Justice: Après l’acquittement de Bemba par la CPI, l’espoir des partisans de Gbagbo
Par Jeune Afrique - Après l’acquittement de Bemba par la CPI, l’espoir des partisans de Gbagbo.
Par Anna Sylvestre-Treiner
Alors que la Cour pénale internationale vient de les autoriser à plaider le non-lieu, les défenseurs de l’ex-président ivoirien espèrent que le procès de Laurent Gbagbo suivra le même destin que celui de l’ancien vice-président congolais.
Bien au-delà des frontières de la République démocratique du Congo, l’écho de l’acquittement surprise de Jean-Pierre Bemba, vendredi 8 juin, a résonné jusqu’en Côte d’Ivoire. Dans le pays de Laurent Gbagbo, les partisans de l’ancien président ivoirien « jubilent » depuis le verdict de la Cour pénale internationale (CPI), assure l’un des porte-parole de son parti, Boubacar Koné.
Lueur d’espoir
Après avoir condamné Jean-Pierre Bemba à 18 ans de prison en 2016, la Cour pénale internationale a en effet prononcé l’acquittement de l’ancien vice-président congolais en appel. « On se dit souvent que lorsque quelqu’un va à la Cour pénale internationale, il n’en revient jamais. Alors cet acquittement, c’est une lueur d’espoir pour nous », témoigne Agenor Youan Bi, l’un des jeunes militants de la mouvance de Laurent Gbagbo.
Arrêté en avril 2011 au terme de plusieurs mois d’une crise post-électorale qui a fait plus de 3 000 morts et transféré sept mois plus tard à La Haye, l’ancien président ivoirien fait face aux juges de la CPI depuis janvier 2016. Un procès que ses proches estiment « politique » et « illégitime. » « Pour nombre de nos militants, l’acquittement de Bemba signifie que le retour de Gbagbo est proche, mais à la direction du parti, nous sommes plus prudents. La personnalité, le parcours et l’histoire de Bemba n’a rien à voir avec ceux de l’ancien président. Cette décision prouve que la CPI est capable de dire le droit et en cela, c’est un nouveau signal positif mais nous n’en serons convaincus qu’à la libération de notre leader. Une hirondelle ne fait pas le printemps ! », estime Boubacar Koné.
Jurisprudence
Cette décision intervient alors que la CPI vient d’accepter que les avocats de l’ex-président ivoirien plaident le non-lieu. Après que l’audition des 82 témoins du bureau du Procureur et plusieurs mois d’interruption de procès, la défense a jusqu’au 20 juillet pour présenter par écrit pourquoi, selon eux, il n’y a pas suffisamment de preuves pour condamner Laurent Gbagbo pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Une thèse qu’ils défendront ensuite lors de la prochaine audience, le 10 septembre prochain. Cette procédure, qui n’avait jusque-là été autorisée que lors du procès du kényan William Ruto en 2016, intervient alors que plusieurs témoins à charge ont peiné à convaincre.
« Le point commun entre les affaires Bemba et Gbagbo, c’est que dans ces deux procédures, il y a un déficit d’éléments de preuve », estime Maître Habiba Touré, l’une des avocates de Laurent Gbagbo, espérant que l’acquittement de l’ex vice-président kényan fera « jurisprudence ».
Les organisations des droits de l’homme ont regretté cette décision mettant en cause, selon elles, la crédibilité de la CPI.
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