Violence post-électorale à Daloa et Issia : Plusieurs blessés et des maisons et fermes détruites

Le 08 novembre 2010 par le Nouveau Réveil - La violence post électorale continue de faire des victimes. Les Baoulé, qui constituent la cible de ces fauteurs de troubles ont,

De Autre presse.

Le 08 novembre 2010 par le Nouveau Réveil - La violence post électorale continue de faire des victimes. Les Baoulé, qui constituent la cible de ces fauteurs de troubles ont,

depuis la proclamation des résultats du 1er tour de l'élection présidentielle, qui a vu le candidat de la Majorité présidentielle, Laurent Gbagbo, être contraint d'aller au second tour avec le candidat du Rassemblement des houphëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), Alassane Ouattara, le sommeil trouble. Le seul reproche fait à ce peuple qui n'aspire qu'à la paix et au travail dans l'Ouest de notre pays, est de n'avoir pas voté massivement leur fils afin de briguer la magistrature suprême au 1er tour. Ainsi depuis le lundi 1er novembre jusqu'à ce jour, aussi bien à Bouaflé qu'à Daloa en passant par Issia, Saïoua… ce sont des populations allogènes apeurées qui ont dû quitter campements et villages bété et gouro pour se rendre en ville pour, disent-ils, " protéger nos enfants et nos femmes de la furia des autochtones ". Malgré ces mesures préventives, certains, comme N'guessan Konan Gervais, n'ont pu échapper à cette violence politique perpétrée par les jeunes du village Zepréghué, village situé à 9 Kms de Daloa (sur l'axe Daloa - Abidjan). Son calvaire est ici retracé par un de ses parents qui est à son chevet : " Les évènements ont commencé le dimanche après le vote. En tant que représentant au bureau de vote pour le compte du Pdci, je suis allé déposer le procès-verbal (PV). C'est à mon retour que les jeunes Bété m'ont pourchassé avec des jets de pierres. J'ai alors informé le secrétaire de section Pdci de l'agissement de ces jeunes. Le lendemain matin, ils ont continué les menaces verbales. Nous demandant de quitter leur village. C'est ainsi que nous avons pris langue avec le chef qui a décidé de convoquer une réunion pour aplanir les choses. C'est la goutte d'eau qui débordera le vase. Injures, grossièretés fusèrent de partout. Repliés dans nos cours, à notre grande surprise, nous avons vu les jeunes venir avec des machettes pour s'attaquer à nous. Nous avons pris la fuite et le frère surpris n'a pu s'échapper à temps et ils l'ont ainsi découpé à la machette. Il a eu aussi une fracture. Toute cette barbarie parce qu'on nous reproche d'être Pdci et d'avoir voté Bédié en lieu et place de Gbagbo. Après leur forfait, ils sont venus demander pardon. Mais nous leur avons dit que notre frère n'est pas encore guéri. Donc pour l'heure, nous ne pouvons rien dire… ", a-t-il mentionné. Qu'en est-il de la ville d'Issia où nous avons mis le cap ?

