ALERTE INFO/URGENT: François Hollande élu président de la République
Le 06 mai 2012 par 20minutes.fr - POLITIQUE - Les premières estimations CSA du second tour de l'élection présidentielle donnent le socialiste vainqueur avec 51,8% des voix...
Le 06 mai 2012 par 20minutes.fr - POLITIQUE - Les premières estimations CSA du second tour de l'élection présidentielle donnent le socialiste vainqueur avec 51,8% des voix...
François Hollande est le septième président de la Ve République. Les urnes auront confirmé les tendances des sondages. A 20 heures, le socialiste François Hollande gagne le second tour de l’élection présidentielle, avec 51,8% des voix, devant Nicolas Sarkozy, qui totalise 48,2 % des suffrages exprimés, selon les premières estimations réalisées par CSA. Les Français n'ont pas boudé les urnes. Selon les premières estimations, l’abstention s’établit à 19,6%, soit plus qu’en 2007, alors à 16,3%. C’est seulement la troisième fois en neuf élections au suffrage universel qu’un candidat de la gauche l’emporte.
Un président sortant non réélu, c’est une première depuis Valéry Giscard d’Estaing, en 1981, alors battu par le socialiste François Mitterrand. Un camouflet pour Nicolas Sarkozy dont la stratégie de droitisation adoptée au soir du premier tour, le 22 avril, et consistant à courtiser les électeurs de Marine Le Pen, n’a finalement pas fonctionné.
En revanche, à gauche et au centre, les voix se sont bien reportées sur le candidat socialiste François Hollande. Cinq candidats du premier tour, à savoir Eva Joly, Jacques Cheminade, Philippe Poutou, Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou avaient d’ailleurs annoncé qu’ils voteraient pour le candidat socialiste.
Explosion de joie du côté du camp socialiste et devant le siège du parti, rue de Solférino, avec le grand rassemblement place de la Bastille à Paris, et des rassemblements dans de nombreuses villes en région, notamment à Lille, sur la Grand-Place, au Transbordeur à Lyon, et sur la place de la Victoire à Bordeaux.
La Première secrétaire du PS , Martine Aubry a déclaré sur TF1 après les résultats: «L'opposition sera respectée, attendue et entendue, sur les grands axes de la politique étrangère et de la politique française».
Nombreuses réactions des deux camps
Les socialistes étaient plutôt confiants depuis la mi-journée. Ainsi, Aquilino Morelle, la «plume» de François Hollande, expliquait ce midi au restaurant où a déjeuné le candidat socialiste: «Il y a une logique politique. Quand vous lancez une pièce en l'air, il est rare qu'elle tombe sur la tranche», expliquant ainsi que la tendance était favorable aux socialistes et que la victoire était prochaine. Il ajoutait: «Quand vous avez donné le meilleur de vous même, vous n'avez rien à regretter».
A droite, les partisans de Nicolas Sarkozy sont rassemblés à la Mutualité. Le rassemblement de la droite à la Concorde a été finalement annulé, aucune sonorisation ayant été installée, le régisseur n’étant pas sur place. Selon l'AFP, Nicolas Sarkozy a exhorté les ténors UMP qu'il recevait à l'Elysée à «rester unis» et à «ne pas se diviser».«Il faut gagner la bataille des législatives. Elle est gagnable. Le score est honorable. Je ne mènerai pas cette campagne», a-t-il déclaré.
A la Mutualité, Nicolas Sarkozy a remercié ses troupes et les Français qui ont voté pour lui, regrettant de ne pas avoir «convaincu une majorité de Français», à cause notamment des «nombreuses forces liguées» contre son camp, ajoutant «porter toute la responsabilité de la défaite». Dressant un avenir «différent» de ses précédentes fonctions ministérielles puis présidentielle, il a déclaré: «une autre époque s'ouvre, je resterai l'un des vôtres, mais ma place ne pourra plus être la même». Nicolas Sarkozy a ensuite remercié ses «chers compatriotes, vous qui m'avez tant donné».
Sur le plateau de TF1, la porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy Nathalie Kosciusko-Morizet a estimé que, malgré la défaite «la bataille continuait», ajoutant que «le combat n'était pas fini».
NICOLAS SARKOZY PRISONNIER DE SES PROPRES FRONTIERES
PORTRAIT - Le président de la République n'a cessé de monter des barrières entre lui et les autres...
L’antisarkozysme plus fort que l’ambition d’un homme. Nicolas Sarkozy le savait: le combat était difficile. Et c’est pour cela qu’il y croyait sincèrement. C’est dans l’adversité que cet animal politique aime se surpasser. Et adore déjouer les pronostics. Depuis des mois, il glissait à tous ses interlocuteurs qu’il y aurait une «surprise». Il avait fini par s’en convaincre lui-même: en période de crise, les Français n’oseraient pas donner les clefs de la voiture à un homme de gauche au moment où l’Espagne faisait office de modèle socialiste à ne pas suivre. D’autant qu’il y a chez Nicolas Sarkozy un authentique mépris de François Hollande. De son parcours sans éclat, de sa normalité. Lui pense incarner le mouvement, l’anticonformisme. N’a-t-il pas osé mettre la barre à droite toute dans l’entre-deux-tours quand on lui disait d’être «rassembleur»? N’a-t-il pas eu l’outrecuidance de se poser comme le candidat «antisystème» alors qu’il venait de présider pendant cinq ans? Les «j’ai appris, j’ai compris» répétés en boucle à Villepinte le 11 mars ont remplacé les «j’ai changé» d’il y a 5 ans. Las, jamais la magie de 2007 n’a semblé se recréer.
Rien qui n’imprime dans l’opinion
Alors que le «travailler plus pour gagner plus» avait «imprimé» les esprits, aucune proposition n’a semblé s’imposer cette année. Au point que Nicolas Sarkozy a dû clarifier les choses à Toulouse une semaine avant le second tour: «en 2012, le sujet majeur, ce sont les frontières. Mon projet, c’est de remettre les frontières au centre de la politique». Mais la frontière s’est muée en barrière. Barrière entre Nicolas Sarkozy et le peuple auquel il entendait s’adresser. Au cours de la campagne, le Président sortant, encadré par un dispositif de sécurité omniprésent, s’est offert peu de bain de foule. En lieu et place des «cafés», très encadrés, avec des citoyens triés sur le volet. Les incidents de Bayonne le 1er mars ont rappelé douloureusement au candidat UMP son impopularité persistante.
Barrière entre Nicolas Sarkozy et les «corps intermédiaires»
La tactique de ciblage systématique des médias et des syndicats n’a pas eu l’effet escompté. Elle a rendu agressive une parole que le chef de l’Etat avait tant bien que mal réussi à présidentialiser au cours de son mandat. Barrière enfin entre Nicolas Sarkozy et sa propre majorité. Car la radicalisation de son discours, singulière dans l’entre-deux-tours, va laisser des traces à droite. Certains, comme Chantal Jouanno ou plus discrètement Jean-Pierre Raffarin, ont exprimé des réserves sur une stratégie de siphonage de l’extrême droite. Pour eux, à la défaite s’ajoute le déshonneur. Sur les ruines du sarkozysme fumant, la reconstruction de la droite française s’annonce longue et compliquée.
Alexandre Sulzer