Ghana: Déclaration de la Coordination du FPI en exil relative au rapport final du groupe d’experts de l’Onu
Par IvoireBusiness - Déclaration de la Coordination du FPI en exil relative au rapport final du groupe d’experts de l’Onu.
Le groupe d'experts de l’ONU en charge de la surveillance de l’embargo sur les armes en direction de la Côte d’Ivoire et de l’application des sanctions contre certaines personnalités conformément à la Résolution CS/ 1572/2004, vient de rendre public son rapport final (S/2013/228, 17 avril 2013). Il est bon de noter que, suite à ce rapport, le Conseil de sécurité a adopté la Résolution 2101/du 25 avril 2013, qui pour l’essentiel se résume aux mesures qui suivent :
- Reconduction de l’embargo sur les armes jusqu’au 30 avril 2014 ;
- Reconduction des mesures individuelles, financières et limitant les voyages jusqu’au 30 avril 2014 ;
- Interdiction de toute importation de diamant en provenance de Côte d’Ivoire jusqu’au 30 avril 2014.
Il en ressort clairement que le Conseil de sécurité n’a pas cru devoir suivre les experts du comité des sanctions dans leurs allégations mensongères contre les proches du Président Laurent Gbagbo en exil au Ghana, presque tous accusés « d’entreprise de déstabilisation » du régime d’Alassane Ouattara.
Contre ce rapport qui ne diffère pas fondamentalement de la copie servie à mi-parcours (S/2012/766, 15 octobre 2012), au regard des intentions cachées, de la méthode de travail ou d’investigation partiale, des informations livrées à la légère, des allégations affirmées mais non démontrées, la Coordination du Front Populaire Ivoirien (FPI) en exil au Ghana, en collaboration avec les personnes citées se contentera d'abord de renvoyer à deux publications y relatives (I), de faire quelques observations (II), avant de dénoncer (III) une fois de plus un tel rapport partisan.
I- RENVOI À DES PUBLICATIONS UTILES
Deux documents qui détaillent nos positions peuvent être utilement consultés :
1- La déclaration de la Coordination, suite à la diffusion par RFI le 6 octobre 2012 du rapport de mi-mandat des experts indépendants.
2- L’ouvrage collectif qui a pour titre : « Laurent Gbagbo au centre d’un complot. Le rapport des experts de l’ONU mis à nu », paru en avril 2013, à Paris aux éditions l’Harmattan.
Dans ces textes produits pour dénoncer les mensonges et la manipulation de l’opinion entreprise par lesdits experts, le lecteur découvrira à travers les écrits et analyses, le nouveau mal auquel les démocrates africains souverainistes sont confrontés : la fabrication ex nihilo par de prétendus experts, de complots imaginaires en vue de les neutraliser, par des mandats d’arrêt internationaux, des sanctions décidées par des organes des Nations-Unies, ou de l’Union européenne, etc.
Pour appuyer les remarques générales ci-dessus, l’on fera quelques observations.
II- OBSERVATIONS
Souci d’équilibrisme ou volonté de diversion, les experts reviennent sur les trafics en tous genres et l’accaparement, par la rébellion, d’importantes ressources financières détournées des caisses de l’État, à titre personnel ou au travers de sa centrale financière, qui continue de sévir, malgré la fin de la coupure en deux du pays en avril 2011. Ils écrivent même que le pillage autrefois limité à la zone nord, s’est aujourd’hui impunément étendu à l’ensemble du territoire. Mais cela, tout le monde le sait, et savait, y compris la communauté internationale, que c’est ainsi et pas autrement, que le pouvoir Ouattara gouvernerait pour permettre à la rébellion de se payer sur le dos de l’État et des citoyens.
De même, les révélations sur les différentes violations manifestes de l’embargo sur les armes, par le pouvoir Ouattara, le Burkina Faso, des entreprises françaises ou non, dûment identifiées, ne sont toujours pas assorties de demandes de sanctions ciblées alors même que c’est l’unique mission des experts : surveiller le respect de l’embargo sur les armes et l’application des sanctions.
En revanche, c’est contre les proches de Laurent Gbagbo exilés au Ghana, que ce rapport final est principalement dirigé. Visiblement, les réactions énergiques des mis en cause à l’occasion de la publication du rapport d’étape, ont quelque peu freiné les ardeurs des experts. Agissant manifestement pour le compte du ministre de l’intérieur de Ouattara, Hamed Bakayoko, dont ils ont endossé, sans analyse, les arguments habituels, les experts ont continué d’agiter le péril sécuritaire qui serait lié aux velléités déstabilisatrices des exilés proches du Président Gbagbo, au prix de mensonges éhontés. Notamment, ces derniers dont ils disaient qu’ils étaient en rapport avec les djihadistes d’Ansar Dine au Mali, sont à présent en complicité avec Soro Guillaume, le Chef de la rébellion ivoirienne. Que croire?
