Lettre ouverte au chef de l'Etat de Côte d'Ivoire: "Monsieur Alassane Dramane Ouattara, ne touchez pas à notre Constitution", Par le PDCI-RDA TOUJOURS
Par IvoireBusiness - Lettre ouverte au chef de l'Etat de Côte d'Ivoire "Monsieur Alassane Dramane Ouattara, Ne touchez pas à notre Constitution", Par le Bureau de crise France du PDCI-RDA TOUJOURS version et vision Félix Houphouët-Boigny.
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Lettre ouverte au chef de l'Etat de Côte d'Ivoire
Objet : Le peuple de Côte d'Ivoire vous demande ne pas toucher à sa Constitution
Monsieur,
Pour motiver le refus du peuple de Côte d’Ivoire de faire une nouvelle Constitution, nous allons décliner les conditions d'éligibilité du président de la République de trois pays. Ceci pour dire qu’aucune Constitution n’est parfaite. Et qu’une Constitution ne peut pas être refaite pour satisfaire conjoncturellement un individu ou un groupe d’individus. Nous nous emploierons donc à citer ci-dessous quelques points qui font souvent l’objet d’un examen attentif, pour les mettre en parallèle avec la Constitution de notre pays.
Aux Etats Unis d’Amérique :
« Pour être éligible président de la République, il faut être américain, né sur le sol ou territoire américain. » C'est ce qui a privé la magistrature suprême à l'emblématique Secrétaire d'Etat Henry Kissinger ; l’élection aurait pourtant été une simple formalité pour son élection, du fait de sa popularité de l’époque.
En Algérie :
Article 60 :
« Nul n’est censé ignoré la loi. Toute personne est tenue de respecter la Constitution et de se conformer aux lois de la République. »
Article : 73:
« Pour être éligible à la présidence de la République, le candidat doit :
- Jouir UNIQUEMENT de la NATIONALITÉ algérienne d'origine ;
- Être de confession Musulmane ;
- Avoir 40 ans révolus au jour de l'élection ;
-Jouir de la plénitude de ses droits civils et politiques ;
- Attester de la NATIONALITÉ algérienne du conjoint ;
-Justifier de la participation à la révolution du 1er novembre 1954 pour le candidat né avant juillet 1942 ;
-Justifier de la non-implication des parents du candidat né après juillet 1942, dans des actes hostiles à la révolution du 1er novembre 1954 ;
-Produire la déclaration publique du patrimoine mobilier et immobilier tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Algérie. »
Au Burkina Faso
Article 43 :
-Tout candidat aux fonctions du président du Faso doit être burkinabé de NAISSANCE .
- Être âgé 35 ans au plus à la date du dépôt de sa candidature ;
- Être à jour fiscal et réunir les conditions requises par la loi ;… »
En Côte d’Ivoire
Titre III
D'abord l'article 34 pour clarifier une situation.
Article : 34
Le président de la République est le chef de l'Etat. Il incarne l'unité nationale. Il veille au RESPECT de la CONSTITUTION ....
Article 35 puisque c'est celui qui est visé. Nous ne savons pour quelle raison puisque le chef de l’Etat ne l’a pas respecté. En fait, la notion de candidature dérivée est une pure invention qui n’a échappé à personne.
Article 35 :
« Le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct.
Il est rééligible qu'une fois.
Le candidat à l'élection présidentielle doit être âgé de quarante ans au moins et de soixante quinze ans au plus.
Il doit être ivoirien d'origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d'origine.
Il doit n'avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne.
Il ne doit s'être jamais prévalu d'une autre nationalité.
Il doit avoir résidé en CI de façon continue pendant cinq années, précédent la date des élections et avoir totalisé dix ans de présence effective.
L'obligation de résidences indiquée au présent article ne s'applique pas aux membres des représentations diplomatiques, aux personnes désignées par l'Etat pour occuper un poste ou accomplir une mission à l'étranger, aux fonctionnaires internationaux et aux exilés politiques.
