BLE GOUDE EXPLOSE: LA LIBÉRATION DE GBAGBO SERA LE FRUIT DU TALENT DE CHACUN DANS L'ACTION COLLECTIVE

Le 21 décembre 2012 par Notre Voie - LE COJEP VIENT POUR DONNER DU FIL À RETORDRE À OUATTARA, il faut une opposition qui le dérange.

NV : Le dernier congrès du COJEP vient de transformer cette structure en un mouvement politique. D’aucuns parlent de parti politique. Quelle différence y a-t-il selon vous ?

CBG : La différence entre un parti politique et un mouvement politique se trouve dans l'objet de l'action. Alors que le parti politique a pour principal objet la conquête et l'exercice du pouvoir politique, le mouvement politique est porteur et promoteur d'idées sans pour autant viser la conquête et l'exercice du pouvoir. Voilà la différence cher monsieur.

NV : Que répondez-vous à ceux qui disent que mouvement politique ou parti politique, c’est bonnet blanc, blanc bonnet ?

CBG : je comprends que le concept peut être nouveau pour eux mais je dois leur dire qu'ils se trompent de penser ainsi. En tant que leader il est de notre devoir d'éclairer la lanterne de nos camarades. Un parti politique est bel et bien différent d'un mouvement politique. Le COJEP n'est donc pas un parti politique pour l'instant. Nous prendrons le temps de leur expliquer avec toute la pédagogie que cela requiert en étant conscients que il y en aura qui comprendront tout de suite, certains mettront du temps à comprendre; par contre d’autres, par mauvaise foi ou pour des raisons qui leur sont propres, ne comprendront jamais. Mais l'unanimisme n'étant pas de ce monde, on avancera avec ceux qui viendront et on continuera de faire comprendre.

NV : Le COJEP n’était-il pas déjà un mouvement politique ?

CBG : Le COJEP était un groupe de pression, et cela depuis sa création le 04 juin 2001 avant la crise. Mais le pouvoir traite le COJEP comme un véritable adversaire politique en emprisonnant et en réprimant ses responsables, Youan -Bi Agénor, Yavo martial et plusieurs de nos camarades sont incarcérés pour leur appartenance au COJEP. Moi-même, le pouvoir et ses soutiens extérieurs me poursuivent chaque jour à cause de la politique. Il valait mieux assumer.

NV : Les critiques n’ont pas tardé, notamment sur les réseaux sociaux où certains soutiennent que la création d’un tel mouvement n’était pas nécessaire et qu’il aurait fallu tout simplement vous joindre au FPI. Qu’en dites-vous ?

CBG : Les critiques enrichissent la réflexion et l'action politique. Elles montrent que notre mouvement est d'intérêt, et cela me réjouit. Même si je n'y ai jamais milité, le FPI est un parti politique qui s'est battu et continue de se battre pour l'avènement de la démocratie dans notre pays; ne pas le reconnaitre serait tordre le cou à l'histoire de notre pays. Ouattara a pour stratégie d'isoler le FPI pour soit le démanteler soit l'affaiblir. Ainsi il aura une soit disant opposition qu'il contrôle. Pour moi, il faut une force qui puisse renforcer le combat de l'opposition que mène déjà le FPI sur le terrain afin d’éviter d'avoir face à Ouattara une opposition unijambiste. il nous faut être trapéziste. On peut parler d'une même voix mais pas d'une seule voix. La politique ne s'accompagne pas d'émotions, elle s’accompagne d'analyse et d'actions; apprenons à bien connaitre notre adversaire et ses méthodes; et mettons-nous au travail.

NV : Un quotidien de la place a même affiché à sa une que Blé Goudé a tourné la page Gbagbo. Est-ce vrai ?

CBG : La même presse a aussi écrit que j'ai créé mon parti politique malgré les résolutions que nous avons publiées parce que nous n'avons rien à cacher. Mais je dois vous dire que je ne laisserai pas la presse décider à ma place. Non, je ne suis pas aussi naïf que ça. la transformation du cop en mouvement politique, loin d'être une action parricide, doit être comprise comme un acte politique courageux qui vient pour renforcer, perpétrer et pérenniser l'œuvre de notre maitre, Laurent Gbagbo. Le jour où il reviendra, il sera fier de ne pas trouver tout en l'état et il nous félicitera d'avoir fait bouger les lignes. Car la carpologie politique de la cote d'ivoire post crise ne sera plus jamais la même. Évitons d'être des gens qui regardent sans voir. Le COJEP mènera le combat pour la libération de Gbagbo auprès du FPI. La cote d'ivoire de demain sera faite d'alliance. GBAGBO et son parcours sont ma source d'inspiration. Il m'avait déjà averti que je ferai face à une adversité, fruit d'un déterminisme générationnel. Je refuse d'être un héritier cueilleur, je suis un héritier dans la dynamique de création pour mieux fructifier l'héritage de notre maitre Gbagbo. Comme nous ne sommes pas partisans des coups de force, marquons la différence par notre intelligence.

