Scandale/ Mali : le chef de l'opposition Soumaïla Cissé, enlevé

Par Lepoint.fr - Mali. Le chef de l'opposition Soumaïla Cissé a bien été enlevé.

Le chef de l'opposition malienne, Soumaïla Cissé, a bien été enlevé.

Après plusieurs heures de flou, la nouvelle qui tournait sur les réseaux sociaux vient d'être confirmée par le gouvernement malien. Mais que s'est-il passé ? Par Le Point Afrique.

C'est la panique générale depuis hier au Mali. Soumaïla Cissé, 70 ans, est un opposant malien, candidat à plusieurs reprises à l'élection présidentielle. Il aurait été enlevé alors qu'il était en campagne électorale dans le centre du pays pour les législatives. Officiellement, on sait que le parlementaire et chef de file de l'opposition a été vu pour la dernière fois mercredi 25 mars avec une délégation d'une douzaine de personnes à bord de deux 4X4 dans son fief électoral de Niafounké, dans la région de Tombouctou, quand le convoi a été attaqué par des hommes armés et jusqu'à présent non identifiés, a informé ce jeudi le parti qu'il préside, l'Union pour la République et la démocratie, URD.

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Suivre la vidéo du point de presse, animé par le S/com de lURD, Maître Demba Traoré, sur les circonstances de l'enlèvement de l'honorable Soumaïla Cisse et sa délégation dans le Cercle de Nianfuke. C'était au bureau du chef de l'opposition.
— Amadou Oumar Diallo (@AmadouOumarDia7) March 26, 2020

Porté disparu

C'est ce jeudi 26 mars après-midi que les informations les plus fiables sont tombées. Son garde du corps a été tué, deux autres membres de son entourage ont été blessés, a relaté devant la presse à Bamako Demba Traoré, un responsable de l'Union pour la République et la démocratie. Les autres, dont Soumaïla Cissé, sont « à cette heure-ci entre les mains des assaillants », a ajouté Demba Traoré. On ignore qui ils sont. La zone est un secteur où opèrent des djihadistes affiliés à Al-Qaïda. Ce sont des « hommes armés, pour nous encore non identifiés, il faut être clair », a tenu à clarifier Demba Traoré.

Un fonctionnaire de Niafounké, que l'Agence France-Presse a choisi de ne pas nommer et dont deux proches faisaient partie de la délégation et sont à présent « libres mais blessés », a mis en cause « un radical opposé à la tenue des élections ».

Dans un communiqué confirmant l'enlèvement, le gouvernement ne dit rien de ses auteurs possibles, mais assure que « toutes les dispositions pratiques sont prises pour retrouver les personnalités disparues et les ramener à leurs familles ». La Mission des Nations unies au Mali a indiqué participer aux recherches avec un hélicoptère et se tenir « à disposition pour toute assistance supplémentaire » que demanderaient les autorités maliennes.

Vives réactions

Sur les réseaux sociaux, les réactions se multiplient, députés, acteurs politiques mais aussi civils se mobilisent pour que « Soumi », comme on le surnomme au Mali, soit rapidement retrouvé. L'inquiétude a même gagné les pays voisins, notamment le Sénégal. Idrissa Seck, président du parti Rewmi, a publié un communiqué : « Toute notre sympathie à sa famille, à son parti, et à l'ensemble du peuple malien et nous formulons des vœux ardents pour que lui et sa délégation soient retrouvés sains et saufs. Nous ne doutons pas un seul instant que les autorités maliennes ainsi que l'ensemble des forces internationales présentes au Mali mettront tout en œuvre pour les retrouver le plus rapidement possible. »

Attristé et profondément choqué par la disparition de l’honorable Soumaila CISSE et sa délégation.
Les autorités maliennes doivent déployer tous les moyens disponibles pour libérer le chef de fil de l’opposition et lui permettre de terminer sa campagne sain et sauf.
Solidaire!
— Moussa Mara (@MoussaMara2) March 26, 2020

C'est en homme inquiet,mortifié,que j'exhorte le gouvernement du Mali, l'armée malienne,les forces onusiennes,les forces du G5,les forces barkhanes,de mettre tout en œuvre pour la libération de l'honorable Soumaila Cissé.Que dieu le protège!
— Toro Boro (@ToroBoro5) March 26, 2020

Prions pour la libération du chef de file de l’opposition. Malheureusement avec l’absence de l’état sur l’étendue du territoire c’est la vie des civils qui est menacée y compris celle des personnalités.
— IBK DÉGAGE ! (@IBK_DEGAGE) March 26, 2020

Les enlèvements, une pratique courante

Le Mali a connu nombre d'enlèvements depuis le début de la grave crise sécuritaire qu'il traverse depuis 2012, qu'il s'agisse de Maliens ou d'étrangers dont on reste sans nouvelles. Selon les cas, les rapts ont des motivations différentes. Avec Soumaïla Cissé, c'est la première fois qu'un enlèvement touche une figure malienne d'une telle stature. Il a été secrétaire général de la présidence, plusieurs fois ministre et candidat malheureux au second tour de la présidentielle en 2018 encore. Il a exercé de hautes responsabilités à l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Son enlèvement est une nouvelle illustration de la dégradation sécuritaire multiforme à laquelle sont en proie non seulement le Mali mais aussi le Sahel.

Les insurrections indépendantistes et maintenant djihadistes menées par les groupes liés à Al-Qaïda et l'organisation État islamique, ainsi que les violences intercommunautaires ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Parties du nord du Mali, les violences se sont propagées au centre du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins. De vastes pans du territoire malien échappent à l'autorité de l'État.

La sécurité est une donnée essentielle des législatives organisées dimanche. Elles sont considérées comme un volet important de l'effort politique sans lequel, conviennent Bamako et ses alliés, l'action militaire est vouée à rester vaine. La tenue de ces élections s'annonce compliquée dans certaines parties du territoire. Des voix se sont aussi élevées pour réclamer le report du vote à cause du coronavirus, dont les premiers cas ont été déclarés officiellement cette semaine. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a décrété mercredi soir un état d'urgence sanitaire, qui se juxtapose à l'état d'urgence sécuritaire déjà en vigueur. Il a annoncé l'instauration d'un couvre-feu nocturne. Mais les élections « se tiendront le 29 mars », a-t-il dit.

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