Côte d'Ivoire: L’incroyable histoire de la naissance de Gbagbo
Par Aujourd'hui - Côte d'Ivoire. L’incroyable histoire de la naissance de Gbagbo.
Laurent Gbagbo qui incarna l’opposition démocratique pendant dix longues années en Côte d’Ivoire et qui fut le président de la République le plus pacifique, est aujourd’hui un prisonnier déporté à La Haye comme jadis l’étaient ceux qui empêchaient les colons blancs de soumettre les populations africaines. Alors, comment cet homme contre qui la CPI a d’abord admis qu’elle n’avait pas de preuves suffisantes mais qui n’a jamais bénéficié de la moindre liberté conditionnelle peut-il, comme il le dit lui-même, se sortir de cette prison politique de la communauté internationale ? Nous sommes, à l’occasion de nos recherches, tombés sur le témoignage d’une femme qui a bien connu les Gbagbo, à commencer par sa mère.
En pays bété, la parenté est souvent assez complexe pour l’esprit non averti. Donc l’octogénaire qui nous fit ce témoignage sur la mère de Laurent Gbagbo expliqua d’abord leurs liens de parenté avant de nous dire que deux années après s’être mariée à Paul Koudou, le père de Laurent Gbagbo, ancien policier de son état et homme à la respectabilité établie dans toute la contrée, Marguerite Gadô n’avait toujours pas pris sa première grossesse. Or en Afrique, ce type de contre-performance génère un stress d’une extrême gravité. Ajouté à cela que le mari avait connu la ville et travaillé là-bas, c’était difficile à supporter.
Marguerite Gadô était une jeune femme. Impossible cependant d’évaluer son âge. Notre témoin en fut incapable, vu que les africains se déclaraient rarement à l’état-civil. De sorte que les deux années de disette sont totalement approximatives pour ces raisons. Toujours est-il que le couple commença à s’inquiéter et à interroger les oracles. Cela se passa dans la forêt sacrée du village qui abrite aujourd’hui la concession du président Gbagbo. Ceci expliquant peut-être cela. En tout cas, lorsque le sorcier du village les y emmena pour consulter les ancêtres, il dit ceci à la mère : « tu auras un enfant. Ce sera même un fils que tu vas avoir. Il sera grand et le monde entier parlera de lui. Mais il te causera également des chagrins immenses. Alors est-ce que tu es suffisamment prête pour supporter un tel enfant et les tourments qui accompagneront sa vie ? » Je veux mon enfant répondit la mère sans s’en laisser conter. Elle tomba enceinte quelque temps après. Puis eût deux enfants : Laurent, l’aîné en 1945 et Jeannette trois années plus tard.
Donc, la mère de Gbagbo a toujours su, raconte notre témoin. Et c’est pour cela qu’elle n’a jamais douté. D’ailleurs lorsque Laurent Gbagbo, alors enseignant d’histoire au Lycée classique, est arrêté et condamné au service militaire, c’est sa mère qui réconfortait ceux que la prison du fils alarmait. Parce qu’à l’époque, Houphouët-Boigny était perçu comme un démiurge dans nos contrées, capable d’entendre ce qui se dit entre des gens simples loin dans un village comme celui de Mama. Donc avoir des problèmes avec Houphouët-Boigny relevait d’une calamité dont il faut espérer se passer. Or, chose curieuse, la mère du jeune opposant n’a jamais été perturbée outre-mesure parce que selon les prévisions du sorcier, le fils causerait de grands tourments à ses parents mais à la fin, le monde entier louerait son nom.
D’autres témoins racontent que lors des événements de 1992, la mère de Gbagbo qui était désormais remariée à Gnaliépa n’avait pas montré plus de tristesse qu’à l’accoutumée. Car en pays bété, la prison est assimilée à un lieu insalubre, un dépotoir où l’on se débarrasse de ses besoins les plus repoussants à tel point que l’on mettait le deuil lorsqu’un mari, un parent ou un fils était condamné à la prison. La mère de Gbagbo, elle, ne l’a jamais fait pour les raisons évoquées plus haut.
Ainsi porté par la prophétie du sorcier du village, Laurent Gbagbo survécu à la prison de Séguéla et à celle de février 1992. Ce jour-là, Alassane Dramane Ouattara était premier ministre dans notre pays et avait été le premier à dire qu’il a vu de ses propres yeux Gbagbo casser et brûler les véhicules qui étaient immobilisés autour du tribunal. Mais au cours de cette arrestation, Gbagbo avait d’abord échappé de peu à un assassinat. Des témoignages existent, y compris parmi des officiers de la gendarmerie qui s’étaient retrouvés au sous-sol de l’immeuble de la Sogefia au Plateau. C’est l’un d’entre eux qui avaient empêché qu’il ne soit tué et on connait la suite. Est-ce à dire que le président Gbagbo se sortira, comme il le répète, de la CPI ?
Difficile à dire. On peut néanmoins évoquer les similitudes avec les autres terribles situations qu’il a traversées. Car comme en février 1992, Laurent Gbagbo a échappé à un assassinat. Pareil en 2011 où le monde entier a assisté, stupéfait aux bombardements de sa résidence. Ces assauts ont duré une semaine. Et selon des décomptes de militaires ivoiriens, 700 tonnes de bombes ont été larguées sur son domicile. Gbagbo en est cependant ressorti sans blessure.
Alors, lorsqu’on compare ces deux moments, on se dit que le miracle se poursuit. Et lorsqu’on ajoute à cela la détermination du concerné qui estime que ses geôliers gèrent la honte parce qu’ils sont allés trop loin, on a des raisons de croire que le président Gbagbo reviendra libre parmi nous. En tout cas le sachant, il est évident que la mère du président Gbagbo est morte avec la certitude que son fils n’a pas encore fini d’écrire la plus glorieuse des pages de l’histoire du monde.
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