TRIBUNE: L'APPAUVRISSEMENT PROGRAMMÉ DES IVOIRIENS

Le 16 janvier 2013 par Correspondance particulière - Chronique de l'appauvrissement annoncé des ivoiriens sous Ouattara.

Le monde de la Finance soucieux de soumettre à ses exigences le pouvoir
politique a horreur de l'aspiration des pays en développement à toute idée de
souveraineté. Laurent Gbagbo à la Haye est simplement le pouvoir politique africain
emprisonné par le pouvoir économique. La guerre au Mali conduite par la France de
Hollande est un exemple qui nous permet de saisir brièvement la différence subtile
entre les objectifs que s'assigne le pouvoir politique et ceux du monde de la Finance.
Hollande s'évertue à préserver l'intégrité territoriale du Mali, son tissu social, grâce à
une guerre chirurgicale qui conduira progressivement à l'ablation de la tumeur
terroriste qui veut se servir des revendications des populations du Nord du Mali pour
assouvir des ambitions hégémoniques de certains pays du Moyen Orient. Des
journalistes de France 24 s'efforcent d'accueillir sur le même plateau des
représentants autochtones du Nord du Mali ; le MNLA qui expriment, dans un tel
contexte, leur désir de combattre le terrorisme aux côtés de la France. Les
déclarations du gouvernement de Jean Marc Ayrault sont transparentes; il s'agit
d'oeuvrer à concéder au Mali sa souveraineté face à une invasion étrangère. En Côte
d'Ivoire, la guerre livrée, au contraire, par la droite française puis par Sarkosy, un
président acquis à la cause du monde de la Finance fut totalement différente: le
désarmement des rebelles venu du Nord ne fut pas effectif, l'armée française leur
servit de bouclier pour leur permettre de conserver les armes jusqu'à l'organisation
des élections présidentielles parce que l'objectif de Sarkosy et de sa classe politique
consistait à frapper le pouvoir politique ivoirien qu'incarne la figure du président
Laurent Gbagbo. L'Islam fut utilisé comme stratagème par Sarkosy et Ouattara pour
pousser les fils du Nord à combattre leurs frères du Sud. Ces soldats, partisans de
Ouattara qui forment aujourd'hui l'armée ivoirienne, désireux de saper les efforts
fournis en vue de notre réconciliation, se sont permis de déféquer, par exemple, dans
un calice qu'ils ont pris soin de poser dans le Tabernacle d'une Église catholique. Les
revendications des partisans du président Laurent Gbagbo, durant cette période de
crise, n'ont pas été prises en compte par la France de Sarkosy. Il nous est donné
l'opportunité d'analyser deux guerres ; une conduite au Mali par Hollande favorable
au pouvoir de décision concédé au monde politique, et l'autre livrée par Sarkosy,
homme politique à la solde des plus riches. Au Mali, la souveraineté concédée au
peuple tout entier par Hollande au grand dam de Sarkosy et d'Alassane Ouattara
permettra à tous les partis politiques d'aboutir à un consensus. En Côte d'Ivoire le
monde de la Finance continue de suivre sa feuille de route sous Ouattara qui s'efforce
à réaliser totalement le plan d'appauvrissement programmé des Ivoiriens. Sous les
présidents Houphouët, Bédié et Laurent Gbagbo, les Ivoiriens avaient commencé à
prendre conscience de leur capacité à mettre sur pied leurs propres entreprises en vue
de la croissance. Sous Alassane Ouattara ces PME ivoiriennes disparaissent
progressivement puisque le monde de la Finance n'ayant pas réussi, au moyen des
armes, à pacifier totalement la Côte d'Ivoire, il leur faut passer au plan B qui consiste
à appauvrir les Ivoiriens en augmentant le prix des produits de première nécessité, du
carburant, du gaz. Ce plan est conforme à toutes les mesures prises par Alassane
Ouattara avant de livrer la guerre aux Ivoiriens du Sud de notre pays ; il eut l'embargo
sur les médicaments, sur le cacao, sur la nourriture, on vit la fermeture des banques...