Le candidat à la présidence de la République doit présenter un état complet de bien-être physique et un mental dûment constaté par un collège de trois médecins désignés par le conseil constitutionnel sur une liste proposée par le conseil de l'ordre des médecins.
Ces trois médecins doivent prêter serment devant le Conseil constitutionnel.
Il doit être de bonne moralité et d'une grande probité.
Il doit déclarer son patrimoine et en justifier son origine… ».
Voilà ce que disent les Constitutions de trois pays comparées à celle de notre pays, même si comparaison n'est pas raison. La moralité, c'est qu’il se dégage clairement qu’il n'existe nulle part au monde où la condition sur l'éligibilité du président de la République n'est pas contraignante.
Notre démarche ici est de démontrer aux Ivoiriens qu'ils doivent être fiers de leur Constitution et n’ont aucune raison d’en être complexés. Il faut dire qu’ils ont une Constitution qui est d’ailleurs plus ouverte que les trois autres mises en comparaison.
Rien ne les oblige, par ces moments à aller à un référendum pour une autre Constitution. Ainsi, l’argent à déployer pour la logistique que va exiger l’opération référendaire peut être affecté à des secteurs qui en ont énormément besoin, notamment les hôpitaux (pour leurs équipements) et l'éducation pour ne citer que ces deux domaines qui comptent parmi les priorités d’un pays.
Dans son adresse du 7 août à la nation, le chef de l’Etat a précisé ses intentions sur son projet de Constitution. En fait, d’une révision constitutionnelle, le chef de l’Etat veut faire adopter une nouvelle Constitution. C’est donc une troisième République qu’il compte ouvrir. Un vice-président sera désigné par lui. La lecture est simple. Si la Côte d’Ivoire connaît une troisième République, les deux mandats – dont le deuxième est en cours pour monsieur Ouattara – ne seront pas pris en compte ; qui plus est, il aura la possibilité de nous imposer qui il veut, pour lui succéder au cas où il décèdera au pouvoir. Or, comme il a été rappelé plus haut, dans l’article 34 de notre Constitution, « Le chef de l'état incarne l'unité nationale et il veille au respect de la Constitution. »
Monsieur le chef de l'Etat, nous vous rappelons que c'est cette même Constitution qui, par son article 48 vous a permis d'être un candidat exceptionnel pour l’élection présidentielle de 2010. Cette Constitution n’a seulement que seize (16) ans là où celle française date de 1958. Pour les USA, acceptée le 17 septembre 1787 par une convention réunie à Philadelphie, elle s'applique depuis le 4 mars 1789. Modifiée par vingt-sept amendements, elle est l'une des plus anciennes constitutions écrites encore appliquées.
Nous rappelons également que pour l’élection présidentielle de 2015, votre ami Koné Mamadou que vous avez placé à la tête du Conseil constitutionnel le 4 février 2015 a permis votre candidature. Cette nomination est en violation flagrante de la Constitution puisque les six ans de monsieur Francis Wodié n’étaient pas allés à terme – ; comme pour Paul Yao N’dré, vous remplacez le président de cette institution majeure selon votre humeur. Imaginez que François Hollande, dès son accession au pouvoir en 2012, change Bernard Debré, nommé par Jacques Chirac. Quel scandale ! La République française aurait été secouée. C’est bien stipulé dans notre Constitution même si l’expression s’impose de toute évidence : le chef de l'Etat incarne l'unité nationale et il veille au respect de la Constitution. Vous êtes à votre deuxième et dernier mandat. Il n’y a donc aucune opportunité pour vous de vous entêter à faire une nouvelle Constitution.
