Scandale/"Nous sommes traités comme le virus" : dans une ville chinoise, des Africains chassés de chez eux

Par France24 - Coronavirus "Nous sommes traités comme le virus". Dans une ville chinoise, des Africains chassés de chez eux.

Ces derniers jours à Guangzhou, plusieurs Africains ont été chassés de leur hôtel ou de leur logement suite à des rumeurs sur les réseaux sociaux chinois d'une deuxième vague de contaminations venue de la communauté africaine.

La ville de Guangzhou est sortie de son confinement le 27 mars dernier. Mais sur les réseaux sociaux chinois, des internautes ont partagé des rumeurs d’une nouvelle vague de contaminations venue de la communauté africaine à Guangzhou. Des habitants africains ont été empêchés d’entrer chez eux ou ont dû quitter précipitamment leur logement. La rédaction des Observateurs a recueilli plusieurs témoignages.

Ces rumeurs visaient surtout la communauté africaine de Yaotai, à Guangzhou, dans le centre de la ville. Elles affirmaient que le quartier avait été remis sous confinement suite à un grand nombre de nouveaux cas importés de coronavirus. Mardi 7 avril, les autorités locales ont démenti les rumeurs d’une "deuxième vague de contaminations" et du confinement de ce quartier. Elles ont annoncé 111 nouveaux cas importés de coronavirus dont 25 expatriés et 5 Nigérians. Les rumeurs ont fortement affecté la communauté africaine de Guangzhou.

"Mon colocataire a dormi deux nuits dehors"
Collins est Nigérian. Il étudie et vit dans une résidence du centre de Guangzhou avec Francis (son prénom a été modifié), qui est Togolais. Selon lui, Francis n’a pas pu rentrer chez lui mardi.

Il m’a appelé parce qu’on refusait qu’il entre dans notre bâtiment. Après plusieurs appels, je lui ai envoyé une preuve d’habitation. L’agent de sécurité a refusé de prendre le papier. Mon colocataire a donc rejoint d’autres personnes, également virées de leur logement.

Mardi soir, il a dormi dehors. Il m’a raconté qu’ils ont été chassés par la police parce qu’ils campaient en-dessous d’un pont, près d’une station de police.

Mercredi matin, Francis est allé faire un test pour le Covid-19 à l’hôpital. J’ai également été testé chez moi. Finalement, les tests de Francis sont revenus négatifs, et il a pu revenir jeudi matin à la maison après avoir dormi pendant deux nuits dehors.

Francis, le colocataire de notre Observateur Collins, apparaît dans cette vidéo postée sur Twitter (voir ci-dessous). On y voit des Africains marcher le long d’une route sous la pluie, à la recherche d’un abri. "Ils ne nous donneront pas de maison, ils ne nous donneront pas d’hôtel. Ils nous suivent parce qu’ils ne veulent pas nous laisser rester à un seul endroit, alors que nous avons déjà fait une quarantaine de quatorze jours", explique, en anglais, la personne qui filme.

Des hommes d’affaires chassés de leurs hôtels

Francis a rejoint d’autres Africains, eux chassés de leurs hôtels. Dans une vidéo publiée lundi 6 avril sur Twitter, on les voit devant un poste de police. L’un d’eux s’adresse manifestement à la police chinoise : "Il y a beaucoup de Chinois en Afrique, les Chinois habitent dans mon pays. Nous n’avons rien fait aux Chinois. Regardez ce qu’ils font." Il répète plusieurs fois.

Collins a fourni à la rédaction des Observateurs plusieurs vidéos similaires. Dans l'une d'elles, manifestement tournée à l’intérieur d’un hôtel, un homme filme des Chinois en tenue complète de combinaison et affirme qu’il a déjà effectué quatorze jours de quarantaine et qu’ils doivent tout de même partir. "On ne sait pas où on nous emmène", dit-il.

Dans la deuxième vidéo, on voit des hommes et des femmes qui attendent devant leur hôtel avec des valises. Un homme explique qu’ils ont été chassés de leur hôtel et que la police a pris leurs passeports : "Faites vite pour qu'on puisse sortir de ce bazar en Chine. C'est trop difficile ici."

Lire la suite sur...https://observers.france24.com/fr/20200409-guangzhou-chine-africains-nig...