Avant la formation du nouveau gouvernement: voici ce qui se passe
Par Le Temps - Avant la formation du nouveau gouvernement. Voici ce qui se passe.
Lors du dernier congrès extraordinaire du Rdr au Palais des Sports de Treichville, le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, a promis former un gouvernement Rhdp, la coalition au pouvoir, «dans les prochaines semaines». Il vient de donner le coup d’envoi de cette entreprise tant attendue par les Ivoiriens en signant, le mercredi 4 juillet 2018, au palais présidentiel d’Abidjan-Plateau deux décrets.
L’un porte sur la démission du gouvernement d’Ahmadou Gon Coulibaly le Premier ministre sortant. L’autre porte sur sa reconduction immédiate aux fins de lui proposer une nouvelle équipe essentiellement formée des personnalités issues du Rhdp, comme cela avait été clairement indiqué au 4ème congrès extraordinaire du Rdr. Même si un deadline a été fixé au Premier ministre pour faire des propositions au chef de l’Etat, tout le monde sait déjà la texture de la future équipe gouvernementale.
Le Pdci-Rda de Henri Konan Bédié et l’Upci de Brahim Soro qui ont été voués aux gémonies pour avoir publiquement craché sur l’Opa de Ouattara devront se renier, s’ils veulent avoir une portion du gâteau. Parce qu’Alassane Ouattara a été clair quand l’Upci a voté à 94,87% « NON» contre le parti unifié. Il a dit ceci au Palais des Sports de Treichville, à la clôture du dernier congrès du Rdr : «C’est son droit, donc ce parti ne fera pas partie du gouvernement Rhdp que j’ai l’intention de former dans les prochains jours. » « Je suis très clair, le Rhdp se constituera avec ceux qui le voudront bien, ce n’est pas une obligation.
Oui, le Rhdp se constituera avec ceux qui le voudront bien. Je prends donc acte de la décision de l’Upci de ne pas faire partie du Rhdp à la date d’aujourd’hui ». Faire des consultations par une telle météo politique au-dessus de sa tête, met le Premier ministre Gon en position de force. Il a tous les moyens de pression pour faire fléchir des gros bonnets au sein des partis réfractaires.
D’aucuns évoquent la foire au chantage et au reniement de soi ; Ouattara pourrait être tenté de voir clair dans certains dossiers. L’un des leviers sur lesquels Ouattara va jouer pour faire réfléchir par sept fois les ministres, présidents de conseils d’administrations et autres présidents d’institutions Pdcéistes dans cette guerre du Parti unifié, c’est la menace de se faire auditer. Il sait que pour avoir géré des départements aussi importants que des ministères et autres grosses sociétés d’Etat, des cadres Pdcéistes ont pu y laisser certaines traces qui pourraient s’avérer pas bien à exhiber sur la place publique.
Il est à leur avantage d’éviter cette publicité peu reluisante. Et la seule façon pour eux de sauver leur mise, c’est de rompre les amarres avec Bédié et faire ami-ami avec Ouattara. Car, s’il est allé jusqu’à déclarer publiquement l’Upci indigne de participer à la gestion des affaires publiques, parce que cette formation n’a pas adoubé le Parti unifié, qu’en sera-t-il de ceux qui à un moment donné, ont mangé au Prytanée.
S’ils partent avec Bédié, ces cadres Pdcéistes devront assumer, voilà l’épée de Damoclès qui plane sur leurs têtes et qui, dit-on, a inspiré la création du courant «Sur le traces d’Houphouët », avec pour porte-étendard le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani. C’est la porte de sortie tout trouvée par les hommes du pouvoir pour éviter que l’opération tourne au vinaigre. L’on pourrait y voir le dos tout rond de l’allié nageur. La crainte des audits va induire nécessairement un vent de reniement de soi qui va faciliter le travail de Gon Coulibaly. En effet, certains gros bonnets du Pdci-Rda comme le très titré Jeannot Ahoussou Kouadio ont déjà sonné le tocsin.
Ce dernier a mis le Rhdp au-dessus du Pdci-Rda son parti d’origine. Le ministre Adjoumani, le porte-parole en rupture de ban avec la direction du Pdci-Rda qui l’a aussitôt éjecté, lui a emboité le pas. Le vice-président Daniel Kablan Dunca est depuis toujours Adocompatible. La liste n’est pas exhaustive. Ceux-là sont déjà avec Ouattara pour préserver leurs acquis. Ils ont pour tâche désormais de pêcher d’autres cadres en leur miroitant des avantages à couper le souffle.
Et la mayonnaise pourrait prendre, parce que le pays va mal. Une nomination à une haute fonction étatique ça ne court pas les rues. Et puis, ne dit-on pas que « un tu as vaut mieux que deux tu auras ! » Mieux vaut manger avec Alassane Ouattara maintenant que d’attendre 2020, si peut-être Henri Konan Bédié est élu pour espérer avoir un poste. Voilà l’idée qui, selon des indiscrétions, fait son petit bonhomme de chemin dans les rangs des pro-Parti unifié, principalement au Pdci-Rda. Pour affaiblir Bédié, à défaut de le déboulonner en si peu de temps. Mais la partie ne semble pas pour autant facile pour les agitateurs d’idées au service de M. Ouattara.
Le président du Pdci-Rda sait sur quoi et quoi il a posé le pied, pour ainsi dire, avant de défier Ouattara qui a la signature, pour parler comme le Président Gbagbo. Le seul combat de Konan Bédié, selon des indiscrétions, reste à convaincre le président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, pour que ce dernier passe du stade d’observateur intéressé, qu’il est depuis que la guerre du Parti unifié a commencé, pour se positionner véritablement aux côtés du Pdci-Rda. Car, selon certains observateurs, une alliance Bédié-Soro a toutes les chances de venir à bout des partisans du Rhdp. On attend de voir comment Bédié pourra se concentrer sur le « pacte » avec Soro.
B T