Littérature: Colbert Kouadjo dédicace « Qui a tué Titi le petit albinos ? » à l’université de Cocody

Par Ivoirebusiness - Littérature. Colbert Kouadjo dédicace « Qui a tué Titi le petit albinos ? » à l’université de Cocody.

Colbert Kouadjo dédicace « Qui a tué Titi le petit albinos ? » à l’université de Cocody.

Le 18 décembre 2020, à la salle D 1 de la faculté des lettres modernes de l’université de Cocody, le journaliste-écrivain Colbert Kouadjo a dédicacé sa nouvelle œuvre intitulée « Qui a tué Titi le petit albinos ? ». Parue aux éditions Bourgeons de Roses (EBR), l’œuvre a suscité un grand intérêt pour le public grâce au sujet difficile qu’il aborde : les crimes rituels contre les albinos africains.

La cérémonie s’est déroulée en présence de madame Montéomo Viviane, directrice des EBR et de quelques auteurs dont Dr Ngatta Severin auteur de « Francis Wodié, jusqu’au bout de l’équilibre », Tidiss Koné auteur de « A qui la faute ? » et Gabéti auteur de « la fille de l’eau ».

Colbert Kouadjo est journaliste d’investigation, et militant des droits de l’homme très engagé. Libre penseur, il anime depuis 2007, des conférences pour dénoncer les crimes rituels dont sont victimes les albinos africains et pour sensibiliser les africains à l’albinisme qui demeure encore un mystère en Afrique. Le 14 janvier 2015, il a publié « HOLYÇANE LA CHANTEUSE DE JAZZ ET LES CHASSEURS D’ALBINOS » son premier roman, aux éditions Edilivre (France). « QUI A TUE TITI LE PETIT ALBINOS ? » est son deuxième roman.

Résumé de l’œuvre

Titi le petit albinos, Marot, Dago et Mélissa sont des jeunes amis du lycée classique. Inséparables comme les doigts de la main, ils nagent chaque samedi en piscine chez Mélissa, la fille unique de monsieur Grospin le Directeur de cabinet du Président de la République.

Ce samedi-là, après une agréable baignade, Titi le petit albinos est mystérieusement porté disparu. En vain, monsieur Grospin et les enfants le cherchent… Où est-il passé ? Véritable énigme ! Dix ans plus tard, les amis du porté disparu devenus grands, portent l’affaire devant la justice. L’instruction permet de découvrir les crimes rituels commis contre les albinos africains...

Brève présentation du sujet

« Qui a tué Titi le petit albinos ? », dénonce le phénomène des sacrifices humains qui ont existé et qui existent encore en Afrique. En tant que défenseur des droits de l’homme très engagé, l’auteur met un accent particulier sur les crimes rituels commis contre les albinos africains. En effet, depuis la nuit des temps, l’albinisme constitue un mystère en Afrique. Comment deux parents « noirs » peuvent-ils engendrer un bébé « blanc » ?

La mauvaise interprétation de ce phénomène simplement génétique conduit les Africains à croire fermement que les albinos sont des filles et des fils d’esprits maléfiques, donc des êtres mystérieux dotés de grands pouvoirs ! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, les grands marabouts, les grands guérisseurs africains n’hésitent pas à ordonner le sacrifice d’albinos à ceux qui sollicitent leurs services.

Enfants albinos kidnappés, albinos mutilés et démembrés, tombes d’albinos profanées, jeunes filles albinos violées, trafics d’organes d’albinos…telles sont les traces de ces crimes rituels sur notre continent. Ikponwosa Ero, Experte indépendante des droits de l’homme des Nations Unies, elle-même albinos, a révélé qu’au cours de ces dix dernières années, plus de 700 cas d’attaques visant des personnes atteintes d'albinisme ont été répertoriés dans 28 pays d’Afrique subsaharienne. Si on tient compte des estimations de l’Organisation mondiale de la Santé qui précisent qu’une personne sur 15.000 en Afrique subsaharienne est atteinte de l’albinisme alors la population des albinos en Afrique de l’ouest est vraiment menacée.

