CPI/ Quelque chose se prépare pour Gbagbo et Blé: Dr Boga Sako Gervais (vice-président d'Eds), fait des révélations
Par L'Inter - CPI/ Quelque chose se prépare pour Gbagbo et Blé: Dr Boga Sako Gervais (vice-président d'Eds), fait des révélations.
Dr Boga Sako Gervais est président-fondateur de la Fondation ivoirienne pour les droits de l'Homme et la vie politique (Fidhop), également vice-président de la plateforme d'opposition pro-Gbagbo, Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (Eds). Dr Boga Sako était récemment aux Etats-Unis dans le cadre d’une campagne d'information sur l'actualité en Côte d'Ivoire. Dans le prolongement de cette opération américaine, il anime une conférence, ce vendredi 10 mai 2019, à Liège (Belgique). En escale à Paris, il a fait quelques confidences à L'inter sur ses actions de lobbying.
A vous voir courir en Europe et récemment aux Etats-Unis, on pourrait dire que quelque chose se prépare pour Laurent Gbagbo ?
Oui, je puis vous confirmer que les lignes ont beaucoup bougé dans le monde dans le dossier Gbagbo. D'abord, l'opinion française a compris la supercherie et le complot monté par la communauté internationale et piloté par l'ex-président Nicolas Sarkozy contre le président Laurent Gbagbo. Aux États-Unis, c'est encore plus perceptible chez les autorités américaines. Ils en ont gros contre la Cour pénale internationale (Cpi) et donc cela nous profite. Et puis, le régime Ouattara nous facilite aussi la tâche, puisque tous ont découvert qui est réellement M. Alassane Ouattara.
Quelle est la réaction de Laurent Gbagbo face à vos actions de lobbying ?
S'agissant de la réaction du président Gbagbo concernant ma mission, je vous dirais ceci. J'attends de le rencontrer pour lui faire de vive voix le compte rendu, certes. Cependant, n'oubliez pas qu'il n'est plus en prison. Par conséquent, il suit au quotidien tout ce que nous faisons. Aussi, cette mission ayant été effectuée sous l'égide de la coalition de l'opposition politique ivoirienne Eds (Ensemble pour la démocratie et la souveraineté), j'ai déjà eu un entretien de travail avec le Vice-président en charge de la diaspora, M. Stéphane Kipré, et j'ai échangé avec notre président Georges Armand Ouégnin. Je puis donc vous dire que le président Gbagbo est informé et il ne peut que s'en réjouir. Mais j'y reviendrai.
De façon concrète, qu'avez vous fait aux Etats-Unis comme lobbying?
Aux États-Unis, j'ai eu plusieurs rencontres de haut niveau, des rencontres officielles, comme officieuses. Avec des personnalités politiques et avec des partenaires et activistes des droits de l'Homme. Parlant des hommes politiques américains, j'ai été reçu dans six cabinets de sénateurs où nous avons longuement débattu de la question de la Côte d'Ivoire. Je ne peux pas décliner les identités des sénateurs en question. Et puis, lors de ma visite à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international, j'ai eu la chance de rencontrer l'ex-présidente par intérim de la Banque mondiale, Mme Kristalina Georgieva. Une femme simple, qui m'a accordé de son temps pour parler de mon pays, alors que nous n'avions pas rendez-vous. Elle a même accepté de poser avec moi et mes hôtes pour des photos souvenirs. Avec les acteurs des droits de l'Homme, qu'il s'agisse des partenaires d'Amnesty international, de Human rights watch ou du National democratic institut, à Washington ou à New York, nous avons plusieurs fois échangé sur la situation des droits de l'Homme en Côte d'Ivoire et en Afrique.
Et de quoi avez-vous exactement parlé ?
Toutes les discussions avec mes interlocuteurs ont effectivement tourné autour de trois sujets : la Cpi et le dossier Gbagbo, la Commission électorale ivoirienne (Cei) à réformer, et le 3e mandat de M. Ouattara. Sur ces trois questions, nous sommes en phase. Pour les Américains, il est impensable qu'une personne acquittée par la justice soit sous liberté conditionnelle. C'est un scandale ! Et l'attitude de la cour d'appel de la Cpi est très suspecte. Elle laisse voir que cette institution est sous influence de certaines puissances, notamment de la France.
Pour la Cei, nos amis estiment que l'opposition politique ivoirienne et la société civile sont condamnées à obtenir du pouvoir une commission profondément réformée et équitable, bien avant l'élection présidentielle. Sinon, autant dire que la prochaine présidentielle ne sera point crédible, comme l'a été celle de 2015. À ce propos, ils considèrent que l'Union africaine (Ua), dont la cour de justice a condamné l'Etat de Côte d'Ivoire, est obligée de juger la nouvelle commission réformée. Et l'Ua doit même valider ou remettre en cause, très clairement, le prochain scrutin. Enfin, les Américains sont globalement opposés, mais catégoriquement, à l'idée d'un troisième mandat de M. Alassane Ouattara. Catégoriquement ! Et sur tous ces sujets, nos partenaires sont prêts à nous accompagner.
Quelle suite entendez-vous donner à cette campagne américaine ?
Pour la suite de notre lobbying, les compatriotes et amis de lutte aux États-Unis et moi-même, sommes engagés à poursuivre ces rencontres et à maintenir la pression sur le régime Ouattara. Vous me donnez donc l'occasion de saluer mes amis et frères, Demba Traoré, vice-président d'Eds, qui est basé à Atlanta, Laurent Adjéhi, président-Usa de mon organisme Graddh-Afrique, dans le Maryland, avec tous les membres du bureau, sans oublier Ferdinand Toutoukpeu de New York, qui a préparé les rencontres de New York et la conférence de clôture qui a eu lieu le samedi 13 avril. Retenons que tant que le président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé seront maintenus dans cet état de liberté sous conditions alors qu'ils sont acquittés, tant que la réconciliation nationale ne sera pas effective dans notre pays, sur la base d'une démocratie solide, avec des élections justes et équitables, plus jamais nous ne baisserons les bras ! Parce que des milliers de nos compatriotes ont payé de leur vie pour cela.
Vous êtes à Paris ce jeudi matin, qu'est-ce qui est prévu à votre agenda ?
Après la mission d'un mois aux États-Unis, la prochaine étape fixée sur mon agenda de lutte, c'est la conférence-débat du samedi 11 mai, à l'université de Liège en Belgique. Organisée toujours sous l'égide d'Eds, la Fidhop et la Plate-forme des organisations ivoiriennes du Benelux (Poib) dirigée par mon ami Tapé Groubira, cette conférence sera l'occasion de démontrer combien l'attitude de la Cpi dans le cas Gbagbo et Blé Goudé est tout sauf du droit. Je profite pour dire un grand merci à M. Michel Collon, écrivain et journaliste belge et ma jeune sœur, professeur Marie Paule Babli, juriste, qui participeront à ce panel avec moi. Nous attendons à cette rencontre, les patriotes et résistants ivoiriens de la Belgique, certes, mais surtout ceux de France. Tous les responsables de partis et des mouvements et associations de la résistance pro-Gbagbo en France. C'est pourquoi, avant d'aller en Belgique, je passe par la France pour mobiliser mes amis et collègues d'Eds et autres.
Réalisée par Blaise BONSIE, Correspondant en France