Scandale: À Cuba, la police réprime des étudiants congolais réclamant le versement de leurs bourses
Par France24 - À Cuba, la police réprime des étudiants congolais réclamant le versement de leurs bourses.
Des heurts entre la police cubaine et des étudiants en médecine originaires du Congo-Brazzaville se sont produits à La Havane, lundi 8 avril. Ces étudiants avaient entamé un mouvement de protestation fin mars, pour dénoncer le non-versement de leurs bourses par le gouvernement congolais durant 27 mois. Faute de bourses, ils racontent comment ils tentent de se débrouiller, dans un pays sous embargo économique depuis 1962.
Environ 2 000 étudiants du Congo-Brazzaville se trouvent actuellement à Cuba. La majorité d’entre eux étudient la médecine ou l’électromédecine (discipline relative à l’application de l’électricité en médecine), mais certains suivent également d’autres cursus (agronomie, communication, etc.).
Ces jeunes sont venus à Cuba dans le cadre d’un accord de coopération sanitaire entre les deux pays, signé en 2013. Cet accord a également permis l’envoi de nombreux Cubains travaillant dans le secteur de la santé au Congo-Brazzaville.
En théorie, les étudiants congolais présents à Cuba reçoivent une bourse de 450 euros chaque trimestre, versée par Brazzaville.
"Nous n’avions pas dit grand-chose jusqu’à présent, car il est compliqué de protester à Cuba"
Gildas (pseudonyme), un étudiant en médecine congolais, est arrivé à La Havane en 2016. Il a souhaité garder l’anonymat pour des raisons de sécurité :
La dernière fois que nous avons reçu notre bourse, c’était en avril 2018. Mais cela faisait un an que nous n’avions rien touché. Au total, elle n’a pas été versée durant 27 mois. C’est pourquoi nous avons commencé à protester fin mars. Jusqu’à présent, nous n’avions pas dit grand-chose car il est compliqué de protester à Cuba : ce n’est pas quelque chose qui existe ici... [Les manifestations sont interdites sur l’île, à de rares exceptions près, NDLR.]
Depuis le début de leur mouvement, les étudiants congolais se sont rendus à plusieurs reprises devant l’ambassade de leur pays, pour protester. Mais aucun heurt avec la police n’a été enregistré lors de ces rassemblements. Ils ont également décidé d’arrêter d’aller en cours jusqu’au versement de leurs bourses. D’après les étudiants, l’ambassade a proposé de leur verser six mois de bourse, une somme insuffisante à leurs yeux.
"Un policier a sorti un pistolet"
Lundi 8 avril, ce mouvement de protestation a connu un tournant, puisque des violences se sont produites pour la première fois dans l’enceinte de la résidence étudiante Salvador Allende, comme en témoigne Gildas (pseudonyme) :
Des policiers cubains sont arrivés sur place, après avoir été appelés par le directeur de la résidence. Ils sont entrés dans le réfectoire, où ils ont essayé d’arrêter des étudiants, donc il y a eu une confrontation. À ce moment-là, j’étais dehors, mais j’ai aperçu des étudiants qui ont cassé la porte pour sortir du réfectoire. Ensuite, j’ai vu les policiers utiliser du gaz lacrymogène et lâcher des chiens. L’un d’eux a même sorti un pistolet. Puis des renforts policiers sont arrivés, donc les étudiants se sont retirés. Tout cela a duré moins d’une heure.
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