Maisons et fermes brûlées
Issia, ville située à une quarantaine de kilomètres de Daloa, n'a pu faire exception à ce qui devient une norme dans cette région de la Côte d'Ivoire. A savoir bastonner ou chasser tous ceux qui ne votent pas notre candidat. Ainsi tout comme à Daloa et Bouaflé, les populations allogènes baoulé ont subi le courroux des autochtones bété. Konan Ahoutou Emile a vu sa ferme de plus 500 poulets partir en fumée ainsi que sa maison où il résidait avec sa femme et ses enfants. Quant au neveu de Kalonzo, chef des Baoulé de la diaspora, Boni Konan a regardé impuissant, les jeunes gens détruire sa maison qu'il venait de bâtir. Ces faits sont ici relatés par un secrétaire de section Pdci qui, à son corps défendant, a aidé le jeune Boni Konan à avoir la vie sauve " Le lundi après le vote, on a reçu l'appel téléphonique d'un jeune du nom de Boni Konan, à Brokoua, qui disait qu'on venait de casser sa maison qu'il venait de construire et qu'il n'a pas encore habitée. On a alerté la gendarmerie et le préfet. C'est ainsi que le préfet a mis à notre disposition sept (7) gendarmes, qui nous ont accompagné dans ledit village. A notre arrivée, l'atmosphère était telle qu'on ne pouvait pas laisser le jeune là-bas. Nous sommes venus avec lui à Issia. C'est ainsi que le lendemain soit mardi, un ressortissant du village est venu lui dire que les villageois disent comme c'est une partie seulement qui a été cassée, que tu t'es plaint aux gendarmes, donc ils ont tout cassé maintenant. C'est ainsi que nous sommes partis avec les gendarmes pour le constat avec des photos à l'appui. Aujourd'hui, ce jeune vit en ville ici. C'est un parent à Kalonzo (chef des Baoulé de la diaspora), qui est allé dire aux Bété que son neveu a voté Bédié. Donc ils peuvent faire de lui ce qu'ils veulent. Secondo le mardi, il y a les Baoulé des villages de Bazaga connus sous le nom de Deza et Bereghué qui ont trouvé refuge à la gendarmerie. Et on leur reproche d'avoir trouvé, lors du dépouillement, au terme du vote, des bulletins favorables au candidat du Pdci Henri Konan Bédié. Alors il faut qu'ils quittent leurs villages. C'est ainsi que de peur de voir leurs enfants et épouses tués, ils les ont fait venir en ville pour les protéger. Et les hommes sont restés afin de sauvegarder leur récolte car n'oubliez pas que nous sommes en pleine campagne cacao. Et cela au prix de leur vie. C'est seulement le jeudi, après plusieurs négociations, qu'ils ont pu regagner leurs domiciles. Voilà ce qui se passe ici. Nous sommes menacés parce qu'on nous demande de ne pas aller voter au deuxième tour si nous voulons voter autre personne que le candidat du Fpi, Laurent Gbagbo. C'est pourquoi nous demandons qu'il y ait des forces de maintien de l'ordre neutres car celles qui sont ici ne peuvent pas grand-chose étant chez eux et sous les ordres du ministre Tagro… l’attitude intrigante du préfet d’Issia" a-t-il émis comme vœu avant de s'indigner contre l'attitude du préfet d'Issia, Osséi Achi, en ces termes " Le préfet nous a dit, au cours d'une réunion, que les Bété sont gentils et que s'ils ont sorti des machettes, c'est juste pour nous effrayer un peu. Sinon qu'ils sont accueillants. Il prend pour preuve que ceux-ci ont donné aux Baoulé leurs forêts. En tout cas, sa réaction nous a laissé un froid dans le dos. Car sa réaction laisse croire que nous sommes à la base de ce qui nous arrive. Car ce serait une provocation faite aux Bété de ne pas voter Laurent Gbagbo, leur fils. Donc nous méritons en quelque sorte ce que nous avons semé. Aucune réaction ferme pour intimer l'ordre aux Bété d'arrêter leur sale besogne n'a été faite jusqu'à ce jour. C'est vraiment décevant pour des représentants de l'Etat… " Konan Ahoutou Emile, la victime qui a vu sa ferme et sa maison, (situées à un kilomètre d'Issia sur l'axe Issia-Man), détruites, que nous avons rencontré, raconte sa mésaventure " Un jour avant les votes, par mesure de précaution, j'ai demandé à ma femme et aux enfants de regagner la ville. Et cela, en connaissance de cause. Le dimanche après l'élection, mes jeunes frères et moi sommes partis rester à la ferme jusqu'aux environs de 19h avant de revenir en ville. Le lundi, par manque de véhicules en circulation, mes jeunes frères n'ont pu repartir au campement. Ils sont donc restés avec moi à la ferme afin de m'aider. Le mercredi, à la première heure, ils ont pu avoir une occasion pour le campement. C'est ainsi que je suis resté seul. Parti pour abreuver et nourrir mes poulets, je fus surpris de constater que mes poulets traditionnels qui étaient dans la cour ont tous disparu. Opérant des recherches, j'ai constaté que les malfaiteurs venaient à peine de quitter la ferme. C'est ainsi que je me suis mis à les poursuivre. Le moins jeune qui avait à peine douze ans a été très vite rattrapé. Soumis à un interrogatoire, il avoua son forfait disant que ses aînés sont partis avec les poulets. C'est ainsi que j'ai décidé de l'emmener à la police. Arrivé au corridor (axe Issia-Man), car ma ferme se trouve à quelques encablures dudit corridor, un agent de police appartenant à l'unité anti-drogue m'a interpellé. Je lui raconte les faits et au moment où il soumettait le petit à un interrogatoire, un monsieur accompagné de quelques jeunes est venu se présenter comme étant le père de ce jeune homme. L'homme en tenue m'a alors demandé de relâcher le jeune homme étant donné que le père s'est présenté. Et que je pourrais aller porter plainte lorsque les tensions politiques se seraient calmées. C'est ainsi que j'ai suivi les conseils de l'homme de loi et je suis reparti à ma ferme pour ne revenir en ville qu'à 19h30mn. C'est dans la même nuit qu'ils sont partis brûler ma ferme et ma maison. Tout ce qui est biens, matelas, les pagnes de ma femme, les habits de mes enfants, les documents administratifs, extraits de naissance de mes enfants sont partis en fumée. Plus de 300 poulets prêts à la vente et 200 autres poussins que je préparais pour les fêtes de fin d'année ont tous été calcinés. Quelques-uns ont pu échapper aux flammes et se sont retrouvés en brousse. Ils ont tué d'autres et sont partis avec quelques-uns pour manger. Le peu qui a pu être sauvé le jeudi, ils sont venus les exterminer. Les policiers sont allés pour le constat d'usage. Et jusque-là, personne n'a été interpellé. Ma famille et moi sommes réduits à néant puisque nous n'avons plus rien. C'est déplorable ce qui nous arrive. Qu'adviendra demain si Gbagbo n'est pas réélu, nul ne sait ? Vivement que les forces d'interposition viennent à notre secours…"

