Parti démocratique de Côte d`Ivoire: Bédié cède sous la pression de KKB

Publié le vendredi 10 février 2012 | Soir Info - En s'opposant, ouvertement, à l'ordre « gérontocratique » au Pdci et en manifestant son dépit vis-à-vis des pratiques qui ont cours dans

Bédié et ses alliés du Rhdp.

Publié le vendredi 10 février 2012 | Soir Info - En s'opposant, ouvertement, à l'ordre « gérontocratique » au Pdci et en manifestant son dépit vis-à-vis des pratiques qui ont cours dans

son parti, le président de la jeunesse du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci), a pris un grand pari. Celui de mettre les choses en l'état et à leurs places, de manière à sortir la démocratie, au sein du Pdci, de « l'enclave » des barons. Il s'en est aussi pris, à ce qui apparaît, dans ce parti, comme un « messianisme ». De quel droit donc KKB peut-il se permettre de secouer le « baobab » au point de désacraliser, voire de mettre « le Roi nu » ? Kouadio Konan Bertin avait, on se rappelle, demandé que le Pdci-Rda tire « les leçons des dernières élections présidentielles et législatives pour mieux aborder les prochains scrutins » , et, par voie de conséquence, dynamiser le parti . La sortie de KKB a tout de suite provoqué, au sein du parti cinquantenaire, une passion violente contre le nouveau député de Port-Bouët, notamment de la part de certains conservateurs dont Kouassi Kobenan Adjoumani, ministre de la Production animale et des ressources halieutiques, mais aussi de la part des jeunes qui disputent le leadership avec lui. «KKB arrête de t'attaquer à Bedié. J'interpelle mon jeune frère KKB, afin qu'il arrête d'être à la « Une » de tous les journaux de la place... Alors, cher petit frère, je ne pense pas un seul instant que tu puisses te livrer à une quelconque confrontation avec le modèle que tu as choisi et dont tous les Ivoiriens louent les mérites de patience et de sagesse » avait déclaré Adjoumani. En ce qui le concerne, Jean-Louis Abongoua a dénoncé « la grande cabale engagée par le président sortant de la Jdpci, Kouadio Konan Bertin contre le président Bédié... Le président de la Jpci est solitaire dans cette cabale sans issue dans la quelle il se trouve en ce moment... Nous condamnons l'attitude de KKB et nous demandons à toutes les structures de la Jpdci de refuser de se prêter à la manipulation...
La stratégie de Bédié
La messe était ainsi dite pour KKB qui a trahi la loi de l'omerta. Devant un tel réquisitoire, notamment du ministre Adjoumani et de Jean-Louis Abonouan, l'on était en droit de s'attendre à un sévère « verdict » de la part du « Prince Nambê ». Les militants s'attendaient à cette cérémonie de présentation des vœux de Nouvel an, que le président de la Jpdci soit « pendu à un croc de boucher » par Henri Konan Bédié ou alors qu'il lui fasse porter une couronne d'épines. Mais, le Sphinx de Daoukro, en fin stratège, a pris tout le monde, en particulier, les partisans de la ligne dure au dépourvu. Non seulement le président Henri Konan Bédié n'a pas jeté la pierre au député de Port-Bouët, mais il a plutôt accédé, sur toute la ligne, aux revendications, du président sortant de la Jpdci. Entre donc ceux qui réclament des sanctions contre KKB et ceux qui l'applaudissent en privé dans le secret espoir de la tenue d'un congrès, l'ancien chef de l’État a opté pour une solution médiane dans laquelle tout le monde trouve son compte. En témoigne le « standing ovation » qui a accueilli sa proposition de la tenue d'une réunion de bureau politique très bientôt pour débattre de la crise qui prévaut en ce moment au Pdci. « Afin d’examiner avec la lucidité nécessaire l’ensemble de ces problèmes, je convoquerai sous peu, une réunion du Bureau Politique qui devra se pencher d’une part, sur le bilan de la participation de notre parti aux élections présidentielles et législatives et d’autre part, sur les problèmes de notre vie en commun, les problèmes d’identité, sur la base des enseignements du père fondateur. D’ores et déjà, j’instruis le Secrétaire général et son équipe à préparer cette rencontre dont les travaux seront consacrés au bilan de ces deux consultations. Cela permettra de dégager les grandes lignes de la conduite à tenir en vue des consultations locales, les municipales et les régionales », avait-t-il indiqué. « Unis, nous deviendrons une force de frappe redoutable, une machine qui fait peur, une machine qui gagne. Soyons donc conscients de cette réalité, de cette force latente dont nous disposons et regardons dans la même direction quels que soient les problèmes du moment », avait-il insisté face au péril ''KKB''. Le courage et la ténacité du nouveau député de Port-Bouet ont payé. Au sein du Pdci, une ligne vient d'être tracée. Une brèche vient d'être ouverte par KKB. Il faut s'attendre à des étincelles venant de la nouvelle génération montante qui ne veut plus s’accommoder du système de béni-oui-oui. Signalons que KKB avait notamment stigmatiser le fait qu'au Pdci, on ne tire jamais les leçons des événements qui surviennent. « On ne peut pas dire qu'un congrès est inopportun. Le Pdci est le seul parti au monde qui ne tire pas les conséquences de ce qui lui arrive. On a perdu le pouvoir par les armes. Aucune leçon. On a perdu les présidentielles. Aucune leçon. Et on va aller aux municipales pour obtenir quoi ? (…) C'est quoi ce parti ! Il y a un groupe de militants qui va au charbon, dont l'intelligence est juste bonne pour servir d’ascenseur à une minorité qui est là et jouit de l'orgasme du pouvoir ! (…), avait-il jeté le pavé dans la mare, à la Maison du parti, le 28 janvier dernier, en présence de M. Alphonse Djédjé Mady, secrétaire général du parti.

