En Côte d’Ivoire: la colère des maliens après les sanctions de la Cédéao
Par Lemonde.fr - En Côte d’Ivoire, la colère de la communauté malienne après les sanctions de la Cédéao.
Les nombreux Maliens établis à Abidjan sont affectés par les mesures restrictives sur les échanges commerciaux et les transactions financières.
Par Yassin Ciyow(Abidjan, correspondance)
D’ordinaire, le « parking du Mali », situé à proximité des terminaux du port d’Abidjan, est en effervescence du lundi au samedi. Environ 250 camions chargés de produits alimentaires, de biens de consommation et surtout de clinker (principal constituant du ciment) sortent chaque semaine de cette gare de fret transitaire et quittent la capitale économique ivoirienne pour prendre la direction du nord, vers le Mali voisin.
Mais un calme irréel règne sur place depuis l’annonce par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), dimanche 9 janvier, d’une nouvelle salve de mesures punitives à l’encontre de Bamako pour sanctionner la junte au pouvoir, notamment un embargo sur les échanges commerciaux et les transactions financières.
Une centaine de camions sont garés en rangs serrés et autant de chauffeurs se languissent sous les arbres, dans l’attente de savoir s’ils pourront prendre la route avec leurs marchandises.
Coiffé d’un bonnet dogon, Ibrahim Sangaré, un commerçant malien œuvrant dans l’import-export en Côte d’Ivoire, ne décolère pas. Ses poids lourds, bourrés de riz et de sucre importés d’Asie et arrivés par conteneur, sont bloqués là, à plus de 1 000 kilomètres de Bamako, leur destination finale.
Pourtant, le régime de sanctions prévoit des exceptions pour les « produits alimentaires de grande consommation » et d’autres biens de première nécessité, comme les médicaments.
« Les mesures annoncées sont déjà très brutales, mais si on les rend plus dures encore sur le terrain, jusqu’à empêcher la nourriture de traverser la frontière, ça va vite se transformer en drame pour nos frères et sœurs, lâche Ibrahim Sangaré. Sans parler de nos affaires, qui vont s’effondrer. »
« Dans le doute, on a tout bloqué »
Sur place, les douaniers se défendent et invoquent un « rodage » de l’administration pour expliquer la confusion. « Nous avons été surpris par les annonces de sanctions et l’exigence de les appliquer sans délai, confie l’un d’eux.
Dans le doute, on a tout bloqué. » Les produits pétroliers et l’électricité vendus par la Côte d’Ivoire au Mali devraient également bénéficier du régime d’exception. En attendant, les grossistes songent à utiliser d’autres routes commerciales en passant notamment par la Guinée, où les militaires au pouvoir refusent d’appliquer le blocus contre le Mali.
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