Après l’interdiction de son film sur Gbagbo : Saïd Penda interrogé par la DST à Douala

Par L'Inter - Saïd Penda interrogé par la DST à Douala.

Il n'est pas au bout de ses peines. Saïd Penda, ancien journaliste de BBC et auteur du documentaire intitulé '' Laurent Gbagbo : despote ou anti-néocolonialiste... Le verbe et le sang '' dont la projection a été interdite le samedi 11 janvier 2014 à Douala au Cameroun, a été interrogé mardi 14 janvier dernier à la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) de ladite ville. L'information a été confirmée par le concerné lui-même sur sa page facebook. «Interdiction de mon film toujours pas levée, malgré interrogatoire hier à la DST à Douala », a-t-il écrit. Ainsi, la première projection publique de ce documentaire sur Laurent Gbagbo a tourné court. Le réalisateur Saïd Mbombo Penda a été prié de congédier les journalistes ainsi que les autres invités conviés à cette avant-première samedi dernier à Douala. «Les éléments de la Direction de la sécurité du territoire sont arrivés et m’ont indiqué que la hiérarchie a interdit cette projection», avait indiqué Saïd Penda. Il faut dire que l'ancien journaliste croît toujours en son affaire. Selon lui, les Camerounais sont très fair-play et une fois la vérité connue, ils tourneront à jamais le dos à « l'imposteur Gbagbo ». «L'interdiction était le genre de "publicité" que je ne veux pas pour mon pays », a-t-il souligné. C'est le samedi 11 janvier dernier, à l’hôtel Lewat à Douala au Cameroun, que la police a investi les lieux avant le début de la projection. « Aucune notification, encore moins de motivation de cette interdiction. Trois agents des services de renseignement camerounais (Direction de la Surveillance du Territoire) avec "les consignes de la hiérarchie pour interdire la projection. Et un choix pour moi: soit vous demandez à vos invités d'évacuer la salle ou c'est nous qui faisons venir des hommes pour les évacuer’’ », a expliqué le réalisateur. Ce film de 2X52mn dévoile, à travers les témoignages des acteurs et les déclarations de l’ancien président ivoirien lui-même, comment Laurent Gbagbo a exacerbé les tensions communautaires dans son pays ; renforcé l’exclusion des populations du nord de la Côte d’Ivoire ; instrumentalisé la religion, nourri le sentiment xénophobe naissant ; chatouillé les instincts et les réflexes anti-occidentaux d'une partie de son peuple et d'autres africains. Les organisateurs qui soutiennent que «ce documentaire n’avait rien de subversif », n’ont pas pu convaincre la police, ce qui a mis prématurément fin à la cérémonie, non sans décevoir le public. «Nous sommes déçus que les choses se passent encore dans notre pays de cette manière au 21è siècle. De quoi ont peur les autorités pour un documentaire qui ne concerne même pas a priori le Cameroun et ses dirigeants ? C’est sans doute une solidarité entre dictateurs et forces anti-progressistes, sinon cette interdiction n’a aucun sens», fulmine un des membres du public. Ce documentaire est une «autre version qui permet de mieux comprendre la vérité sur ce qui s’est passé au terme de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, et dont nous avons le sentiment que c’est la justice des vainqueurs qui est actuellement appliquée », ont déclaré les organisateurs. Ces derniers qui sont «déterminés à poursuivre le combat pour la manifestation de la vérité», pensent qu’on devrait laisser le public faire sa propre religion sur ce sujet qui constitue «un combat pour la lutte contre l’oppression en Afrique ».

Cyrille DJEDJED