Haïti: Elections historiques dans un pays en proie au choléra

PORT-AU-PRINCE (AFP) le 28.11.2010 - Près de 5 millions de Haïtiens votaient dimanche pour choisir leur président et leurs parlementaires, après une campagne marquée par des violences et au moment où l'épidémie de choléra fait

des ravages.
Près de 5 millions de Haïtiens votaient dimanche matin dans le calme malgré des incidents sporadiques pour choisir leur président et leurs parlementaires, après une campagne marquée par des violences et au moment où l'épidémie de choléra fait des ravages. lire_le_dossier
"En général tout se passe bien, tout est paisible. Il y a eu quelques incidents à Desdunes (nord d'Haïti), des incidents mineurs", a estimé le chef de la mission de l'ONU en Haïti (Minustah), Edmond Mulet, lors d'un déplacement à Léogâne (sud).
L'ambassadeur de France Didier Le Bret, pour sa part, a jugé que "l'ambiance était animée dans les bureaux de vote (...) certains font de l'animation pour leur parti politique mais cela ne trouble pas le vote".
"Mis à part quelques incidents, cela semble bien se dérouler", a ajouté l'ambassadeur.
Joint par l'AFP, le maire de Desdunes, Wesner Archelus a confirmé des tirs et des blessés par balles dans cette ville de 42.000 habitants au nord de Port-au-Prince.
Des bureaux de vote ont été saccagés et la Minustah a envoyé dimanche matin une demi-douzaine de véhicules blindés "pour reprendre le contrôle de la situation" et faire reprendre le déroulement du scrutin qui a été interrompu, a indiqué le maire.
Malgré ces incidents, le responsable de la Minustah, Edmond Mulet a expliqué qu'"il n'y a aucune raison d'avoir peur. C'est une fête électorale".
"La décision du peuple sera respectée. Il y a de petits problèmes administratifs", a-t-il estimé "mais pas de grand problème qui vont réduire la participation".
Les opérations de vote étaient quelque peu compliquées par le fait que certains bureaux de vote de Port-au-Prince n'avaient pas encore ouvert deux heures après le début officiel du scrutin.
Près de 5 millions d'Haïtiens doivent élire leurs parlementaires et désigner un successeur au président sortant René Préval parmi 19 candidats.
Les bureaux de vote doivent fermer à 16H00 locales (21H00 GMT).
Selon la radio Caraïbes FM, qui couvre les élections en direct, les opérations de vote ont commencé dans le calme à Port-au-Prince.
Casquette blanche Nike sur la tête et carte d'identité à la main, Jean Delirre attendait de pouvoir voter dimanche matin devant un bureau de vote de Port-au-Prince. "On veut du changement pour le pays. Il faut que les choses fonctionnent à partir de maintenant", a-t-il dit à l'AFP, en précisant qu'il n'a pas peur du choléra au moment d'aller voter.
Un doute plane sur le niveau de la mobilisation des Haïtiens. Elle dépendra pour beaucoup de la crainte qu'inspire le choléra, même si les autorités ont insisté sur le fait qu'il n'y avait pas de risque d'être contaminé en se rendant dans un bureau de vote.
Depuis la mi-octobre, l'épidémie a tué 1.648 personnes, selon le dernier bilan des autorités.
La tâche qui attend le nouveau chef de l'Etat est immense. A la crise sanitaire née de l'épidémie de choléra s'ajoute la question du sort d'un million d'Haïtiens jetés à la rue par le séisme dévastateur du 12 janvier au cours duquel plus de 250.000 personnes sont mortes.
Les Haïtiens doivent aussi choisir 99 députés et 11 sénateurs.
Sur le terrain et dans les sondages, le candidat du pouvoir sortant Jude Célestin, l'ex-Première dame Mirlande Manigat et la star de la chanson Michel Martelly semblent les mieux placés pour se qualifier pour le second tour de la présidentielle.
Les résultats du premier tour seront diffusés à partir du 5 décembre et proclamés le 20 décembre et la passation de pouvoir entre René Préval et le nouveau président est prévue le 7 février.