[Fact-checking]: Ouattara a raconté des bobards sur « sa » Commission électorale, Par Théophile Kouamouo

Par mondafrique.info - [Fact-checking] Ouattara a raconté des bobards sur « sa » Commission électorale.

Un véritable festival de contre-vérités. Comme souvent lors de ses interventions médiatiques, Alassane Ouattara, le numéro un ivoirien, a pris des libertés avec les faits (qui sont pourtant têtus) lors de son émission « Face aux électeurs » sur la RTI, diffusée en direct le 13 octobre dernier. Des imprécisions certes, mais aussi des mensonges éhontés et des procédés manipulatoires vicieux. Nous en avons relevé quelques-uns. Commençons, dans ce premier post, par ceux qui concernent la Commission électorale dite indépendante.

La CEI et les recommandations du NDI

Face au malaise lancinant sur la grossière inféodation de la Commission électorale au pouvoir, Alassane Ouattara brandit le National Democratic Institute, ONG américaine liée au Parti démocrate. Que dit-il ? « J’ai demandé d’ailleurs aux Etats-Unis, à mes amis, au National Democratic Institute (…) de nous envoyer une équipe (…) A l’issue de cela, elle nous a proposé la Commission que nous avons ». (Timecode : 16’07’’)

Qu’avons-nous fait pour vérifier ces propos ? Nous avons consulté les recommandations du NDI, qui figurent dans un rapport disponible sur le site de l’institution. Et le moins que l’on puisse dire est qu’elles n’ont pas été appliquées par le régime ivoirien, en tout cas dans leurs aspects les plus fondamentaux.
◦« Il est (…) recommandé de choisir le Président de la CEI sur la base d’un processus qui incarne un large consensus des partis politiques et de la société civile, soit à l’issue de débats publics soit par le vote de la majorité qualifiée des membres de la CEI. Dans les deux cas, le Président jouira de la confiance des candidats aux élections et du public », écrivait le NDI. Youssouf Bakayoko a été imposé avec brutalité à l’opposition mais aussi à l’Eglise catholique, qui est allée jusqu’à suspendre sa participation au processus pendant un certain temps.
◦« Le nombre de membres issus du Gouvernement et du parti au pouvoir ne doit pas constituer une majorité écrasante, par souci de maintenir un juste équilibre au sein de l’Institution », préconisait le NDI. Or, 9 membres de la Commission centrale sur 17 (plus de 52%) sont l’émanation directe du pouvoir, tandis que l’opposition n’en compte que 4 (23%), si l’on veut bien considérer certains « accompagnants » du pouvoir comme des partis d’opposition. Sachant que le nouveau Code électoral a supprimé la nécessité du consensus dans la prise de décision et prévoit que la majorité simple l’emporte sans débat, l’on en arrive à une conclusion d’évidence : le régime Ouattara a les moyens politiques et juridiques d’imposer sa volonté de manière systématique à la CEI. Rien à voir, donc, avec l’esprit des recommandations du NDI.
◦« Les inscriptions sur les listes peuvent relever de la responsabilité de la CEI et d’une autre entité, et permettre un enregistrement systématique des électeurs chaque année », peut-on lire dans le texte du NDI. Ce n’est pas ce qui a finalement eu lieu.

Ouattara a donc choisi d’utiliser la respectabilité du NDI dans certains milieux pour légitimer ses pratiques autoritaires. Il sait qu’il ne risque aucun désaveu de l’ONG, qui s’est pourtant fait rouler dans la farine. Ceux qui y travaillent sont ses « amis », a-t-il affirmé face aux journalistes. Et en cela, il dit vrai.

Mais quand il prétend (20’35’’) que le pouvoir et l’opposition sont représentés de manière paritaire à la CEI, en faisant semblant de considérer que les représentants du président de la République, du Conseil supérieur de la magistrature (émanation du président), du président de l’Assemblée nationale et du gouvernement ne représentent pas « le pouvoir », il insulte littéralement l’intelligence des téléspectateurs/électeurs…
Par Théophile Kouamouo

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