Débats et opinions: Investissements étrangers. De quoi la France a-t-elle peur?

Par Correspondance particulière - INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS : DE QUOI LA FRANCE A-T-ELLE PEUR ?

François Hollande, Président de la République française.

Or donc, les Investissements Étrangers Directs (IED) ne sont pas bons pour la vie politique et socio-économique des nations récipiendaires. Cela, la France, apôtre de la mondialisation qui fait fi des lois et des frontières des petites nations, vient de le démontrer face à l’Amérique de Barack Obama. La France a élevé une baraque face aux milliards américains pour protéger ses travailleurs et son honneur dans « l’affaire Alstom-General Electric », c’était en mai dernier.
Aux côtés des Américains et des Anglais, la France socialiste ou conservatrice a toujours fait les éloges des bienfaits de la mondialisation. Ainsi, en Afrique, en Amérique latine et en Asie, des piliers stratégiques de l’économie de plusieurs nations tomberont aux mains des nations de l’ouest à travers des compagnies privées ou publiques. Au Congo et au Gabon, pour ne citer que ces deux pays africains, Elf France règne sur le pétrole. En Côte d’Ivoire, on se souvient encore très nettement de « Alassane vend et rachète » des années 90s. On se rappelle également cette période du « vent de l’est » au cours de laquelle le libéralisme sauvage sans limites était présenté comme un gage de développement. Tout opposant à ce «laissez faire » qui prend tout, vraiment tout aux nations du sud, est considéré comme un communiste à abattre. Le président Thomas Sankara y a laissé sa vie avec la complicité d’Houphouët Boigny le mouton, du moins le bélier de Yamoussoukro. La famille Bouygues et leur compagnie, prennent tout ce qui est vital en Afrique francophone. Nous parlons de l’électricité, l’eau, la téléphonie, le transport, etc. Nous assistons, avec les pratiques des Occidentaux en Afrique et ailleurs, à une sorte de « fouillez, bêchez et ne laissez nulle place où la main ne passe et repasse », c’est le conseil de La Fontaine en plein exercice simplement. 
Mais, lorsque d’autres nations veulent aussi investir en France, les piliers stratégiques qui sont balayés du revers de la main en Afrique, en Inde et ailleurs, refont surface et la France est prête à dire « non et assez » aux prétendants. En 2012, l’actuel ministre français de l’économie, monsieur Arnaud Montebourg a demandé à ce que la compagnie ArcelorMittal soit chassée parce qu’elle ne respecte pas la France. Or, les compagnies occidentales et spécialement françaises qui opèrent en Afrique et ailleurs ne permettent pas aux travailleurs locaux de vivre décemment. Elles y sont pour la main d’œuvre à vil marché. En Afrique, les compagnies françaises sont des sangsues qui pillent sans limites.
Le contraste qui frise l’animalisation des populations des nations dites « petites » est le suivant. Dans « l’affaire Alstom-General Electric », il faut souligner que monsieur Arnaud Montebourg parle de biens stratégiques qui doivent prendre en compte les intérêts de la France. Il s’agit de la santé, de l’eau, de l’énergie, du transport et de la téléphonie. Pendant ce temps, en plus de ce qui a été déjà mentionné dans le cadre de la Côte d’Ivoire comme propriétés françaises, l’aéroport d’Abidjan bien que portant le nom de Boigny, est lui aussi aux mains de la France. Il faut noter que la passation avortée entre Alstom et General Electric était une affaire entre deux compagnies privées. Alors que les gouvernements français font la pression sur les états africains, asiatiques et latino-américains pour liquider les biens publics. Le président Laurent Gbagbo est aujourd’hui embastillé en Hollande pour avoir osé défier cet ordre ancien qui considère les nations du sud comme une source où le nord vient puiser sans calcul ni loi pour aller se développer et nourrir ses populations. Nous avons encore en mémoire le nombre d’attentats auxquels le défunt président vénézuélien Hugo a échappé pour le pétrole qu’il donnait à son propre pays. Monsieur Arnaud Montebourg a dit « Non » à 16.9 milliards de dollars américains au nom des intérêts français. Nous sommes dans une mondialisation à deux vitesses. Elle change de données selon les nations en jeu. Sinon, étant donné que la politique d’ouverture est la seule qui vaille selon la France ; elle, la France devait naturellement accepter ce que General Electric achète Alstom. Il ne faut pas se leurrer. Nous sommes face à la politique « de fais ce que je te dis et ne fais pas ce que je fais » comme on le voit souvent dans les écoles entre enseignants et étudiants ou encore dans les églises entre pasteurs et brebis, du moins disciples. En s’opposant au deal entre General Electric et Alstom, le gouvernement de la France vient de dire très haut et très fort à qui veut l’entendre que les IED ne sont pas bons pour ceux qui les acceptent. Ils n’apportent pas le bonheur comme, elle, la France l’a toujours fait croire aux autres peuples. Et, pour ce faire, nous disons aux Africains et autres peuples martyrisés économiquement, socialement et politiquement, de prendre leurs destins en main. Car, on peut devenir ce qu’on veut être avec un peu de courage et de la confiance en ses propres capacités.

Une contribution de Sylvain De Bogou