Si vous voulez une nouvelle Constitution cela voudra dire que vous comptez remettre votre mandat en jeu, pour être cohérent. Ce que vous ne dites pas, mais qui se révèle, est que vous souffrez depuis toujours d’une illégitimité. Il est donc admissible qu’il y ait une transition au bout de laquelle une nouvelle élection présidentielle se fera. Car à tous égards, vous n'êtes pas légitime. On passera alors à une transition pour aller à de nouvelles élections. En 2010, le président Henri Konan Bédié nous avait demandé de voter pour vous. Nous avions pensé que cela s’appuyait sur du bon sens dans l’entendement de notre famille politique. Nous nous apercevons maintenant qu’il n’en est rien. En fait, votre élection de 2010 était déjà sujette à caution que vous vous êtes encore imposé à la tête du pays avec un taux d’abstention qui dépasse les 80%. Le 25 octobre 2015, les Ivoiriens ne se sont pas sentis concernés par la mascarade d’élection que vous avez organisée, avec Youssouf Bakayoko, le président de la CEI et Koné Mamadou, le président du Conseil constitutionnel, à vos bottes. Alors que le pays de Félix Houphouët-Boigny était respecté, vous êtes venu le transformer en une République bananière qui en fait une risée publique. Le premier président de la Côte d’Ivoire était un homme tolérant, pour qui la fraternité et le dialogue étaient des valeurs chères. Vous vous êtes engagé dans une voie à effacer toutes les traces du président Houphouët. Ceux qui vous suivent encore l’acceptent. Mais, nous, nous ne pouvons pas l’admettre.
Dans un pays où vous cultivez l’insécurité, par l’entretien des « microbes », où les Ivoiriens ne trouvent pas à manger, où l’école – qui constitue l’avenir de notre pays – est démantelée, où les hôpitaux sont des mouroirs, où la corruption est galopante, où ne peuvent trouver un emploi que des ressortissants du nord, vous continuez, par votre projet d’une nouvelle Constitution, d’accentuer le dressage des Ivoiriens les uns contre les autres. Nous voyons que votre engagement à réussir votre « rattrapage ethnique » montre des travers innommables. Vous continuez d’être le président de votre parti le RDR. Ce qu’interdit la Constitution. Vouloir changer la Constitution est une énième imposture de votre part. Ne garantissant pas ainsi l’unité de la nation, vous êtes l’homme d’un clan. Les Ivoiriens vous traiteront donc comme tel.
Monsieur le chef de l'Etat, le parti dont vous êtes le président a appelé à voter la Constitution. Cette Constitution rappelons-le avait été votée au référendum de juillet 2000, à plus de 86% du corps électoral. Le consensus l’avait alors emporté pendant la période de transition de 1999 à 2000. Nous vous demandons donc de revenir à la raison pour renoncer à votre projet de changer notre Constitution. Nous pensons qu’une telle décision mettrait le pays à l’abri d’incertitudes et de dangers potentiels.
De notre constat depuis vos débuts, vous accumulez des dérives du pouvoir ; vous créez dans notre pays des banques islamiques ; vous voulez institutionnaliser des quotas pour embaucher les militants de votre parti ; vous avez le projet de créer une banque pour ces mêmes militants. Est-ce que vous vous rendez compte que vous êtes dans le pays d’Houphouët-Boigny ? En tout état de cause, votre appel d’air à l’islamisme radical va convertir notre pays en un terreau fertile du fondamentalisme musulman, vu le nombre de mosquées qui sortent de terre. Votre entêtement à cultiver des travers dans notre pays vous rendra responsable de ce qui pourra advenir sur cette terre de nos ancêtres naguère tranquille. Nous observons que le pays de Félix Houphouët-Boigny connaît aujourd’hui plus de 50 mille de ses ressortissants en exil. Par les actes que vous posez, vous refusez d’asseoir un pacte social avec le peuple que vous êtes censé diriger. Tout ce que vous faites est à l’opposé de votre promesse sur la réconciliation nationale. Il y a quelques jours, vous avez fait arrêter une dame, considérée proche du président Laurent Gbagbo. Cette dame aurait porté atteinte à la sureté de l’Etat.
En conclusion, en dehors de ce à quoi votre clan et vous, aspirez, les préoccupations du peuple de Côte d’Ivoire ne sont pas de vos soucis. Nous voulons pour notre part vous prendre au mot sur votre promesse à réaliser la réconciliation nationale. C’est donc là que nous attendons.
Vive la Côte d'ivoire unie réconciliée et apaisée pour le bonheur de tous !
Par le Bureau de crise France du PDCI-RDA TOUJOURS
Version et vision Félix Houphouët-Boigny