Pour le régime Ouattara, la manœuvre poursuit en fait plusieurs objectifs :
„Ï Continuer d’avoir à disposition des milliers de casques bleus et éviter ainsi de remettre sur pied l’armée nationale de Côte d’Ivoire, désarmée au profit de la rébellion, des mercenaires et des Dozos à sa solde ;
„Ï Obtenir la levée de l’embargo sur les armes pour réarmer officiellement toutes les factions précitées ;
„Ï Exhiber le rapport comme fondement « crédible » pour lancer des mandats d’arrêt contre tous les proches du Président Gbagbo (car tous sont cités à un titre ou à un autre) ou des mesures d’interdiction ;
„Ï Mettre une pression plus forte venant des « Nations Unies » sur le Ghana, pays d’accueil, afin que celui-ci livre sans procédure judiciaire les personnes citées à Alassane Ouattara ;
„Ï Accabler plus que jamais le Président Laurent Gbagbo, le « bénéficiaire de la prétendue déstabilisation », dont le verdict de l’audience de confirmation des charges est incessamment attendu.
Alors que l’on s’attendait à un rapport final étayé par des preuves et des documents irréfutables concernant les allégations de déstabilisation, qui soit redit en passant n’entrent pas dans le mandat des experts, l’achat, l’importation ou l’exportation d’armes en direction de la Côte d’Ivoire et de traces de décaissements ou de paiements financiers effectués par les financiers « supposés », ce sont les mêmes ragots qui sont servis en lieu et place.
Alors même qu’ils n’ont pas réussi à apporter la preuve d’un quelconque financement par les exilés, les experts, au lieu d’avouer que cette piste d’investigation était infructueuse, sans se soucier d’entretenir une position contradictoire, vont tenter l’argument de la peur : « si les groupes officiant au Ghana et au Libéria ont un soutien financier conséquent, ils peuvent affaiblir le régime… » (rapport paragr. 19). En quoi une telle mention concerne t-elle la mission de surveillance de l'embargo sur les armes et du régime de sanctions ?
D’autres fois, ce sont des demi-informations qui sont exposées pour tenter d’établir l’existence de plan de déstabilisation contre Ouattara, impliquant la diaspora et des exilés proches de Laurent Gbagbo ; tel le cas d’un e-mail effectivement adressé à un proche du Président Laurent Gbagbo mais dont la réponse n’a cependant pas été divulguée dans le rapport à dessein ; pour ne pas ruiner la thèse du plan de déstabilisation.
Mieux, faute d’arguments et de preuves, justifiant leur incursion dans l’espionnage au profit de Ouattara, les experts estiment que des opérations militaires auraient été menées sur le territoire ivoirien à partir du Ghana sans preuve, et que ces opérations seraient des violations de l’embargo (rapport paragr. 25).
Les experts, écrivent qu’à la suite de différentes arrestations, les exilés, qu’ils considèrent on ne sait à partir de quoi, comme étant l’aile radicale du FPI, se sont réorganisés en cinq (5) factions politico-militaires, auxquelles ils affectent des personnes sans justifications, sans preuves de leur adhésion ou participation à des réunions ou activités desdits groupes dont, au demeurant, l’existence effective n’est pas démontrée. Ces groupes ou factions, fabriqués pour les besoins du rapport n’existent que dans l’imagination d’Hamed Bakayoko qui les a servis gracieusement au groupe d'experts de l’ONU.
D’ailleurs, il est permis de douter de la crédibilité de la plupart des informations qui constituent la toile de fond de ce rapport. Fournies par les services d’Hamed Bakayoko, elles ont été obtenues sous la torture. Le groupe d’experts sait-il que le ministre Lida Kouassi, extradé du Togo en Côte d'Ivoire, a subi des tortures par décharges électriques afin d'obtenir de lui des aveux ? Le groupe d’experts sait-il dans quel état mental se trouve le commandant Séka Séka, après les sévices qui lui ont été imposés pour obtenir de lui des aveux contre des proches du Président Gbagbo ? Le groupe d’experts s’est-il inquiété des raisons pour lesquelles, en dépit de son insistance, il n’a pu s’entretenir avec le ministre Blé Goudé (rapport, paragr. 286) ? Le groupe d'experts sait-il dans quel état se trouvent le colonel Katé Gnatoa, le commandant Abehi et nombre de personnes arrêtées pour tentative de coup d'état?