Armand B. DEPEYLA

Réglages au Rhdp Bédié Ouattara : ce qui pose problème

Publié le vendredi 10 février 2012 | Soir Info
Le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), Henri Konan Bédié pense que ‘’des réglages doivent être effectués au Rhdp’’, la coalition politique au pouvoir à laquelle appartient sa formation politique. Il a crevé l’abcès au cours de la présentation des vœux de nouvel an organisée par son parti, le mercredi 8 février 2012 à la maison du parti à Cocody. Sans entrer dans les détails, Bédié qui est, par ailleurs, président de la conférence des présidents du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), a volontairement ou involontairement confirmé l’existence de problèmes dans la coalition politique au pouvoir. Ces problèmes, on peut l’affirmer, ont véritablement commencé avec la formation du gouvernement Ouattara 1, le 1er juin 2011. Le Pdci, du moins plusieurs de ses cadres, ont estimé que le nombre de portefeuilles ministériels (8 contre 14 pour le Rdr) octroyé à leur parti, était en deçà du soutien de taille qu’il a apporté au Rassemblement des Républicains (Rdr) dans l’élection de son président à la tête de l’Etat. Pendant une bonne période, des grincements de dents et même des menaces ont secoué le parti à l’emblème éléphant. L’écart important entre les deux formations phares du Rhdp, est certainement un problème que le Pdci souhaite voir réglé. Dans la même vaine, le parti cinquantenaire se sent lésé dans les nominations dans l’administration et à d’autres fonctions. Le problème crucial qui est en passe de diviser le Rdr et le Pdci, est la question de la Primature. Arrivé au second tour de l’élection présidentiel de 2010, Alassane Ouattara (candidat du Rdr) avait promis la Primature au parti d’Henri Konan Bédié, en cas de victoire. Mais la crise post-électorale a contraint Alassane Ouattara (déclaré vainqueur par la Cei et la Communauté internationale) à se refugier au Golf hôtel où il a constitué un gouvernement restreint avec comme premier ministre, Guillaume Soro, le secrétaire général des Forces nouvelles (Fn). Celui-ci est reconduit le 1er juin 2011 après la chute de Laurent Gbagbo et du Fpi. Cette nomination, le Pdci a semblé l’accepter malgré lui. Aujourd’hui, les militants et responsables du plus vieux parti de Côte d’Ivoire estiment que le temps est venu de respecter la parole donnée.
Equation difficile

Le président Ouattara qui tient à honorer ses engagements, ne veut pas ignorer les réalités notamment au plan sécuritaire. Guillaume Soro dont les troupes de l’ex-rébellion ont rejoint en masse la nouvelle armée, se présente toujours aux yeux de Ouattara, comme l’homme qui a une influence certaine sur son armée. Ayant été avec ses troupes au devant de la ‘’révolution orange’’ qui a conduit à la chute du régime Fpi, Guillaume Soro est sans nul doute pour Ouattara, un maillon essentiel dans la réforme de l’armée et la restauration de la sécurité. De l’autre côté, à la base et même à un niveau du sommet, le Pdci s’impatiente et espère avoir au plus tôt sa Primature. Au milieu, le président de la République et celui du Pdci réfléchissent à la question. On parle de plus en plus d’un gentleman agreement qui étancherait la soif du Pdci avec la présidence de l’Assemblée nationale contre le maintient de Guillaume Soro à la Primature. Autre problème à régler au sein du Rhdp, les élections locales à venir. Bédié et Ouattara qui n’avaient pas pu convaincre leurs partisans d’aller aux législatives en Rhdp, devront trancher définitivement. A savoir aller en rangs dispersés ou en Rhdp. L’équation s’annonce difficile face aux appétits individuels de leurs partisans. Par ailleurs, il faudra régler la situation des ‘’petits calibres du Rhdp’’, que sont l’Udpci et le Mfa. Ces deux partis se sentent écrasés et méprisés par le Rdr et le Pdci dans les prises de décision. Anaky Kobena, le président du Mfa n’en finit pas de rougir et de sortir ses griffes face à Bédié et Ouattara. Autant de difficultés que le Rhdp doit résoudre pour éviter l’explosion, lui qui envisage de devenir un parti unifié.

BAMBA Idrissa