Nobel de la Paix: des pays occidentaux demandent la libération de Liu Xiaobo

PARIS (AFP)09.10.2010 05:43 - Le président américain Barack Obama, le chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton, des ONG et le dalaï lama ont

De Afp. Liu Ziaobo et son épouse en 2002.

PARIS (AFP)09.10.2010 05:43 - Le président américain Barack Obama, le chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton, des ONG et le dalaï lama ont

appelé vendredi la Chine à libérer le dissident chinois Liu Xiaobo, emprisonné pour ses convictions démocratiques et lauréat 2010 du prix Nobel de la paix.
Le président américain Barack Obama, qui avait obtenu l'an dernier la prestigieuse récompense, a appelé Pékin à "libérer M. Liu le plus vite possible", saluant l'attribution du prix à un "porte-parole éloquent et courageux de la cause de valeurs universelles défendues par des moyens pacifiques et non-violents".
La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a réclamé "la libération immédiate" de M. Liu.
Le prix Nobel de la paix 2010 a été attribué vendredi au Chinois Liu Xiaobo, 54 ans, "pour ses efforts durables et non-violents en faveur des droits de l'homme en Chine". Ce dissident qui purge une peine de 11 ans de prison a été condamné après avoir été l'un des auteurs de la "Charte 08" réclamant une Chine démocratique.
Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a félicité M. Liu et a exprimé l'espoir qu'il pourrait recevoir le prix "en personne", autrement dit qu'il serait libéré de prison pour pouvoir se rendre à Oslo.
Le président du Parlement européen Jerzy Buzek a réclamé la "libération immédiate et sans condition" de l'intellectuel chinois. "Nous avons en Liu Xiaobo l'un des plus ardents défenseurs des droits de l'homme qui a combattu pour la liberté d'expression par des moyens pacifiques", a estimé M. Buzek.
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a rappelé que "la France, comme l'Union européenne (...) a appelé à la libération du dissident chinois à plusieurs reprises".
L'Allemagne souhaite que le dissident chinois "soit bientôt libéré pour pouvoir recevoir en personne son prix", a déclaré le porte-parole du gouvernement.
Le chef spirituel des Tibétains en exil, le dalaï lama, prix Nobel de la paix 1989, a appelé à la libération immédiate du dissident ainsi que "d'autres prisonniers d'opinion qui ont été incarcérés pour avoir exercé leur liberté d'opinion".
"J'espère, maintenant qu'il a remporté le prix Nobel de la paix, que nos amis du gouvernement chinois vont envisager sérieusement la question de sa libération", a déclaré le Premier ministre canadien Stephen Harper.
Mais la Chine a estimé que le choix du dissident était "totalement contraire aux principes" du prix Nobel.
Pour le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, l'attribution du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo est "une reconnaissance du consensus international croissant en faveur d'une amélioration des pratiques respectant les droits de l'homme à travers le monde".
Pour le Premier ministre japonais Naoto Kan, le comité Nobel a adressé à Pékin un message sur l'importance du respect des droits de l'homme, qui sont "universels".
Le président de Taïwan, Ma Ying-jeou, a qualifié d'"historique" cette attribution.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a félicité le lauréat 2010, se félicitant d'un "message fort à tous ceux qui à travers le monde se battent pour la liberté et les droits de l'Homme".
La Haute commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, a salué la "reconnaissance" d'un "défenseur majeur des droits de l'homme".
"Je suis très satisfait de la décision du comité Nobel. Je la considère comme un défi lancé à la Chine et au monde entier", a déclaré Lech Walesa, le lauréat polonais de ce prix en 1983, chef historique du syndicat Solidarité et ancien président polonais.
L'ancien président tchèque Vaclav Havel, artisan de la chute du communisme dans son pays en 1989, a salué le lauréat: "Liu Xiaobo est exactement ce citoyen engagé à qui une telle récompense appartient à juste titre".
L'écrivain hispano-péruvien Mario Vargas Llosa, auquel le prix Nobel de littérature a été attribué jeudi, a estimé que le choix de M. Liu était "un hommage à tous les dissidents chinois".
Le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a félicité M. Liu. Mais peu après l'annonce, le ministère chinois des Affaires étrangères a annoncé que le choix du comité Nobel allait "nuire aux relations entre la Chine et la Norvège". Et l'ambassadeur de Norvège à Pékin a été convoqué par les autorités chinoises qui lui ont signifié leur "mécontentement".
L'attribution de ce Nobel de la paix est une "victoire pour les droits de l'homme dans le monde et pour tous les dissidents chinois", a estimé l'ONG Human Rights Watch.
Cette attribution "doit renforcer la pression internationale pour libérer Liu et les nombreux autres prisonniers politiques" détenus en Chine, a estimé Amnesty International.
Ce prix est "un message d'espoir pour le lauréat... mais également pour les dissidents en détention à travers le monde et pour le peuple chinois", a estimé Reporters sans frontières (RSF), l'organisation de défense des droits de la presse.
En 2004, Liu Xiaobo avait reçu le prix Reporters sans frontières pour les défenseurs de la liberté de la presse.