Extrait de «Le Commandant invisible raconte la bataille d’Abidjan»: Le souci d’un ex-chien de guerre - Les réactions du public sur une œuvre qui restitue la vérité

Le 25 juillet 2012 par Le Temps - Les armes se sont tues. Depuis un mois. Dosso est désarmé. Ceci commence non loin de votre domicile. Chez lui, tout est calme. Dosso fume. Une femme, couchée sur le divan, toussote. C’est sa fiancée. Une belle

conquête de Bouaké. C’était au fort de la rébellion. L’enfant est réveillé, secoué par un accès térébrant d’une bronchite chronique. Mais Dosso fume placidement sa cigarette plantée en biais, l’autre sur le départ, derrière l’oreille. Un souci le tracasse : que faire, et où aller à présent que la guerre est finie ?

Germain Séhoué.

Le 25 juillet 2012 par Le Temps - Les armes se sont tues. Depuis un mois. Dosso est désarmé. Ceci commence non loin de votre domicile. Chez lui, tout est calme. Dosso fume. Une femme, couchée sur le divan, toussote. C’est sa fiancée. Une belle

conquête de Bouaké. C’était au fort de la rébellion. L’enfant est réveillé, secoué par un accès térébrant d’une bronchite chronique. Mais Dosso fume placidement sa cigarette plantée en biais, l’autre sur le départ, derrière l’oreille. Un souci le tracasse : que faire, et où aller à présent que la guerre est finie ?

Dosso fume. Son briquet est là. Le cendrier aussi. Les mégots y sont écrasés. Abondamment. Il n’a pas oublié la boîte d’allumettes de secours. Il est méticuleux, lui… Mais que faire ? Avant la fin des hostilités, il avait pris goût à trois activités : piller, violer, tuer.

Les visiteurs prennent place. Il leur envoie par les narines, en guise de bienvenue, deux jets de fumée bien sentie. Ils ferment l’œil, grimacent. Ce n’est rien. Mieux qu’une belle ! Il leur tend le paquet. Qu’ils se servent… Le chagrin, ça se partage, non ? Trois se servent. Le quatrième refuse. Tant mieux. Dosso saura gérer l’acquis. Les sources de revenu ont tari. Par la faute à Guillaume et Michel, devenus ministres.

Dosso souffle la fumée qui fuse vers le sol en deux minces filets. C’est agréable ce qu’il ressent. Malgré tout. Il tire encore une bouffée avant de demander les nouvelles. La conversation s’anime. Ils parlent de tout. De leurs exactions à Bouaké. De la mort de l’ami Félix Doh. De la dernière rencontre avec Sam Bockarie, l’allié. De leur butin, et de leur avenir. Puis, le quatrième lui remet, après une explication rigoureuse, un plan bien matérialisé. Que préparent-ils ? La cigarette de Dosso déroule des volutes devant sa figure. Il cligne de l’œil, en raccompagnant les « bramôgô ».

La rue grouille de monde. Dosso marche nonchalamment. Avec son souci. Et une cigarette pendante à la lèvre inférieure. Elle laisse en arrière une traînée de fumée. Que cela lui ferait-il que tous ces gens toussent dans son dos ! Ils n’avaient qu’à rester chez eux ! Ils ont la chance qu’il ne peut plus décréter le couvre-feu ! Dosso aspire longuement.

Quelqu’un le rattrape et lui tend un papier. Il fume avec précipitation et lit le message en souriant : l’OMS… Vraiment… Dès que quelque chose est délicieux, c’est interdit. Il ne doit plus piller, violer, tuer… et fumer ici ! On lui a même arraché sa « kalach »…parce que, eux, sont nommés ministres. Même l’ancien barbu, le cuisinier ! Mais pourquoi les gens sont-ils ainsi ? Il écrase par terre sa cigarette inachevée, le temps de quitter là. Il froisse le charabia de l’OMS et le jette dans l’égout. Il fume. Qui pouvait se permettre de le déranger de la sorte, s’il avait son arme !

Voici un bar discret. La nuit est douce. Dosso est seul devant sa table. Mais pas l’unique client. Le regard derrière les lunettes sombres, il roule entre les mains une cigarette. Il la tapote. Il la porte à la bouche. Il craque une allumette avec l’ongle. Il approche la cigarette de la flamme, dans la coupe de ses mains. Il tire dessus. Le bout du tabac est en ignition. Il se verse dans le verre une rasade d’alcool. Il en prend une bonne lampée. Il rote. Ce breuvage est survoltant. Bien. Il n’aime pas les boissons qui chatouillent l’œsophage. Une autre rasade. Dosso en bois à petites gorgées ponctuées de dose bien servie de cigarette.

