Procès des disparus de Novotel : Le Général Dogbo Blé accueilli en héros. La colère de Me Sur

Le Général Dogbo Blé Bruno a été accueilli en héros par le public présent à l'ouverture du procès des disparus du Novotel au palais de justice de Yopougon le 31 janvier 2017, provoquant la colère de l'avocat de la Défense, Me Olivier Sur, venu tout droit de Paris.

‘’Chaque fois, chaque report, ça donne l’occasion au général Dogbo Blé d’être accueilli comme un chef de guerre. Espérons que l’affaire viendra à être jugée pour soulager les familles des victimes’’, a-t-il plaidé, rejetant le report de l’audience sur des ‘’manœuvres’’ de ses confères de la défense.

Pour Me Olivier Sur, ‘’ il est inadmissible qu’après 5 ans que cette affaire ne parvienne pas à être jugée’’. Aujourd’hui, poursuit-il, ‘’dans le box des accusés, tous les accusés ne sont pas là. Le président du tribunal a évoqué des questions d’ordre matériel sans en dire plus’’, a-t-il déploré.
Pour les avocats de la Défense, la faute invoque au tribunal.

‘’Dire que c’est la défense qui a demandé le report, ce n’est pas juste. Nous sommes venus en second ressort. C’est le Parquet qui a sollicité le report parce que des accusés n’avaient d’avocats pour leur défense’’, a répliqué Me Mathurin Djirabou, du collectif des conseils de la défense.

Selon lui, après 5 ans, le dossier n’est pas ‘’en état’’. Or, fait-t-il observer, ‘’quand un dossier n’est pas en état, on n’ouvre pas une audience. Des accusés sont en liberté, ils se baladent. Et on a du mal à les faire venir à un procès en assises, ce n’est pas normal’’, s’est indigné le doyen des avocats de la défense.

‘’En principe, 15 jours avant le début de l’audience, ces accusés devraient être auditionnés sur leurs identités. Là, on peut s’apercevoir qu’un accusé n’a pas d’avocat et on lui commet un d’office. Ce n’est pas le cas. C’est maintenant que le Parquet dit que des accusés non pas d’avocats. Ce n’est pas normal et c’est grave’’, relève Me Djirabou selon qui ‘’la défense n’a pas à jouer la montre car Dogbo Blé est déjà condamné dans des procédures antérieures, il est condamné à vie’’.

Le jugement des présumés assassins de Yves Lambelin, enlevé à l’hôtel Novotel en 2011, a débuté ce mardi 31 janvier 2017, au palais de justice de Yopougon. A peine ouverte que l’audience a été renvoyée au 21 février 2017.

Le Directeur de l’hôtel Novotel d’Abidjan Stéphane Frantz Di Rippel ainsi que le Directeur général du Groupe agro-industriel (SIFCA) Yves Lambelin, son assistant béninois Raoul Adeossi et le Directeur général de Sania (filiale de SIFCA) le Malaisien Chelliah Pandian avaient été enlevés par un commando militaire le 4 avril 2011 à Abidjan, puis assassinés en pleine crise post-électorale après le scrutin présidentiel d’octobre 2010 qui a opposé l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo à son adversaire Alassane Ouattara.
Alassane Ouattara avait, on se le rappelle, refusé de reconnaître sa défaite dûment certifiée par le Conseil constitutionnel ivoirien, la plus haute instance judiciaire du pays dont les délibérations ne souffrent aucune contestation.
La suite on la connait: Le palais présidentiel du Président Laurent Gbagbo, Président d'un pays souverain élu démocratiquement, bombardé par une coalition internationale composée des forces françaises de Licorne, de l'ONU, venues en soutien des forces rebelles de Guillaume Soro. Avec à la clé, 3000 morts officiels dont 1000 tués à Duekoué par les forces nouvelles proches d'Alassane Ouattara.

Eric Lassale