En Côte d'Ivoire: Il y a des opportunistes repentis et des repentis opportunistes (Pr Prao Yao Séraphin)

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - En Côte d'Ivoire, il y a des opportunistes repentis et des repentis opportunistes (Pr Prao Yao Séraphin).

Pr. PRAO YAO SERAPHIN.

Depuis 2011, la Côte d’Ivoire est devenue le théâtre des scènes politiques les plus inattendues. Les opposants « achetés » à un franc symbolique et des partis politiques divisés à cause de la cupidité de certains acteurs politiques. On enregistre également un chapelet de plateformes politiques et alliances parfois tant étranges qu’insensées.

On ne peut pas manquer de signaler les départs tonitruants de certaines personnalités des partis politiques jugés solides et unis. En cette année électorale, les surprises sont à venir avec des feuilletons politiques époustouflants et rocambolesques. Rien de nouveau me dira-t-on, mais dans la logique tribunitienne qui est la nôtre, il nous faut avertir le peuple, le peuple de Côte d’Ivoire, afin qu’il fasse un choix éclairé et juste, le moment venu. La vérité est que l’avenir est aussi inquiétant que le présent.

Toute une série d’éléments se sont évidemment conjugués pour nous emmener à un degré d’indignité morale et politique, en Côte d’Ivoire, dans le vain espoir d’écraser l’élan du peuple. Tous les partis politiques engagés dans la course électorale se sont nettement démasqués. La vérité saute aux yeux. C’est une espèce de connivence qui n’attend que le moment propice pour montrer qu’ils ne sont que des instruments domestiqués au service de l’ennemi notre peuple. Notre objectif dans cette réflexion est simplement de présenter deux catégories de politiciens que nous enregistrons dans notre pays depuis quelques années : les opportunistes repentis et les repentis opportunistes.

Il restera au peuple de Côte d’Ivoire de faire son choix et surtout d’éviter de prendre au premier degré, les propos de ces politiciens. Nous présentons dans un premier temps, les opportunistes repentis et dans un second temps, les repentis opportunistes. Concernant les opportunistes repentis, ils sont très nombreux et leurs histoires ne datent pas d’aujourd’hui. Mais pour bien les identifier, il convient de revenir sur certaines définitions. On peut définir l’opportunisme comme l’attitude consistant à régler sa conduite selon les circonstances du moment, que l’on cherche à utiliser toujours au mieux de ses intérêts.

Un repenti est une personne qui exprime le regret d'avoir commis une faute, un péché que l'on désire expier. Les opportunistes en politiques sont simplement les adeptes de l’expression : « La politique est la saine appréciation des réalités du moment ». Dès que les évènements leurs sont favorables, ces politiciens se voient un destin présidentiel et se comportent comme tel. Oubliant qu’une grenouille ne peut jamais devenir un bœuf, ils s’arrogent des attributs qu’ils ne méritent guère, jusqu’à ce qu’ils se rendent à l’évidence qu’ils ne représentent rien.

Face à cette réalité, il ne leur reste que le retour à la case départ. Ce sont ces politiciens que nous appelons les opportunistes repentis. La transhumance politique est la principale « maladie » de ces politiciens. Cette transhumance politique apparaît donc comme étant une action opportuniste des hommes politiques sans aucune idéologie à la recherche d’une nouvelle élite avec l’espoir de bénéficier de quelques avantages matériels et sociaux : postes de responsabilité, privilégiés politiques, impunité pour faute de gestion, etc. Les Ivoiriens doivent se méfier de ces politiciens car comme le rappelle Sonia Lahsaini, « l’opportuniste ne sert que sa cause en voulant faire croire le contraire ».

Au sujet des repentis opportunistes, ils sont nouveaux sur la scène politique. Ce sont des politiciens qui ont fait du mal à la nation. Il arrive parfois que certains se prennent pour le Christ au point de vouloir mener un combat pour un certain peuple « élu ». Mais les moyens utilisés dans ce combat sont loin de ceux du Christ. Ces politiciens refusent la voie difficile, celle où les convaincus d’une cause, ne cessent d’emprunter, pour aboutir à la noble sacralisation de la vérité. Le plus souvent, ces ennemis de république s’assemblent pour former leur république de copains et de coquins. Mais très vite, les fissures se signalent et la guerre fratricide éclate au sein de cette nébuleuse.

Dans cette guerre des ennemis de la nation, les plus faibles capitulent et rejoignent ceux qui sont restés fidèles à la nation. Ce sont ces politiciens que nous appelons les repentis opportunistes. Ils créent parfois des formations politiques qui se disent vouloir accompagner ou défendre les aspirations des masses populaires. Mais en réalité, ils sont le symbole de la faillite de cette classe politique assise sur de fausses valeurs. Mensonges, dilatoires, illusions, discours démagogiques, promesses vides, revirements, vœux pieux, attitude hostile à toute démarche progressiste radicale, à tous ceux capables de faire front face aux forces insatiables de l’impérialisme et de néo-colonialisme, voilà leur dénominateur commun.

Le peuple de Côte d’Ivoire doit se méfier de ces politiciens car il y a une différence entre la repentance et le fait de se repentir. La repentance est la douleur qu’on éprouve de ses péchés ; elle entraîne un changement d’attitude.La repentance diffère du repentir, en ce que celui-ci est plutôt le regret que nous causent nos fautes, et nos erreurs. Méfions-nous de ces politiciens étranges dont les ambitions individuelles et illégitimes finiront bien par faire éclater au grand jour, l’opportunisme fieffé et la démagogie outrancière qui couvent sous la cendre de leurs compromissions.

Ces personnalités politiques se révèleront être rien d’autre que des politiciens médiocres, cyniquement et objectivement au service de l’impérialisme. Pour ma part, je garde à l’esprit cette pensée de Honoré de Balzac « il se méprisera lui-même, il se repentira mais la nécessité revenant, il recommencerait cat la volonté lui manque, il est sans force contre les amorces de la volupté, contre la satisfaction de ses moindres ambitions ».

Par Pr. PRAO YAO SERAPHIN