IMPACT DIRECT DE L'EMBARGO SUR LE PORT AUTONOME DE SAN PEDRO: LE COTON MALIEN MANQUE À L'APPEL

Par Ivoirebusiness - IMPACT DIRECT DE L'EMBARGO SUR LE PORT AUTONOME DE SAN PEDRO: LE COTON MALIEN MANQUE À L'APPEL.

Dapa Donacien.

Beaucoup d'encre et de salive ont abordé l'opportunité ou non de l'embargo décrété contre les exportations et importations du Mali par l'organisation sous régionale CEDEAO. Si de toute évidence, opiner sur son opportunité ou non relève de la politique, en revanche, mentionner ses effets directs sur notre économie ne l'est pas. Évoquons donc froidement les faits pour déterminer ce que perd par exemple une plateforme de transbordement à l'image du port de san pedro. Rétrospective.

Chef du Service Acquisition des Biens et Services du Port Autonome de San pedro de 2003 à 2012 (entendez chef des approvisionnements et marchés publics), aux côtés du DG M. Désiré Dallo, nous avons réalisé au moyen d'appel d'offres internationaux, des études et des travaux d'interconnexion du Port Autonome de San Pedro avec les pays limitrophes (Mali, Guinée, Libéria), sur financement de la BAD ( par traduction en projets concrets de la vision du NEPAD ou New Economic Partnership for African Development, programme cher aux présidents Adoulaye Wade,Olusegun Obasandjo Abdel Aziz Bouteflika et Thabo Mbeki).

Se voulant des appels d'offres internationaux, au sens plein du terme, la plupart de ces appels de mise en concurrence sont publiés dans le Magazine international United Nations Development Business (UNDB).

Idem pour Jeune Afrique publiant régulièrement nos avis d'appel à manifestations d'intérêt autour des projets du port .

Comme impact bénéfique, le coton du Mali, en contrepartie de paiements de redevances aux caisses de l'autorité portuaire et celles douanières, transite par le Port de San Pedro jusqu'à ce que survienne l'embargo de CEDEAO en 2022, consécutif au putsch militaire au Mali. ( Par le vocable putsch, excusez moi si j'ai pour habitude d'appeler les choses par leur nom).

Trafic désormais détourné par les opérateurs économiques maliens sur le port de Nouakchott ( Mauritanie) et Konakry ( Guinée). Hélas, c'est bien notre bébé ( le PASP, dans sa configuration moderne) qui subit l'embargo et non le Mali.

Que faire pour sauver le PASP privé du coton malien ? D'ici là,permettez-nous d'exprimer nos vives préoccupations à l'égard de notre port modernisé par la passion et le génie professionnel de l'équipe de M. Désiré Noël Laurent Dallo (alors DG) poursuivie par son successeur, M. Hilaire Lamizana (actuel Dg) avec l'appui du Ministre des Infrastructures Économiques d'alors,l'actuel Premier Ministre,M.Patrick Achi.

Au bout du compte, c'est toute la stratégie d'intelligence économique conçue par les experts multidisciplinaires du PASP qui est à rude épreuve contre les effets induits de l'embargo.

Faut-il rappeler que par l'effet de cette intelligence économique,en 2007, le PASP a concédé l'exploitation des activités, sur le terminal à conteneurs du port de San Pedro, à l'entreprise multinationale italo-suisse Mediterranean Shipping Company ( MSC),afin de contrebalancer le dangereux monopole de Bolloré Africa Logistic dans le port voisin, à savoir le Port Autonome d'Abidjan?

Stratégie bien pensée et réussie au bout de quelques années, au point où MSC est crédité (selon des sources diplomatiques) de racheter prochainement les actifs de Bolloré en Côte d'Ivoire dont le terminal à conteneurs d'Abidjan.

Petit marteau cassant gros caillou certes, il était cependant impensable à l'époque de penser que le choix du concurrent de Bolloré (MSC) appâté par les autorités portuaires de san pedro au moyen de cet appel d'offres très concurrentiel, serait l'opération-rectification qui allait subtilement faire plier bagage à Bolloré Africa Logistics.
https://www.journalmarinemarchande.eu/actualite/msc-a-depose-une-offre-p....

Rappelons les divergences entre le Ministre des Infrastructures Economiques,M Patrick Achi et le Dg du Port d'Abidjan (feu Gossio Marcel) au sujet de la concession du PAA à Bolloré, vallant le départ du premier du Gouvernement en 2003, parce que réservé vis-à-vis de la procédure telle que pilotée par Marcel Gossio...

Bolloré bientôt "chassé" des ports ivoiriens par la concurrence que lui même l'italo- suisse MSC ?

Dopé par la robustesse des clauses contractuelles de la convention de partenariat public privé (PPP) concessive, ficelée par le Dg Désiré Dallo et son équipe manageriale de sorte que le Port Autonome de San Pedro gagne autant que le concessionnaire MSC ( à la différence de nombreuses concessions en Afrique),va-t-on vers le basculement du monopole de Bolloré sur un port au monopole total de MSC sur les deux ports ?

Si un tel schéma advenait, il ne faudrait pas trop tôt crier au scandale dans la mesure où le contrat d'exploitation du PASP en partenariat public privé est pour l'instant l'un des meilleurs en Côte d'Ivoire. A la seule condition que, si Bolloré devait céder ses actions à MSC, encore faut-il que les termes de la concession du PAA soient révisés pour épouser les clauses des cahiers de charges en vigueur au PASP.