Ainsi la naissance d’un albinos en Afrique, considérée comme un phénomène surnaturel et mystique, complique amèrement l’existence des parents. Le chanteur Salif Kéita, soutenait que « les marabouts, les féticheurs qui gèrent la vie de tous les Maliens et de presque tous les Africains... demandent le sang des albinos ou certaines parties du corps des albinos. Donc nous assistons à une chasse aux albinos.

Audrey Brohy la cinéaste Suisse qui a réalisé plusieurs documentaires aux quatre coins du monde, et qui a préfacé le roman « Qui a tué Titi, le petit albinos ? » déclare que « Ceux qui pensent que ces croyances sont marginales et le fait de gens pauvres et sans éducation, ont tous tort ! » En mai 2018, quand la petite albinos de cinq ans, nommée Djénéba Diarra a été décapitée au Mali, monsieur Mamadou Sissoko secrétaire général de la Fédération des associations atteintes d’albinisme d’Afrique de l’Ouest a révélé qu’à chaque fois qu’il y a des élections, nous (albinos) devenons du gibier pour des gens qui veulent faire des sacrifices rituels.

C’est pour cette raison que depuis quelques années, à la veille des élections dans certains pays africains, l’ONU et certaines organisations des droits de l’Homme font un communiqué pour attirer l’attention des autorités sur les crimes rituels contre les albinos. On peut alors deviner les mains noires qui se cachent derrière ces crimes rituels et qui empêchent la justice et la police de mettre la main sur les assassins et de les punir.

C’est pour dénoncer cette indifférence et cette impuissance de la justice et de la police que, lorsque vous lisez « Qui a tué Titi le petit albinos ? », il y a des chapitres qui ressemblent à une série des « Enquêtes impossibles ». La police scientifique et des juges d’instruction coriaces interviennent pour résoudre l’énigme Titi… Les amis de TITI le petit albinos, eux sont décidés à démasquer son assassin.

Quelques questions essentielles que pose ce roman

En lisant « Qui a tué Titi le petit albinos » les questions que l’on se pose automatiquement sont celles-ci : pourquoi une Afrique qui se dit émergente aujourd’hui peut-elle fonder son avenir sur des sacrifices humains ? Pourquoi tant de sacrifices humains de nos jours alors que nous-nous disons développés, émergents ?

L’auteur a au cours de la dédicace de son œuvre déploré ceci : « Je pense à tous nos enfants, qui disparaissent chaque jour à Abidjan et ailleurs dans les grandes capitales africaines…et dont les corps sont retrouvés souvent complètement mutilés…Je pense à tous ces albinos qui sont mutilés, assassinés pour des crimes rituels.

Moi j’affirme que la vie humaine est au-dessus de tous les trésors, et qu’il faut la protéger par tous les moyens. Mesdames et messieurs, il faut qu’on arrête d’assassiner, de mutiler nos frères et sœurs albinos. Ce ne sont pas des moutons de sacrifice, ce ne sont pas des bœufs de sacrifice.

Ce sont des êtres humains comme nous. Il manque de mélanine dans leur peau, c’est pourquoi ils sont blancs, ils ont des difficultés pour voir et ils ne supportent pas le soleil… »
L’albinisme, est une maladie génétique non contagieuse due à l’absence du gène responsable de la production de mélanine. Cela entraîne une dépigmentation de la peau, des yeux et des cheveux.

C’est très simple…Pourtant ! Que de préjugés et de superstitions ! Le rôle de la mélanine est de protéger la peau des rayonnements ultra-violets du soleil. C’est pourquoi il faut éviter que les albinos se promènent sous le soleil. Les rayons du soleil provoquent le cancer sur leur peau. Selon des experts, la plupart des albinos africains ne vivront pas au-delà de 40 ans à cause du soleil. On estime qu'une grande partie des albinos en Afrique meurent d'un cancer cutané entre l'âge de 30 et 40 ans. Il faut donc protéger efficacement leur peau du soleil avec des vêtements anti-UV à manche longues et un chapeau à bords longs. Les yeux peuvent être protégés par des lunettes filtrant les UV.

Il faut donc sensibiliser les parents. C’est ce qu’il faut faire au lieu de les chasser comme du gibier, ou de les considérer comme des sorciers. « Qui a tué Titi le petit albinos ? » est un livre agréable à lire.

Raïssa Ozigbi