Burundi : mort du président Pierre Nkurunziza, « à la suite d’un arrêt cardiaque »

Par Lemonde.fr - Burundi. Mort du président Pierre Nkurunziza, « guide suprême du patriotisme ».

Le président du Burundi, Pierre Nkurunziza, à Bujumbura.

Le chef de l’Etat burundais est mort, lundi 8 juin, à 55 ans, après une hospitalisation dans le centre du pays.

Par Cyril Bensimon

Pierre Nkurunziza est-il le premier dirigeant à périr des suites du Covid-19 ? Selon le communiqué publié mardi 9 juin par la présidence du Burundi, le chef de l’Etat est mort, la veille, « à la suite d’un arrêt cardiaque », à l’âge de 55 ans. L’annonce officielle explique que, dans la nuit du 6 au 7 juin, Pierre Nkurunziza s’est rendu à l’hôpital de Karuzi, dans le centre-est du pays, pour se faire soigner à la suite d’un malaise. Sa situation se serait améliorée dimanche mais « à la très grande surprise, dans l’avant-midi du lundi 8 juin, son état de santé a brusquement changé avec un arrêt cardiaque. (…) Malgré une prise en charge intense, continue et adaptée, l’équipe médicale n’a pas pu récupérer le patient. »

Un deuil national de sept jours a été décrété après l’annonce de la mort de celui qui s’était fait investir « guide suprême du patriotisme » en mars. De sérieuses interrogations surgissent sur les raisons de son décès car, dans les derniers jours de mai, l’épouse de Pierre Nkurunziza a été transférée vers le Kenya en avion médicalisé et était suspectée d’avoir contracté le Covid-19. Le gouvernement, qui avait prétendu que « la grâce divine » protégeait le Burundi de cette pandémie mondiale, a démenti.

Quand le monde entier vivait confiné, le Burundi votait, priait, jouait au football et déclarait même, le 14 mai, persona non grata quatre experts de l’Organisation mondiale de la santé, dont son représentant officiel à Bujumbura, la capitale. Dès lors, reconnaître que le président Nkurunziza a succombé à cette maladie reviendrait à admettre que la stratégie mise en œuvre a échoué. Pis, que les rassemblements organisés durant la campagne pour les élections générales, organisées le 20 mai, ont très certainement contribué à propager le virus.
« Décès inattendu »

Ces scrutins ont également permis l’élection, sans surprise, du général Evariste Ndayishimiye, le candidat du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), le parti au pouvoir. Successeur non désigné par M. Nkurunziza, le nouvel élu devrait, désormais, avoir les mains plus libres pour mener à bien la politique qu’il entend.

« Ce décès inattendu pourrait accélérer le phénomène d’ouverture suggéré par l’élection d’Evariste Ndayishimiye et débloquer la situation », estime Christian Thibon, professeur à l’université de Pau et ancien directeur de l’Institut français de recherche en Afrique. Selon le calendrier établi, le général Ndayishimiye devrait en théorie attendre jusqu’au 20 août pour entrer en fonctions.

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