Quoiqu'il en soit, cette performance du PPP liant MSC au PASP était inimaginable au début de l'aventure lorsque nous lancions l'appel d'offres international en 2007, depuis le quartier général du Port Autonome de Sans Pedro. Un exemple de synergie d'action entre le PASP-la DPP et la DMP à l'époque à saluer parce que porteuse de bon fruits.

Si le monopole concédé à Bolloré a toujours été contesté, ( cf le départ du Gouvernement de JL Billon), on pourrait dire que par la vison avant gardiste du PASP, la Cote d'Ivoire reprend la main dans le dossier, par l'effet de la sélection du 2eme armateur au monde de transport martime conteneurisé (MSC). Souvenir pour souvenir, que de pressions diplomatiques exercées sur les autorités portuaires du PASP de l'époque afin de les dissuader pour ne pas que le procéssus de l'appel d'offres international aille à jusqu'à son terme. Impassible, la passion et la détermination du PASP de réussir a fini par payer.

C'est pourquoi, il faut redonner tout son sens au rapport de la DMP faisant suite à la revue de conformité des systèmes de passation des marchés au sein des sociétés d'Etat,reconnaissant le PASP en tête du peloton en 2007,loin devant le PAA. Aujourd'hui encore,les performances de l'exploitation des infrastructures et équipements de ce port réalisés par des appels d'offres systématiques, donnent raison au rapport de la DMP.

Si aucune source ne confirme pour l'instant la rumeur selon laquelle les putschistes du Burkina Faso auraient échappé à l'imposition d'un embargo par la CEDEAO grâce au "bras long" de Bolloré qui a des affaires au Burkina via le chemin de fer PAA-Ouagadougou, il reste que si cette information se confirmait, alors, l'équilibre de traitement des acteurs économiques, notamment les mastodontes du transport maritime mouillant aux larges des côtes ivoiriennes ( Bolloré à Abidjan et MSC à San pedro), nécessite la levée de l'embargo afin de ne pénaliser ni le Port de San pedro, ni le concessionnaire du terminal à conteneurs du port de San pedro (MSC).

Ne pas le faire, c'est prendre le risque de réinstaller le francais Bolloré en monopole, tandis que son concurrent, le suisse MSC continuera de souffrir des effets de l'embargo contre le Mali... Nos conseillers diplomatiques francais qui foisonnent dans les allées et recoins de la CEDEAO et UEMOA auraient-ils ce stratagème derrière la tete?

Dans ce jeux d'intérets où les concurrents en présence usent de stratégies d'intelligence économique, toutes les hypothèses sont possibles.

Or la devise du PASP en dit long: " UN PORT QUI AVANCE AVEC LE MONDE".

Tandis que Air France reprend son envol au Mali,driblant Air Ivoire qui perd sa clientele au profit de Air France, d'une part, et d'autre part, tandisque Bolloré garde la desserte feroviaire Abidjan Ouagadougou intact sans embargo, le PASP ne doit pas rester en rade, au risque de paraitre en dindon de la farce, d'autant plus que le Port de Nouakchott se trouve aux mains de Bolloré, concurrent de MSC, donc du port de San pedro.

Espérons que les Chefs d'Etat de la CEDEAO ne se sont pas faits avoir par Bolloré dans cette affaire d'embargo. Tenez ! Le coton malien échappe maintenant au port de San pedro,un port geré par un armateur concurrent à Bolloré, pour échoir finalement à Bolloré, concessionaire du Port de Nouakchott.
http://mauriweb.info/node/11305.

La reprise des vols des avions de AIR France dans le ciel du Mali au mépris de l'embargo de la CEDEAO, devrait justifier également la reprise du trafic du coton du Mali vers le Port de San Pedro. Egalité parfaite attendue. Avons-nous un intérêt à agir? Oui, lorsqu'on sait le nombre de missions offensives de séduction effectuées par les cadres du PASP de 2001 à 2012 en Guinée forestière (Nzéré Koré) et à Sikasso au Mali à la quête de l'acceptation des pays de l'hinterland à opter pour le PASP, comme port privilégié de leurs exportations.

Les laisser prendre goût au port de Nouakchott avec pour conséquence de s'y sédentariser, équivaut à l'effritement de l'héritage que nous avons légué à l'équipe managériale de M. Hilaire Lamizana,actuel Dg du PASP, une société d'Etat, où nous avons fait nos premiers pas et qui nous a propulsé à l'expertise des marchés publics et des projets de partenariat public privé. Oui, plus qu'un intérêt à agir, nous le devons au PASP par devoir.

Toute notre solidarité de corps à tous les portuaires de San Pedro, terre du Bollo Super, une partie de nous-même.

Dapa Donacien,

Expert en Acquisition des Biens et Services ( Marchés Publics et Projets de Partenariat Public Privé PPP)

Déclaré meilleur contributeur au titre de la Côte d'Ivoire, dans le cadre du Benchmarking Public Procurement (2017)Programme Banque Mondiale
Émail :dapadonacien@gmail, Tel: 0708671711.

https://hi-in.facebook.com/HommesIntegres/videos/diversification-de-nos-...