Pétrole et gaz dans le monde/Poutine menace:« Nous ne livreront rien du tout si c'est contraire à nos intérêts »

Par Le Monde - Vladimir Poutine menace de ne plus livrer ni pétrole ni gaz à l’Union européenne si les prix sont plafonnés.

Le président russe, Vladimir Poutine, lors d’une réunion avec les membres du Conseil de sécurité par téléconférence à Moscou, le 22 juin 2022.

La présidente de la Commission européenne a proposé cette mesure, mercredi. « Si les pays européens veulent renoncer à leurs avantages compétitifs, c’est à eux de décider », a rétorqué le président russe.
Le Monde avec AFP
Le président russe, Vladimir Poutine, a menacé, mercredi 7 septembre, de cesser toute livraison d’hydrocarbures en cas de plafonnement des prix, tout en se défendant d’utiliser l’énergie comme une « arme » face à l’Europe qui craint des pénuries.
Lors d’un forum économique à Vladivostok, Vladimir Poutine a tenu à être clair : la Russie ne livrera plus de pétrole ou de gaz aux pays qui plafonneraient les prix des hydrocarbures vendus par Moscou. Plafonner les prix des hydrocarbures russes serait « une décision absolument stupide », « une bêtise », a lancé M. Poutine.

« Si les pays européens veulent renoncer à leurs avantages compétitifs, c’est à eux de décider », a-t-il prévenu. Mais « nous ne livrerons rien du tout si c’est contraire à nos intérêts, en l’occurrence économiques. Ni gaz, ni pétrole, ni charbon (…). Rien », a-t-il ajouté, le ton ferme. « Nous ne fournirons rien en dehors du cadre des contrats » signés avec les pays importateurs, a encore affirmé M. Poutine devant plusieurs dirigeants économiques russes et asiatiques, fustigeant « ceux qui essaient de nous dicter leur propre volonté ».
« Peu importe combien certains voudraient isoler la Russie, il est impossible de le faire », a lancé M. Poutine lors d’un discours aux forts accents antioccidentaux. Il a notamment salué dans son discours « le rôle croissant » de la région Asie-Pacifique dans les affaires du monde, à l’opposé d’un Occident qu’il a dépeint comme sur le déclin, miné notamment par l’« inflation ». « Des changements irréversibles se sont produits dans tout le système des relations internationales », a-t-il relevé.

La semaine dernière, les pays du G7 ont dit vouloir mettre en œuvre « urgemment » un plafonnement du prix du pétrole russe, encourageant une « large coalition » de pays à y participer, en représailles contre l’offensive menée en Ukraine.
Mercredi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a repris cette proposition, demandant aux pays membres de plafonner le prix du gaz russe pour « réduire les revenus de la Russie, que Poutine utilise pour financer cette guerre atroce contre l’Ukraine »
C’est dans ce contexte de bras de fer que la Russie a annoncé la semaine dernière la fermeture des vannes du gazoduc Nord Stream, qui dessert l’Allemagne et plusieurs pays européens, invoquant des raisons techniques. Selon le géant russe Gazprom, cette interruption prolongée est due à la nécessité de réparer une turbine du gazoduc. Cette décision a renforcé les craintes des pays européens d’une coupure totale du gaz russe vers le continent à l’approche de l’hiver et sur fond d’inflation galopante des prix de l’énergie.
Mercredi, M. Poutine a appelé les pays européens à « revenir à la raison », au moment où des voix s’élèvent en Occident pour accuser la Russie d’utiliser son gaz comme un moyen de pression dans le contexte de la guerre en Ukraine. Des accusations balayées par le président russe : « Ils disent que la Russie utilise l’énergie comme une arme. Encore un non-sens ! », a-t-il lancé.
Moscou se défend notamment en arguant que les sanctions à son encontre pour son offensive en Ukraine ont provoqué une pénurie de pièces de rechange qui menace l’intégrité de Nord Stream. « Donnez-nous une turbine et demain nous relancerons Nord Stream », a lancé M. Poutine à l’adresse des Européens. « Nous sommes prêts à [reprendre les exportations] demain. Tout ce que vous avez à faire est d’appuyer sur un bouton », a-t-il affirmé, rappelant que ce n’était pas la Russie qui avait « imposé des sanctions ».

La Turquie accuse les Occidentaux de « provocation »
Selon le président russe, les pays de l’UE, confrontés à une envolée des prix de l’énergie, « ont plusieurs solutions : soit subventionner (ces) prix élevés, (…) soit réduire la consommation ». « D’un point de vue économique, c’est correct. Mais d’un point de vue social, c’est dangereux. Cela peut provoquer une explosion », a-t-il mis en garde. « Il vaut mieux respecter les obligations contractuelles, les règles civilisées », a fait valoir M. Poutine. « Il est impossible de nuire aux lois économiques “objectives”. Sinon cela vous reviendra comme un boomerang. »

Les pays occidentaux se rendent coupables de « provocation » envers la Russie, a déclaré mercredi à Belgrade le président turc Recep Tayyip Erdogan. « Je peux dire très ouvertement que je ne trouve pas que l’attitude actuelle de l’Occident (…) soit la bonne. L’Occident mène une politique basée sur la provocation », a déclaré le chef de l’Etat turc lors d’une conférence de presse avec son homologue serbe Aleksandar Vucic, en réponse à une question sur la crise énergétique en Europe. « Tant que vous essaierez de mener une telle guerre de provocation, vous ne pourrez pas obtenir les résultats escomptés », a-t-il ajouté.
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Le Monde avec AFP

Nb: Le titre est de la rédaction.