Des aveux ou autres confessions obtenues sous la torture par les services de Ahmed Bakayoko, voilà le menu que nos experts servent comme preuves de l'implication des proches du Président Gbagbo dans la déstabilisation du régime Ouattara. Mais, c'est le lieu d'exiger du groupe d'experts de présenter le mandat de l'ONU qui lui confie la mission de surveiller la déstabilisation du régime Ouattara, surveillance devenue la partie principale de ses préoccupations et investigations.
Comment accepter des contrevérités évidentes donnant certains des proches du Président Gbagbo, comme ayant participé à des réunions en 2012 au Ghana alors qu'ils n'y ont que transité en Avril 2011 pour d'autres destinations. Ces contrevérités sont en réalité distillées par le groupe d'experts du comité de sanctions pour mieux masquer la couverture des rebelles et de leur mentor qui ont fait l'acquisition d'armes lourdes malgré l'embargo qu'ils sont censés surveiller.
Nos experts ne semblent certainement pas s’émouvoir des conséquences humanitaires désastreuses de cet armement lourd, pourtant acquis en violation de l’embargo, grâce auquel un génocide à l’ouest ( Duekoué, Nahibly entre autres ) continue d’être perpétré par les troupes rebelles auxquelles Ouattara s’est officiellement rallié en mars 2011 en créant les FRCI.
Pourquoi ce rapport est-il muet sur l’occupation par la force, des forêts de l’ouest, par des hordes de Burkinabés armés de kalachnikovs et d’armes lourdes fournies par Alassane Ouattara et Blaise Compaoré ? Pourquoi les experts de l’ONU n’ont-ils pas jugé utile ou convenable « d’investiguer » sur la provenance de cet armement, en rapport avec la surveillance de l’embargo sur les armes ? Tout simplement parce que ces crimes ainsi que la dotation en armes des rebelles mettent en cause personnellement M. Ouattara qui a créé les FRCI en Mars 2011 de son QG de l’Hôtel du Golf, leur intimant l'ordre d'attaquer sur tous les fronts les forces loyalistes et de renverser le Président Gbagbo par les armes.
Nous avons trop bien compris depuis longtemps le jeu et l'objectif de ses experts. Que l'on ait à l'esprit cette question fondamentale : pourquoi lesdits experts n'ont jamais pris la précaution méthodologique élémentaire d'entendre la version de ces proches du Président Gbagbo, mis en cause ?
Le parti-pris de ces experts pour le régime Ouattara et ses alliés et leur harcèlement contre le Président Gbagbo et ses proches sont si choquants, révoltants qu'ils ne peuvent qu'être dénoncés avec force.
III- DÉNONCIATION DU RAPPORT
Pour les raisons ci-dessus développées, la coordination FPI en exil, tient à nouveau à dénoncer vigoureusement le rapport final des experts du comité des sanctions de l’ONU, en ce qu’il persiste dans un travail toujours méthodologiquement approximatif, partial dans le fond, délibérément orienté contre le Président Laurent Gbagbo et ses proches en exil, et faisant étalage de mensonges en lieu et place de preuves.
La coordination observe que le contenu de ce rapport n’est pas reflété dans la résolution 2101 du Conseil de sécurité et s’en félicite. La coordination du FPI en exil restera cependant vigilante, et se réserve le droit de dénoncer, toute utilisation malveillante de ce rapport dans le but de nuire à ses membres, au Président Laurent Gbagbo ou à ses proches. N'oublions pas que la CPI s'était servie malicieusement du rapport de mi-mandat, pourtant décrié, pour refuser la liberté provisoire au Président Gbagbo.
La coordination voudrait s’adresser aux experts de l’ONU mais également à tous ceux qui souhaitent aider le régime « tortionnaire » d’Alassane Ouattara à s’en sortir, pour leur dire que le salut n’est pas à rechercher dans la manipulation, le mensonge et dans la répression contre tous ceux qui n’épousent pas les vues de leur poulain, mais plutôt dans un État de droit, dans la vraie démocratie et dans une réconciliation sincère.
Fait à Accra le 9 mai 2013.
Pour la coordination FPI en exil
Dr. Assoa Adou
Coordonnateur et Porte-parole