NV : Quel type de lien un mouvement comme le vôtre peut-il entretenir avec le FPI ?

CBG : Il existe plusieurs sortes d'alliances; l'alliance affective, l'alliance circonstancielle comme celle qui lie le RDR au PDCI, l'alliance idéologique ou de vision. L’alliance affective ne résistant pas au temps, le COJEP souhaite une alliance idéologique et de vision politique avec le FPI ou toute autre formation politique qui ne se joue pas des ivoiriens et de leurs souffrances. L'objectif de l'équipe étant de gagner, notre victoire sera le fruit du talent de chaque joueur au sein de l'action collective. Regardez bien Ouattara, se sentant seul, il s'est mis dans une alliance circonstancielle avec le PDCI pour légitimer son pouvoir par des calculs arithmétiques,; maintenant qu'il a un camp politique à sa solde, il travaille à isoler le FPI tant sur la plan national qu'international. Évitons ce piège et ouvrons-nous au monde. C’est pourquoi je salue les derniers voyages du président Miaka.

NV: Maintenant que le COJEP est un mouvement politique déclaré, va-t-il chercher à mener des négociations séparées avec le pouvoir en place dans le cadre du processus de réconciliation ou va-t-il se joindre au groupe de Bassam avec les Gervais Coulibaly ?
D’aucuns vous soupçonnent de vouloir chasser sur les terres du FPI…

CBG : Ceci me parait être un raisonnement émotionnel qui s'éloigne violemment de la réflexion et de l'action politique. C'est le monde des idées et des réflexions qui fait bouger le monde. L'attitude sans idées ne donne pas l'aptitude à faire bouger le monde. Quand le monde bouge, les lignes bougent. Et quand vous refusez de bouger avec le monde, c'est le monde qui vous fait bouger sans votre avis. Vous courez ainsi le risque de ne plus avoir le control de l'action. Un homme politique doit faire bouger les lignes. En conclusion, le COJEP ne cherche pas à chasser, le COJEP cherche à enrichir l'espace de l'opposition et à contrer ouattara.

NV : Maintenant que le COJEP est un mouvement politique déclaré, va-t-il chercher à mener des négociations séparées avec le pouvoir en place dans le cadre du processus de réconciliation ou va-t-il se joindre au groupe de Bassam avec les Gervais Coulibaly ?

CBG : Nous ne chercherons pas à nous soustraire du combat de Gbagbo. Nous étions à Dakar aux côtés du FPI. Nous ne croyons pas que ce soit le moment de faire cavalier seul, ce serait faire le jeu du pouvoir. L’action unitaire rentre dans notre stratégie. Ensemble nous pouvons faire bouger les choses.

NV : Ne craignez-vous pas que le pouvoir n’autorise pas votre mouvement à fonctionner légalement déjà qu’il vous a contraint à tenir un congrès clandestin ?

CBG : Le fromager nait et grandit dans les difficultés. Les circonstances dans lesquelles notre mouvement politique est né nous annoncent déjà que la partie n'est pas gagnée d'avance, et j'adore ça. Les camarades sont psychologiquement préparés à affronter les difficultés pour que le COJEP ait sa place. Je les félicite car les pagnes et les cartes du mouvement se vendent déjà comme de petits pains.

NV : la CPI vient de fixer la date de l’audience de confirmation des charges contre le président Gbagbo au 19 février 2013, que peut-on attendre de cette échéance selon vous ?

CBG : je vous le répète encore, c'est la conjugaison de nos efforts sur le plan politique et diplomatique qui nous ramèneront Gbagbo. Tout le reste n'est que cinéma. Que Dieu bénisse et fortifie les ivoiriens.

NV : Quel sort réservez-vous à l'alliance des jeunes patriotes et à la galaxie patriotique, maintenant que vous êtes président d'un mouvement politique?

CBG : Mes nouvelles fonctions mettent ainsi fin au débat sur l'appropriation des mouvements de jeunesses patriotiques. La jeunesse ivoirienne m'a tout donné et je lui dois beaucoup. Je tiens à rester en contact permanent avec elle afin de lui donner une trajectoire politique. C'est pourquoi nous avons créé une structure chargée de l’encadrement et de la mobilisation de la jeunesse au sein du COJEP; c’est l'UJCOJEP. En ce qui me concerne, la vérité est que je ne suis plus jeune. La jeunesse est un moment dans notre vie. On est pas jeune éternellement. Mes adversaires me le démontrent chaque jour par le traitement de choc qu'ils m'infligent depuis que je suis en exil. j'ai décidé de m'assumer dans la droite ligne que Gbagbo a tracée et avec les enseignements que j'ai reçus de lui. Je veux participer au débat et à la vie politique de mon pays. je ne veux pas donner raison à ceux qui pensent que je ne suis capable de rien et que je ne suis bon que pour la rue. La suite nous situera.

Propos recueillis par Augustin Kuyo