Au Royaume-Uni: le vol censé expulser des migrants vers le Rwanda est annulé
Par Ivoirebusiness - Au Royaume-Uni. Le vol censé expulser des migrants vers le Rwanda est annulé.
Après des recours en justice et une décision en urgence de la Cour européenne des droits de l'Homme, l'avion spécialement affrété pour expulser jusqu'à 130 migrants vers le Rwanda ne partira finalement pas mardi soir. La mesure, poussée par Londres, était vertement critiquée. Mais le gouvernement britannique a assuré ne pas se "décourager".
C'est un revers humiliant pour le gouvernement britannique. Malgré sa détermination à expulser des migrants vers le Rwanda pour dissuader les arrivées illégales au Royaume-Uni, le premier vol, prévu dans la soirée du mardi 14 juin, a été annulé à la suite de recours de dernière minute.
Avec son projet d'envoyer des demandeurs d'asile arrivés clandestinement au Royaume-Uni dans ce pays d'Afrique de l'Est, à plus de 6 000 kilomètres de Londres, le gouvernement britannique prétend freiner les arrivées illégales depuis la Manche. Ces traversées ne cessent d'augmenter malgré ses promesses répétées de contrôler l'immigration depuis le Brexit.
Ce projet critiqué par l'ONU est très populaire au sein de l'électorat conservateur, alors que Boris Johnson tente de restaurer son autorité après avoir échappé à un vote de défiance de son parti. Mais après des recours en justice, et une décision en urgence de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), l'avion spécialement affrété pour des centaines de milliers d'euros est finalement resté au sol.
Après ce soudain revirement, le gouvernement rwandais a affirmé ne pas être "découragé" par l'annulation d'un vol. Le pays africain "se tient prêt à accueillir les migrants lorsqu'ils arriveront et à leur offrir sécurité et opportunités dans notre pays", a indiqué mercredi la porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo.
"Déception"
Ce volte-face a également "déçu" la ministre britannique de l'Intérieur Priti Patel qui s'en est pris à la CEDH. "J'ai toujours dit que cette politique ne serait pas facile à appliquer et je suis déçue que les contestations judiciaires et les réclamations de dernière minute aient empêché le vol d'aujourd'hui de décoller", a-t-elle déclaré mardi soir.
La ministre a jugé "très surprenant que la Cour européenne des droits de l'Homme soit intervenue malgré des succès antérieurs répétés devant nos tribunaux nationaux". "On ne nous découragera pas de faire ce qu'il faut et de mettre en œuvre nos plans pour contrôler les frontières de notre pays", a-t-elle cependant averti, ajoutant que l'équipe juridique du gouvernement "examine chaque décision prise sur ce vol et la préparation du prochain vol commence maintenant".
À l'origine, les autorités comptaient expulser jusqu'à 130 migrants (Iraniens, Irakiens, Albanais ou Syriens) dans ce premier vol, un chiffre qui s'est réduit comme peau de chagrin à la suite de divers recours individuels.
Et dans un rebondissement de dernière minute, la CEDH a stoppé mardi soir l'expulsion d'un demandeur d'asile irakien, en prenant une mesure d'urgence provisoire. Une source de soulagement pour les associations de défense des droits des migrants qui jugent le projet du gouvernement cruel et inhumain.
La CEDH, basée à Strasbourg, a estimé que l'expulsion de l'Irakien devait être repoussée jusqu'à ce que la justice britannique ait examiné la légalité du projet de loi, ce qui est prévu en juillet. Il s'agit en particulier de s'assurer que les migrants puissent avoir accès à des procédures équitables au Rwanda et que le Rwanda soit considéré comme un pays sûr.
"Assaut sur la CEDH"
Des associations ou organisations de soutiens aux réfugiés se sont félicités de ce dénouement comme Refugee Council qui a fait part sur Twitter de son "immense soulagement".
"Maintenant, nous devons nous préparer à résister à l'assaut total des conservateurs sur la CEDH qui est sûrement à venir", a averti la Première ministre écossaise et cheffe des indépendantistes écossais, Nicola Sturgeon.
Selon le quotidien conservateur The Telegraph, le gouvernement britannique pourrait reconsidérer son adhésion à la Convention européenne des droits de l'Homme afin de pouvoir mettre en œuvre sa stratégie, malgré les critiques, de l'église anglicane jusqu'au prince Charles qui juge le projet "consternant", selon le Times.
En attendant, pour le gouvernement le revers est cinglant. Les quotidiens Metro et The Mirror évoquent une "mascarade" tandis que le journal de gauche The Guardian souligne le "chaos" provoqué.
France24 avec AFP