Il réfléchit à une chose. Il n’est ni zinzin ni baefouê pour espérer une intégration aux Fanci. Mathias ne le voudra pas. Cela aurait été facile, si le coup avait réussi. Eux seuls ont gagné. Même Roger s’est gardé de négocier pour Dosso et ses camarades. Or, Dosso n’assurait que la sécurité de l’ami du « Boss ». Sans qualification. Mais plus instruit que l’ancien barbu devenu quelqu’un. Son patron même a trouvé la mort dans les combats de Man. Et le « Boss » est, aujourd’hui, distant. Il ne veut plus entendre parler d’eux. Sans avoir payé leurs droits. Que va-t-il devenir, alors que le peu de ressources accumulées commence à fondre ?

C’est le silence. Quelque chose le démange dans la gorge. Il tousse un coup. Ce qui est parti, est plus sonore qu’il ne l’espérait. Qui a fait le dernier essai nucléaire ? Pas l’Irak, en tout cas ! Qu’importe ! Il lui en remontrerait des plus mélodieux. Quelle quinte retentissante ! La salle a « remué ». Le barman a sursauté. Le bâtiment a failli être soufflé. Dosso se frotte la poitrine d’où monte une douleur aiguë. Ça va aller... Juste un éclat d’obus pulmonaire. Il empoigne le verre. Il ingurgite le contenu afin de cicatriser la blessure interne. Que va-t-il devenir ? Le « Boss » l’a utilisé. Il n’a plus besoin de lui. Le plan ! Il se rappelle.

Il est 15 heures. Dosso emprunte une piste boisée. Il vient de déterrer quelque chose de précieux. Un ancien compagnon, qui impose respect. Il secoue son paquet de cigarettes. Il en tire une qu’il enflamme. D’une pichenette, il lance l’allumette en l’air. La petite comète atterrit dans les herbes. C’est prodigieux de pouvoir transformer une herbe sèche en cendre. Il fume, et balance le mégot dans la broussaille. Quelques instants plus tard, les sapeurs pompiers sont mis à rude contribution : la forêt du Banco est en flamme.

Que faire maintenant que la guerre veut finir ? Maintenant que Dosso et ses camarades seront parmi nous, et qu’une telle situation risque de se produire, réellement ? Que faire ?

Extrait d’un manuscrit de Germain Séhoué(inédit)

Le livre «Le Commandant invisible raconte la bataille d’Abidjan» Les réactions du public sur une œuvre qui restitue la vérité

