Football: Sylvain Takoué, auteur de « La FIF en jeu, un Joker appelé Didier Drogba », parle aux dirigeants sportifs « Voir Drogba en Côte d’Ivoire comme Pelé au Brésil… »
Par Ivoirebusiness - Football. Sylvain Takoué, auteur de « La FIF en jeu, un Joker appelé Didier Drogba », parle aux dirigeants sportifs « Voir Drogba en Côte d’Ivoire comme Pelé au Brésil… »
Qui ne se souvient pas du roi Pelé au Brésil et dans le monde, longtemps après son sacre sportif passé ? Son nom règne toujours au firmament du football, que ce soit dans son propre pays, ou à l’international.
Après avoir remporté trois Coupes du monde FIFA et marqué plus de 1.283 buts tout au long de sa monumentale carrière de footballeur, le Gouvernement du Brésil a déclaré Pelé « Trésor national ».
C’est tout un symbole universel, bien que cette estampille soit brésilienne. D’autres noms de brillants footballeurs sont aussi restés dans la légende ou dans l’Histoire. Pris pêle-mêle, il y a eu, hier, Michel Platini, Jean-Pierre Papin et autres en France, Paolo Rossi en Italie, Zicoh le Pelé blanc, docteur Socratès, l’impérissable Diego Maradona…
De vraies athlètes épiques, adulés par le monde entier. Aujourd’hui, il y a d’autres noms comme Zidane, Cristianho Ronaldo, Zlatan, Mbappé, Eto’o Fils, et de plus jeunes encore… Des étoiles montantes, fascinantes dans la cosmogonie du football planétaire.
Mais celui qui, de toutes ces gloires sportives, continue d’avoir le mérite d’être cité dans les calendes, c’est bien le roi Pelé. Son aura sportive a même gelé une tragédie militaro-politique en Afrique. Pour la petite histoire, rappelons que Pelé part en tournée, en 1967, avec son équipe « Santos do Brazil ».
Lors de son passage au Nigeria, les deux factions armées, alors impliquées dans la guerre civile nigériane, ont convenu d’un cessez-le-feu de deux jours, afin de laisser regarder Pelé jouer un match amical à Lagos, la ville la plus peuplée du pays.
Voilà ce qu’est le pouvoir du sport, et singulièrement le football. Un pouvoir rassembleur. Un pouvoir fair-play. Un pouvoir de paix. Un pouvoir qui ne cherche pas à savoir qui est qui dans les tribunes et les gradins des stades, ni devant les écrans qui diffusent les matches de foot. Nous avons en Côte d’Ivoire un autre Pelé.
Il s’appelle Didier Drogba. Nous sommes tous d’accord que, comme Pelé, il est une légende planétaire du football international. Son palmarès de professionnel du foot n’est plus à démontrer ni à égrener ici, parce que c’est amplement connu et indiscutable.
C’est tout simplement édifiant, et cela devrait être un orgueil pour nous, Ivoiriens. Qu’est-ce qui nous empêche vraiment d’être tout aussi d’accord sur le fait de voir Didier Drogba chez nous, en Côte d’Ivoire, comme le roi Pelé au Brésil ?
Poétiquement, il peut être comparé au soleil qui, le matin, se lève dans le ciel pour tout le monde et ne cherche pas à briller sur les uns sans aussi briller sur les autres. Le soleil est recherché par ceux qui ont froid et qui veulent de l’énergie.
Le livre que j’ai consacré à Drogba ne fait que demander à faire mentir l’adage populaire qui dit que « nul n’est prophète chez soi ». Car Drogba est le seul athlète ivoirien qui soit capable de faire rayonner en Côte d’Ivoire quasiment la même aura sportive que celle du roi Pelé.
Un pays comme le nôtre devrait se servir de cette aura sportive de Didier Drogba à la façon d’un trait d’union fraternel entre chacun de nos compatriotes. Son ascension consensuelle à la présidence de la FIF devrait même être vue comme un plébiscite et comme le levain d’un rassemblement national et patriotique autour de la cause unanime du football ivoirien.
C’est ce vibrant appel que je lance à travers le livre que je lui ai dédié. Mon vœu le plus cher, pour notre football ivoirien, est que cet appel soit entendu par les oreilles des dirigeants sportifs impliqués dans la cause du football en Côte d’Ivoire.
Que chacun prenne et lise ce livre qui ne fait que faire tomber les écailles des yeux. L’humilité précède la gloire, lit-on dans les Saintes Ecritures. Si c’est la gloire du football ivoirien que nous recherchons vraiment, reconnaissons, avec humilité, que le Programme "Renaissance", porté par Didier Drogba, est le médicament qui peut guérir le football ivoirien de sa maladie congénitale et de ses tares conceptuelles.
Voilà tout le sens que je donne à mon livre sur Didier Drogba, qui est un livre de plaidoirie et de sportivité. Drogba mérite le plébiscite électoral qui le fera devenir président de la FIF. Une fois monté à cette fonction transversale, le devoir lui reviendrait de tirer le football ivoirien vers le haut et de faire profiter aux acteurs vivant de cet univers (dirigeants de clubs, techniciens, encadreurs, joueurs, groupements d’intérêts, lobbies, etc.) les retombées économiques, techniques, infrastructurelles et logistiques que sa transpiration sur les stades du monde a pu lui faire acquérir.
Il l’a dit et martelé lui-même, en toute honnêteté intellectuelle, qu’il n’a pas besoin de l’argent de la FIF, si c’était cela qui inquiétait ses détracteurs du moment. C’est ce message fort, qu’il lance en direction des dirigeants sportifs qui l’ont dans leur viseur.
En langage terre à terre de chez nous, Drogba dit qu’il ne vient pas au poste de président de la FIF pour manger l’argent du football ivoirien, mais qu’il vient pour mettre en haut, en haut, notre football qui est en bas, en bas depuis longtemps là.
Dit plus savamment, Drogba souhaite que le football ivoirien obsolète embrasse la rayonnante modernité du football mondial et que ce sport-roi fasse aussi rêver que dans les stades européens. Cela veut dire qu’il entend faire du football en Côte d’Ivoire, plus qu’un passe-temps de loisirs, un vrai secteur-métier pourvoyeur d’emplois sûrs et durables, et profitant économiquement, financièrement, socialement et sportivement aux acteurs réels qui en vivent.
Cela s’appelle avoir de la vision, et pas seulement de l’ambition. Drogba porte derrière lui une grosse "machine" à même de travailler à cela, un réseau de relations capable d’une telle prouesse.
Permettons-lui de transformer en réalité le rêve que les Ivoiriens ont de voir notre football réussir ce pari de modernisation et de compétitivité. Il ne sera certes pas un magicien, mais surement un travailleur acharné pour qui l’effort créatif est déjà un acquis… comme il l’a démontré sur les stades du monde.
Sylvain Takoué,
Journaliste-écrivain.