Le préfet de Daloa, Dacoury Lohorey, exerce une pression sur la communauté baoulé de son département
Le préfet de région, préfet du département de Daloa, Dacoury Lohorey, à l'instar de certains de ses collègues préfets tels que celui de Yamoussoukro, Nassa Dacoury, qui n'hésite pas à faire visiter, selon lui, les réalisations (Maison des députés, présidence en construction, autoroute.), du président Gbagbo à la chefferie traditionnelle de Yamoussoukro et celui de Didiévi, Kragbé Didier, qui ne manque pas d'imagination en convoquant, les cadres et élus du Pdci dudit département à des meetings du Fpi, fait campagne pour le président Gbagbo. Ayant ôté son manteau d'administrateur, le premier responsable administratif de la cité des Antilopes, voyant la défaite du leader des frontistes se dessiner, a choisi d'utiliser la manière forte pour emmener les allogènes baoulé vivant sur son territoire à voter son mentor. Ainsi oubliant que le vote est secret et que le choix de tel ou tel candidat est libre, le préfet s'est mis à exercer une pression sur les chefs de la communauté baoulé et agni. Qui, selon lui, auraient demandé à leurs administrés de choisir le candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), Dr Alassane Dramane Ouattara, pour le 2ème tour de l'élection présidentielle qui aura lieu le 21 novembre prochain. Sur cette base, il convoqua le chef des Baoulé qui a dit ne pas se reconnaître dans de telles allégations. Et le préfet de dire ceci, selon une source bien introduite auprès de la chefferie baoulé " Comme tu dis que tu n'as pas dit ça, tu as eu la chance sinon si cela aura été la vérité que je t'aurais envoyé à Abidjan ", a-t-il menacé avant d'intimer l'ordre à Aboya Boni et Atta Brou, d'appeler leurs frères et sœurs baoulé et agni à voter le candidat de la Majorité présidentielle (LMP). A la demande du préfet, une réunion de la chefferie traditionnelle bété et de la chefferie traditionnelle baoulé a eu lieu hier dimanche 07 novembre au quartier baoulé.
JEAN PAUL LOUKOU
Envoyé spécial à Daloa et Issia