétaire général. En 2004, monsieur Thabo M’Beki, Président de la République d’Afrique du Sud, fut nommé médiateur dans la crise ivoirienne par le Président Jaques Chirac, pour mettre fin à crise. Thabo M’beki demanda au Président Laurent Gbagbo d’utiliser l’article 48 de la constitution pour qu’Alassane Ouattara soit candidat exceptionnel à la présidence de la Côte d’Ivoire, pour la seule élection de 2010, en accord avec ce dernier, inéligible selon l’article 35 de la constitution votée à 86% par referendum en 2000.
L’article 35 de la constitution ivoirienne votée par referendum en octobre 2000 lui interdit de se présenter à l’élection présidentielle car il n’en remplit pas les conditions.
En se représentant aux élections du 25 octobre 2015, il viole de façon flagrante la constitution.
Voilà pourquoi il y a partout dans le pays, de nombreuses manifestations de rue pour protester contre la violation de la constitution, lesquelles ont fait des dizaines de morts et de nombreux blessés sur tout le territoire national. Au lieu de chercher à calmer et à apaiser le climat politique, monsieur Alassane Ouattara a décidé d’arrêter et d’emprisonner toutes les personnes s’opposant à sa candidature.
Alors même que de nombreux prisonniers croupissent déjà dans les prisons ivoiriennes sans avoir été jugés, y compris les prisonniers de la crise post-électorale de 2011.
Tout laisse croire que monsieur Alassane Ouattara tient à passer en force pour s’autoproclamer président élu.
On voit déjà les conséquences immédiates d’une telle forfaiture : De nombreux ivoiriens et de nombreuses ivoiriennes seront alors obligés de quitter leur pays pour échapper à la répression, augmentant ainsi le nombre de migrants qui prennent d’assaut l’Europe. Et comme ils sont presque tous de langue française, beaucoup d’entre eux prendront le chemin certainement la France.
Nous pensons que ce n’est vraiment pas le moment pour de nouveaux refugiés fuyant la Côte d’Ivoire de venir s’ajouter aux réfugiés irakiens, syriens, libyens, érythréens, palestiniens, afghans, libyens, etc…
La situation est suffisamment grave pour qu’on ne la laisse pas se produire sous nos yeux.

Monsieur le Président,
Nous croyons vous avoir suffisamment éclairci la situation qui se profile à l’horizon. Ensemble, prenons dès maintenant toute les dispositions nécessaires pour que demain personne ne soit surpris. Nous vous remercions d’avance monsieur le Président pour votre constante sollicitude et vous prions de croire en l’expression de notre très haute considération et de nos sentiments distingués.

Fait à Paris le 10 octobre 2015

Koudou Madeleine

Présidente du Collectif des femmes françaises
de la Diaspora ivoirienne