Briser, mater la résistance de ses adversaires politiques fait partie du principe
fondamental de gouvernance aussi bien d'Alassane Ouattara que de Sarkosy, du
monde de la Finance. Ouattara a en effet un rôle fondamental à jouer pour permettre
la réussite de la politique économique de Christine Lagarde, Responsable du FMI, qui
invite les banques à augmenter seules leur capital pour relancer la croissance. La
première solution qu'elle préconise est d'inviter les banques à rechercher les capitaux
auprès de leurs actionnaires. Le FMI, appelé encore la banque des banques, dont l'une
des fonctions essentielles consiste à garantir la stabilité du système monétaire
international a la Côte d'Ivoire d'Alassane Ouattara, comme actionnaire, grâce à ses
mines d'or qui peuvent permettre à cette institution de garantir la monnaie de chaque
État définie par rapport à l'or. Pour soutenir le programme des réformes de Ouattara,
le FMI, selon les propos de son Directeur Général, lui octroie par an un prêt à taux
zéro de 100 milliards de francs CFA. Face à un tel taux, Ouattara peut en effet
s'endetter, mais ces endettements sont semblables à des actions de personnes riches
ou d'institutions financières dans le capital de notre pays. Une action confère en effet
à son détenteur la propriété d'une partie du capital qui est représenté en Côte d'Ivoire
par nos ressources naturelles ; or, pétrole, fer, cacao etc... Les bulles spéculatives
provoquées par l'abondance d'argent qui provient de l'endettement exagéré de notre
pays ne subiront sur un long terme aucun éclatement brutal comme celles de
l'immobilier en Espagne ou des ventes de voiture. Face à ce flux intensif d'argent en
provenance de pays plus endettés que nous, une question nous hante en général
l'esprit : "Comment ces pays réussissent-il à nous prêter de l'argent?" Le principe est
simple, il est celui des usuriers appelés margouillats dans notre pays, ils s'endettent à
des taux bas et nous prêtent cet argent à des taux élevés. Tous ces prêts dont nous ne
bénéficions pas sont garantis par nos propres ressources naturelles et payés grâce à
l'augmentation du prix du gaz et du carburant. Derrière toutes ces institutions
financières comme le FMI se trouvent des hommes appelés actionnaires capables
d'augmenter grâce à nos richesses naturelles vendues sur le marché international les
capitaux des banques. Nos revenus doublés, selon Lagarde, d'ici 2020 ne seront
certainement que les dividendes des actionnaires qui leur seront reversées. Nos
populations appauvries à cause de la hausse des prix programmée par Ouattara et le
FMI, seront réduites en 2020 à la mendicité et se dissipera en elles toute aspiration à
la dignité, à la souveraineté. Nous verrons alors pleuvoir certainement des milliards
de francs cfa, et assisterons passifs, appauvris, à la création de PME aux mains de
personnes étrangères car nous ne serons que de pauvres ouvriers dans la plantation de
nos maîtres, sur nos propres terres. Des faits nous interpellent; la banane, les denrées
alimentaires ivoiriennes commencent à être vendues dans des supermarchés français,
cela augure d'un bel avenir mais nous savons tous que lorsqu'une filière produit de
l'argent, elle devient automatiquement, comme celle du cacao, la propriété des plus
riches. Ces actionnaires proches de Ouattara s'accapareront donc la filière des
vivriers, et feront disparaître progressivement le marché gouro d'Abidjan et du
château rouge à Paris. Les petits transporteurs feront place aux tramways, tout sera
modernisé, et notre économie locale sera soumise aux fluctuations des cours du
marché international. Il nous appartient de choisir entre la pensée philosophique du
monde de la Finance (de Sarkosy) et celle du pouvoir politique qu'incarne en Europe
Hollande, en Côte d'Ivoire, le président Laurent Gbagbo.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)