C’est le 8 juin 2012 que l’éditeur français, L’Harmattan, a publié à Paris mon ouvrage «Le Commandant invisible raconte la bataille d’Abidjan». D’ici là, beaucoup de choses se sont passées. Mais en attendant que je donne une interview pour faire la lumière sur un certain nombre de choses, il convient de lever un coin de voile sur les réactions du public et l’engouement que suscite la sortie de ce ouvrage, relativement à la compréhension la crise ivoirienne et surtout à la défense du Président Laurent Gbagbo à la Cpi. Notons que les premiers extraits du livre publiés dans la presse, sur les assassinats du colonel Dosso adama et M. Yves Lamblin et ses compatriotes, ont fait le «buzz» sur internet. Dès cet instant, les gens ont commencé à se rendre compte que «Le Commandant
invisible raconte la bataille d’Abidjan» n’est pas un livre de plus dans cette crise où il y a beaucoup à dire et que de milliers d’innocents sont morts, d’autres en prison, d’autres encore en exil. L’une des premières réactions de lecteurs que j’ai reçues dans ma boite électronique, vient au lendemain du 18 juin 2012, d’une dame : «Bonjour Monsieur, sur la route, en rentrant de La Haye, j'ai lu avec plaisir votre livre Le Commandant invisible raconte la bataille d’Abidjan. (Il était en vente sur le lieu de la manifestation). Je l'ai trouvé très intéressant et j'espère bien qu'il sera envoyé à l'avocat de Monsieur Gbagbo pour sa défense. Cordialement. Sylvie B. N.» On voit bien que l’intérêt de cette lectrice, est la défense, donc la libération de Laurent Gbagbo, en prison à La Haye. Un homme qu’elle vient de soutenir en Hollande, le 18 juin, malgré le report du procès de confirmation de charges. Après elle, vient le témoignage de Marie Dutheuil, sur Facebook : «Je suis en train de lire "le Commandant invisible raconte la bataille d'Abidjan" de Germain Sehoué. Les révélations contenues dans ce livre sont tout simplement explosives. Toute affirmation est argumentée, détaillée de sorte que celui qui veut s'aventurer dans un procès en diffamation, devra produire des contre arguments ou preuves contredisant l'auteur, très solides. Pour ceux de la diaspora, ce livre est disponible aux éditions l'harmattan, directement «commandable» en ligne (coût du livre 10 euros). C'est le livre à avoir. Absolument !!!» Qui sont ces personnes ? Je n’en sais rien. Des lecteurs. Et Marie Dutheuil reviendra à la charge pour proposer ceci : «Il serait bien de songer à traduire votre livre en plusieurs langues (par exemple, en anglais) pour qu'il puisse également informer le public non francophone». Ces témoignages sont toujours en ligne. Après la lecture du livre, Dorcas D., sur Facebook, n’a vu également que la solution pour le président Gbagbo et ses avocats : «Salut Germain ! Excellent travail pour ton livre. Je voudrais savoir si tu t'es arrangé pour que le Pr LG ait un exemplaire, lui et ses avocats ». Quant à G. Jean Claude., (Genève), il m’a inquiété un peu: «Ce récit va nous servir de preuve puisque Semefa Sekou (le Commandant invisible) lui-même a dit si on a besoin de lui, on peut l'appeler pour témoigner, le livre s'est vendu comme les petits morceaux de pain à La Haye (10 euro) par livre, mais Semefa est-ce qu’il est libéré ? (…) Mais Germain, toi, ne mesures-tu pas la bombe de ton oeuvre ?» De même Gnanzi JB, en Italie, m’a écrit ces mots : «Doyen, avec ce livre tu es encore en Côte d’Ivoire ? Tu n’as pas peur de Ouattara ? Moi, je m’inquiète pour toi…» Le témoignage Martine K., vivant à Paris, est le suivant : «C’est ce week-end que j’ai lu ton livre en un clin d’oeil. Merci pour ce témoignage poignant. » un soir, j’ai reçu l’appel téléphonique d’un opérateur économique ivoirien résident à tunis, très enthousiaste : «Félicitations Germain ! J’ai lu deux fois ton livre. Mais c’est incroyable ! Pah ! Pah ! Pah ! Je vais en commander encore une dizaine que je vais distribuer à des amis et connaissances, je vais t’envoyer deux, comme tu n’as pas encore pour toi…» Mais la préoccupation des uns et des autres va être levée par l’Editeur, L’Harmattan dans ce message qu’il m’a adressé : «Bonjour Germain, Je viens d'échanger avec l'avocat qui nous félicite pour ce travail. Il veut travailler avec les éléments disponibles dans le livre…». Dès lors, je me sens un peu soulagé, comme toutes ces personnes qui ne souhaitaient que cela : que Gbagbo et ses avocats aient le livre. Parmi les réactions à abidjan, on a ce sms du 3 juillet 2012 ainsi libellé : «Bonsoir M Séhoué, vous faites un métier noble. Grâce à vous, nous avons le moral très haut et nous sommes très optimistes quant à l’acquittement de notre cher Président ». On peut dire que le livre est demandé. Et ni l’ensemble de la rédaction de Le Temps, ni moi-même, n’avons de repos. Les gens appellent. Et le confrère G. Brence n’a pas manqué de s’écrier : «Que ce livre arrive enfin, pour que l’homme puisse dormir tranquille !» Parce qu’on nous réveille avec des questions telles : «Comment, où et à quel prix peut-on avoir «Le Commandant invisible…» ? Face à la pression, j’ai dû approcher les grandes librairies d’Abidjan. Le responsable du bureau local de L’Harmattan à abidjan, une librairie, m’a répondu : «Mon frère, je subis le même sort que vous… Mais la commande sera là bientôt.» Mais pourquoi cela tarde ? L’ouvrage serait-il censuré par les autorités ? Les libraires auraient-ils enregistré quelques menaces, ne serait-ce que voilées du pouvoir ? Sur la question, la Librairie de France a été catégorique : «Non ! Jamais ! C’est que notre commande arrive par bateau, ce qui permet de réduire le prix du livre pour le client, or si la commande vient par avion, la grande marge bénéficiaire profite à l’avionneur et on est obligé de répercuter cette différence sur le prix au consommateur », dit M. Brahima Soro responsable des achats qui poursuit : «J’ai fait dans un premier temps une bonne commande, que je vais vendre sans avoir besoin de dédicace. Ici les gens font les réservations, et avant que la commande arrive, tout est presque vendu. Pour la dédicace, je serai amené à passer une autre commande.» Et de rassurer après m’avoir présenté la quantité commandée : «Lorsque Gbagbo était au pouvoir, j’ai vendu des livres pro-Ouattara ; je ne comprendrais pas que l’on me demande de ne pas vendre des livres pro-Gbagbo au moment où Ouattara est au pouvoir. En tout cas, personne ne m’a demandé d’interdire un livre depuis que je suis là.» Les réservations se font donc dans ces librairies et dans bien d’autres encore. Et parmi les plus fournies, on a par exemple celles du juriste Alain Bouikalo qui a commandé à lui seul 3 livres et ce banquier, Marcel D. K., qui a réservé 2 livres. a la lumière de ces témoignages, on garde la tête froide, tout en mesurant la volonté de tout ce monde de voir le Président Laurent Gbagbo libéré et de retour dans son pays. Et à ma grande surprise, je peux dire que les partisans de Gbagbo et les patriotes ivoiriens et africains, m’ont «arraché» ce livre ; c’est devenu leur affaire, c’est pourquoi ils en font la promotion sans mon avis.

Germain Séhoué
ge05895444@yahoo.fr