Afrique: Mauvaise passe pour le football ivoirien
Par Le Monde - Mauvaise passe pour le football ivoirien.
La sélection nationale ne s’est pas qualifiée pour la Coupe du monde 2022, et l’élection à la présidence de la fédération, prévue le 20 décembre, a été une nouvelle fois reportée.
Par Alexis Billebault
Le football ivoirien s’enfonce dans la crise. Déjà absente du Mondial 2018 en Russie, la sélection nationale ne participera pas à la Coupe du monde qui doit se tenir au Qatar en 2022. Les Eléphants ont été sortis par le Cameroun à Douala (0-1), le 16 novembre, lors du dernier match du second tour des qualifications.
Patrice Beaumelle, le sélectionneur français de l’équipe de Côte d’Ivoire, a été confirmé dans ses fonctions, mais la défaite face aux Lions indomptables été vécue comme un traumatisme par les supporteurs à un peu plus d’un mois de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) et alors que la Fédération ivoirienne de football (FIF) peine toujours à se trouver un président.
Depuis janvier, l’instance est dirigée par un comité de normalisation mis en place à la demande de la Fédération internationale de football (FIFA). Dirigé par la sénatrice Mariam Dao Gabala, il est censé solder la crise de succession qui déchire la FIF depuis le rejet de la candidature de l’ancien international Didier Drogba. L’élection du président, qui a déjà été reportée plusieurs fois, devait avoir lieu le 20 décembre, mais Mariam Dao Gabala a confirmé au Monde Afrique que ce calendrier n’était pas tenable.
Une décision que déplore Idriss Diallo, vice-président de l’AFAD Djékanou, un club de Ligue 1, et candidat déclaré à la présidence de la FIF : « Ce comité a été installé en janvier 2021 avec comme mission d’organiser l’élection dans l’année. Or, ce ne sera pas le cas. Trop de temps a été perdu et cela porte préjudice à l’ensemble du football ivoirien », estime-t-il. Deux autres grandes figures du football ivoirien sont sur les rangs : Didier Drogba et l’ancien vice-président de la FIF Sory Diabaté.
Une élection fin mars 2022 ?
Plusieurs clubs souhaitent adresser un courrier à la FIFA afin que celle-ci intervienne pour que l’élection soit organisée au plus tard fin mars 2022. Ils « veulent que le football ivoirien soit géré par une fédération élue plutôt que par une équipe provisoire et qui a une connaissance approximative du monde du football, assure Eugène Diomandé, le président du Séwé Sport de San Pedro. La Côte d’Ivoire va organiser la CAN 2023, on ne peut pas imaginer que la fédération soit encore gérée trop longtemps par un comité ».
Pour Mariam Dao Gabala – dont le mandat devrait être prolongé de trois ou six mois par la FIFA, comme celui du comité de normalisation –, l’échéance de mars 2022 est « raisonnablement envisageable, mais il faut cependant revenir à un climat plus apaisé ».
Il y a urgence. « Les championnats professionnels (Ligue 1 et 2) ont été interrompus pendant un an, entre mars 2020 et [mars] 2021, en raison de l’épidémie de Covid-19, rappelle Idriss Diallo. Sur le plan sportif, nos clubs engagés dans les coupes d’Afrique ont souffert de ce manque de compétition. Ils souffrent aussi sur le plan économique, car les sponsors privés hésitent à s’engager sur le long terme avec un football ivoirien géré par un comité de normalisation pour une durée encore indéterminée. »
Les championnats professionnels ont cependant pu reprendre en mars grâce en partie à l’aide financière de l’Etat ivoirien et au renouvellement du contrat entre la FIF et Canal+, diffuseur de la Ligue 1.
« Les compétitions se déroulent normalement et je ne vois pas pourquoi des sponsors hésiteraient à investir dans le football au motif que la fédération est actuellement gérée par un comité de normalisation, se défend Mariam Dao Gabala. Ce qui intéresse les partenaires économiques, c’est le déroulement régulier des compétitions et leur visibilité, ce qui est actuellement le cas. »
Alexis Billebault