Afrique: Le Franc CFA dévisse face au Naira nigerian et au Cedi ghanéen
Par FinancialAfrik.com - Afrique de l’ouest. En attendant l’Eco, le naira nigérian et le cedi ghanéen dévissent face au CFA.
De juillet 2020 à juillet 2021, le franc CFA ouest-africain est passé de 1,9 le naira à 1,3 F CFA, selon les données du dernier bulletin mensuel des statistiques de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) consulté par Financial Afrik. La même source indique que la monnaie de l’UEMOA se négociait à 95 cedis ghanéen en juillet 2021, contre 111 GHC un an auparavant (données officielles).
Principales économies de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Nigeria et le Ghana sont les pays les plus actifs dans les échanges dans la région et entretiennent des fortes relations commerciales avec leurs voisins de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). En exemple, le premier représente à lui seul environ 76% des échanges selon les données officielles de la CEDEAO, suivi du Ghana (9,2%) et la Côte d’Ivoire (8,64%), selon les chiffres de la CEDEAO. Le montant des échanges commerciaux de la région se chiffre en moyenne à 208,1 milliards USD, les exportations sont estimées à environ 137,3 milliards USD et les importations, à près de 80,4 milliards USD.
En rappel, la région ambitionne la mise en place d’une monnaie unique dénommée l’Eco. Le processus devait aboutir, en juillet 2020, à son lancement lorsque survint la pandémie, puis, en septembre de la même année, un (énième) report annoncé par les chefs d’Etat « à une date ultérieure ». Ce, en raison de « certains développements intervenus au cours de la période récente », selon le rapport annuel 2020 de la BCEAO.
D’après la même source, la non réalisation des conditions d’entrée en phase de stabilité fixées à fin 2019 dans le Pacte de convergence de la CEDEAO, l’impact négatif de la Covid-19 sur le respect par les Etats membres des critères de convergence en 2020 et les retards enregistrés dans la mise en œuvre de certaines activités importantes de la feuille de route se sont traduits par une situation peu favorable au démarrage de la monnaie unique.
Par ailleurs, d’autres questions pas des moindres restent encore à régler. Il s’agit, entre autres, de l’adoption des textes juridiques spécifiques instituant l’Union monétaire de la CEDEAO, du choix du pays devant abriter le siège de la future banque centrale commune, des modalités de l’opérationnalisation du modèle fédéral de banque centrale, du cadre de politique monétaire et du régime de change flexible.
En attendant la mise en oeuvre de l’Eco, en dehors des huit pays de l’UEMOA qui partagent le franc CFA (Bénin, Burkina Faso, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), chaque pays de la CEDEAO dispose de sa monnaie : le cédi au Ghana, le dalasi en Gambie, le dollar libérien au Liberia, le franc guinéen en Guinée, le leone en Sierra Leone, le naira au Nigeria, et l’escudo au Cap-Vert. Des monnaies qui ne sont pas convertibles entre elles, ce qui rend chers les échanges.
Par Nephthali Messanh Ledy