Afrique: Quatre morts dans des heurts à Brazzaville entre policiers et manifestants
Par France24.com - Quatre morts dans des heurts à Brazzaville entre policiers et manifestants.
Au moins quatre personnes ont été tuées mardi au Congo-Brazzaville dans des affrontements entre policiers et manifestants opposés au référendum qui vise à maintenir au pouvoir le président Denis Sassou Nguesso.
Quatre personnes au moins ont été tuées, mardi, dans les deux principales villes du Congo-Brazzaville lors de heurts entre des policiers et des manifestants opposés au référendum constitutionnel de dimanche, qui pourrait permettre au président Denis Sassou Nguesso, qui cumule plus de 30 ans à la tête du pays, de se représenter en 2016.
Sept manifestants ont été blessés et trois membres des forces de l'ordre l'ont été grièvement, selon le ministre de l'Intérieur, Raymond Mboulou, qui a dénoncé à la télévision publique une "insurrection organisée et coordonnée".
Des sources hospitalières, citées par les agences Reuters et AFP, font état de blessés par balles, laissant entendre que les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles.
Les violences ont éclaté après l'annonce publique de l'interdiction d'un rassemblement contre le référendum organisé par une opposition ayant appelé à la "désobéissance civile" à partir de mardi. Depuis l'annonce début octobre du référendum de dimanche, deux coalitions d'opposition dénoncent comme un "coup d'État constitutionnel" cette consultation sur un projet de nouvelle constitution faisant sauter les deux verrous empêchant M. Sassou de briguer un troisième mandat en 2016.
Alors que la quasi totalité des magasins, écoles et administrations de Brazzaville étaient restés fermés, des jeunes sont sortis dans la rue en incendiant des pneus à Makélékélé et Bacongo - deux quartiers du sud de la capitale réputés proches de l'opposition - ainsi que dans des quartiers ouest. La police a ouvert le feu à plusieurs reprises. A Pointe-Noire, des jeunes sont également sortis dans les rues en incendiant des pneus et des tirs sporadiques d'armes légères ont été entendus.
À Makélékélé, un journaliste de l'AFP a vu le commissariat du quartier détruit par un incendie. Selon des témoins, deux autres commissariats ont été incendiés dans la capitale avant que le calme ne revienne dans l'après-midi.
Vers 17h30 (16h30 GMT), une centaine de partisans du oui au référendum ont manifesté dans le centre de Brazzaville.
"Une insurrection pacifique populaire"
Le pouvoir semble décidé à museler l’opposition au président Sassou Nguesso dans la mesure où toute la journée, l'internet mobile, les services de SMS et le signal de la radio française RFI - une des stations les plus écoutées du pays - sont restés coupés à Brazzaville et à Pointe-Noire.
Pascal Tsaty Mabiala, un des principaux animateurs de l'une de ces plateformes, a déclaré mardi soir à l'AFP: "Nous voulons arriver à (...) une insurrection pacifique populaire" pour empêcher la tenue du référendum.
Joint par téléphone à Sibiti (250 km à l'ouest de Brazzaville), le ministre des Travaux publics, Émile Ouosso, qui faisait campagne pour le "oui" au référendum, a assuré avoir été "pris en otage" pendant près de cinq heures "par des militants opposés au changement de Constitution". À Gamboma, dans le centre du pays, l'armée a tiré en l'air a plusieurs reprises pour venir à bout de la détermination de plusieurs dizaines de manifestants anti-référendum, selon des témoins.
"La répression des manifestants et les diverses restrictions des communications montrent bien que Sassou Nguesso a choisi de passer en force, explique Florent Geel, responsable du bureau Afrique de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme), interrogé par France 24. Le pays s’apprête donc à vivre des temps extrêmement durs".
Âgé de 72 ans cette année, Denis Sassou Nguesso a dirigé le pays à l'époque du parti unique, de 1979 jusqu'aux élections pluralistes de 1992, qu'il a perdues. Revenu au pouvoir en 1997 à l'issue d'une violente guerre civile, il a été élu président en 2002 et réélu en 2009.
La Constitution de 2002 limite à deux le nombre des mandats que peut exercer un chef de l'État et interdit d'être candidat à la magistrature suprême toute personne âgée de plus de 70 ans. Ces deux dispositions ont été supprimées dans le projet de loi fondamentale devant être soumis au peuple dimanche.
Avec AFP
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