Procès de Gbagbo et Blé Goudé: L’insupportable croisade personnelle de Fatou Bensouda
Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - L’idée d’une juridiction internationale dont l’objectif est de constituer une dissuasion crédible contre le non-respect des droits humains à l’échelle du Monde a été un espoir pour les peuples face aux excès de certains dirigeants.
Cependant, à l’épreuve des réalités, la sincérité et la qualité des acteurs qui conduisent l’institution mise en place nous montrent que cet espoir est de plus en plus à l’image de toutes les belles utopies. Celles-ci ont souvent cette force de ne satisfaire que l’esprit collectif.
Elles se brisent ensuite contre les récifs des multiples faiblesses humaines qui ont pour noms la haine de l’autre, la volonté de puissance et de domination, la corruption, la cupidité ou simplement l’incompétence. La cour pénale internationale (CPI) chargée de porter cet espoir de justice supranationale est incontestablement en train d’être dévoyée par son Procureur Madame Fatou Bensouda dans l’affaire dite « Le Procureur c. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ».
En choisissant dès le début d’instruire exclusivement à charge son dossier, elle affichait déjà, par une lecture univoque, son intention non pas de rechercher la Vérité que l’on doit attendre de toute juridiction, mais d’obtenir une condamnation, envers et contre tout, de ceux considérés de facto dans son esprit comme des coupables.
En poursuivant cette stratégie, Madame Fatou Bensouda a pris le risque d’installer la Côte d’Ivoire dans une violence chronique à laquelle les Ivoiriens résistent malgré les nombreuses provocations. C’est ce stoïcisme contraint et compréhensible mais péniblement contenu que certains confondent, soit par cynisme, soit par intérêt, avec une paix retrouvée. Il s’agit en réalité d’une paix armée, donc d’une absence de paix véritable.
Après une arrestation totalement arbitraire, il s’en est suivi une déportation à la fois illégale et rocambolesque ; puis ce fut la confirmation de charges fabriquées de toutes pièces par les procureurs successifs de la CPI, assortie d’une détention préventive d’une exceptionnelle longueur, près de six ans.
Le procès lui-même, ridicule par son contenu, a conclu tout à fait logiquement à l’acquittement avec un ordre de mise en liberté immédiate. Quand nous confrontons ce déroulé chaotique à l’article 9 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 qui stipule que « Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ni exilé », nous comprenons aisément que Madame Fatou Bensouda et son équipe étaient déjà très loin du respect des droits humains.
Non contente de cela, elle poursuit aujourd’hui sa croisade désormais personnelle en interjetant appel de la décision claire et nette au terme d’un procès qu’elle a voulu à tout prix et qu’elle a perdu. Mais comme les coupables étaient déjà désignés dans sa tête, elle complète son monstrueux tableau en demandant - excusez du peu - l’annulation pure et simple de tout le procès.
Soyons précis : ce que demande Fatou Bensouda au mépris de l’honneur et des exigences de son titre de procureur, c’est de recommencer le procès jusqu’à ce qu’elle obtienne la condamnation définitive et ferme de Monsieur Laurent Gbagbo et Monsieur Charles Blé Goudé ou, à tout le moins, de les maintenir encore un peu hors de la Côte d’Ivoire et de ce qui s’y passe.
L’on peut légitimement se poser la question de savoir pour qui et/ou pourquoi Madame Fatou Bensouda accepte-t-elle ainsi d’insulter le droit qui est pourtant sa formation et son métier ; pourquoi accepte-t-elle de piétiner ainsi les Droits de l’Homme en prenant le risque de faire
passer pour pertes et profits toutes ces années de détention de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.
Ont-ils ou non, eux aussi, la qualité d’humain dans son esprit ? Par cette désinvolture désarmante et ce mépris inqualifiable, la Procureure insulte l’intelligence humaine et désespère tous ceux qui ont cru en cette utopie de justice supranationale à l’échelle du Monde.
C’est le lieu d’appeler une fois encore à une réaction légitime de tous ceux qui font profession du droit pour qu’ils interpellent les Nations Unies dont procède le traité de Rome qui a débouché sur la création de la CPI. Le temps est venu pour l’ONU – qui en a la possibilité – d’intervenir.
A travers son Conseil de Sécurité, elle a le devoir, au moins moral, non pas d’interrompre un procès terminé depuis longtemps, n’en déplaise à Madame Fatou Bensouda, mais de mettre fin aux errements de ce procureur qui semble être dans une croisade personnelle dont il ne saurait comment sortir.
Les Ivoiriens en particulier, les Africains en général et tous ceux qui espèrent que le droit peut être source de paix ont été jusque-là patients avec Madame Bensouda et son équipe. Faut-il pour cela forcer leur patience à se transformer en fureur ? Ce qu’attendent les Ivoiriens dans leur majorité, ce ne sont pas prioritairement des élections présidentielles qui n’ont rien réglé en 2010, pas plus qu’en 2015, mais une véritable réconciliation qui refonde un contrat de confiance librement choisi entre les filles et les fils de ce pays parmi lesquels Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.
Après, tous les espoirs seront permis…
Par Raphaël DAGBO
Président de l’Association des Amis de Laurent Gbagbo