Pays Bas: Une fonctionnaire de la CPI rend un témoignage extraordinaire sur la façon dont Dieu l’a épargnée « Je ne me bats plus… »

Par Ivoirebusiness - Une fonctionnaire de la CPI rend un témoignage extraordinaire sur la façon dont Dieu l’a épargnée « Je ne me bats plus… ».

Lu pour vous

En 2008, je suis admise pour un stage de six mois à la Cour Pénal au bureau du Greffe, dans la section d’appui aux Conseils. J’avais une grâce exceptionnelle de tomber sur une équipe formidable constituée des gens exceptionnels.

A la fin de mon stage, j’ai eu une chance inouïe d’obtenir un contrat de consultance mais de très courte durée. En parallèle, comme tout jeune, je ne passais aucun jour sans postuler pour des emplois et j’entreprenais également des démarches pour l’admission dans les universités Canadiennes.

Deux mois avant la fin de mon contrat de consultance, je reçois un courriel des Nations Unies dans lequel je suis conviée à une interview pour un poste de délégué provincial du Project d’État de Droit du PNUD en Haïti. J’avais mis toutes les chances de mon côté afin de décrocher ce post. Mes superviseurs et encadreurs à la Cour étaient si fiers. Après les entretiens, j’étais présélectionnée, et il ne restait que quelques finalisations avant que je m’envole pour mon affectation. J’étais si heureuse et fière de franchir cette étape de ma vie.

Mon contrat de consultance à la Cour prît fin, et je suis rentrée au Pays. Pour moi, c’était la fin d’un chapitre et le début d’un autre. Je suis rentrée à Kinshasa, je communiquais régulièrement avec les ressources humaines du PNUD, je savais que c’était juste question des jours … avant que je m’envole pour ma nouvelle aventure. J’étais supposée prendre mes fonctions en Haïti début janvier 2010.

Deux semaines après mon retour, je reçois une lettre du PNUD qui m’annonce qu’il y a eu changement des circonstances, et que ce projet ne sera plus budgétisé pour cette année. Je voyais ma vie finir et mes rêves s’effondrer.

Je n’avais pas des larmes pour pleurer car ma peine était tellement profonde. Je venais de décliner deux inscriptions au Canada (Laval et MacGill). Quelle foutaise ? Qu’ai je fais pour mériter une telle sanction du ciel ? Je n’avais aucune réponse à mes questions.

Vers la fin décembre 2009, je reçois un courriel dans lequel on me propose une offre dix mille fois meilleure … à la Cour Pénale Internationale. Parfois, c’est dans nos désespoirs et douleurs profondes que viennent notre gloire. J’ai reçu l’offre à 11h00 du matin, on a apposé le visa d’urgence 14h00 sur instruction du gouvernement Hollandais et j’ai pris mon vol le soir. Comme dans un rêve.

Le 13 janvier2010, j’étais dans la salle d’audience, et pendant que nous plaidions, je reçois une alerte sur mon yahoo… tremblement de terre en Haiti… J’attends la fin de l’audience pour aller vérifier. Mon Dieu quel horreur : j’étais supposée arriver 5 jours avant ce tremblement de terre, l’hôtel dans lequel j’étais supposée être admise en attendant que je trouve un logement s’était effondré.

De mon bureau, je prends vite mon téléphone pour appeler la dame des ressources humaines du PNUD avec laquelle j’échangeais régulièrement, je voulais juste m’assurer qu’elle était bien…

Elle était en larme. Elle me dit : Mme Ombeni, vos collègues qui ont été recrutés et qui sont arrivés pour la mission sont tous morts dans cet hôtel dans lequel tu étais supposée aussi loger.
Je ne me bats plus pour la vie depuis cette expérience.

Dieu est celui qui guide, conduit nos pas. J’ai appris à dire merci à chaque fois qu’on me ferme une porte, à chaque fois que je suis chassée d’un lieu sans raison. Que la grâce de Dieu nous localise et nous porte.

Evelyne Ombeni.
Afriksoir
Andre Silver Konan