Afrique: En Côte d’Ivoire, un imam entendu pour la deuxième fois par la police pour ses prêches

Par Africa la Croix - En Côte d’Ivoire, un imam entendu pour la deuxième fois par la police pour ses prêches.

Imam Aguib Touré/ Photo de profil page Facebook.

La Direction des renseignements généraux de la police ivoirienne a convoqué, le mardi 3 juillet, l’imam Aguib Touré après des prêches sur le coût du pèlerinage à la Mecque et la destruction des maisons des « pauvres ».

Fin mai, il avait appelé les musulmans à ne pas inscrire leurs enfants dans les écoles chrétiennes.

En Côte d’Ivoire, la Direction des renseignements généraux de la police a convoqué, mardi 3 juillet, Aguib Touré, imam de la mosquée Al-houda Wa Salam d’Abobo, une commune populaire d’Abidjan.

Si les motifs de cette convocation n’ont pas été rendus publics, elle intervient après la diffusion d’une vidéo dans laquelle le chef religieux musulman critique l’augmentation du coût du Hadj, le pèlerinage à la Mecque, et la destruction de maisons « des pauvres » au profit « des riches ».

Hadj et maisons détruites
Dans l’extrait de cette vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, l’imam a invité les fidèles musulmans à voter pour le candidat qui pourrait « arranger leur religion », lors des prochaines élections présidentielles. Comparant les présidents qui se sont succédé à la tête du pays, il s’est étonné que le coût du pèlerinage à la Mecque ait augmenté seulement sous le régime actuel. « Avant que tu ne viennes, aucun des présidents de Houphouët Boigny à Laurent Gbagbo, n’avait augmenté le coût du pèlerinage, a-t-il déclaré dans la vidéo, en s’adressant à l’actuel président. À notre grande surprise, tu es venu et tu as augmenté. Pardon, avant de partir, il faut diminuer. »

Poursuivant ses critiques dans cette vidéo de 2 minutes 23 secondes, Aguib Touré a dénoncé la destruction des « maisons des pauvres » au profit des riches.

Fin mai, 78 habitations ont été détruites par les autorités dans la commune de Cocody, à Danga et des familles ont dû partir. Le prédicateur estime que la destruction des lieux d’habitation « des pauvres » pourrait susciter le châtiment divin. « Si tu le fais, Allah va frapper les riches en frappant le pays », a-t-il affirmé.

Deuxième convocation
Cet imam du quartier populaire d’Abobo, à l’est d’Abidjan, n’en est pas à sa première convocation à la Direction des renseignements généraux pour ses propos jugés polémiques. Mardi 29 mai, il avait été auditionné par cette direction, pour avoir invité les musulmans à ne pas inscrire leurs enfants dans les écoles catholiques et protestantes. La vidéo de cette conférence publique avait été elle aussi partagée sur les réseaux sociaux.

Aguib Touré publie de nombreuses vidéos de ses prêches dans lesquels ils commentent l’actualité sociopolitique ivoirienne et internationale. Dans des vidéos publiées le 18 novembre 2017 et le 3 février 2018, il apportait son soutien au prédicateur suisse Tariq Ramadan mis en examen en France pour abus sexuels.

Guy Aimé Eblotié (à Abidjan)

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En Côte d’Ivoire, l’Église exprime sa compassion après les inondations

Après les fortes pluies qui se sont abattues sur Abidjan dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 juin, les évêques ivoiriens ont exprimé leur compassion aux victimes, vendredi 22 juin, et invité les autorités publiques à prendre des mesures pérennes de prévention.
Vendredi 22 juin, la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (Cecci) a publié un message dans lequel elle exprime sa compassion aux victimes des inondations à Abidjan. Elle a également lancé un « appel pressant » afin d’éviter « qu’en saison des pluies de telles catastrophes se reproduisent ».

Dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 juin, Abidjan a enregistré de fortes pluies qui ont ravagé de nombreuses habitations et des magasins, rendant impraticables plusieurs routes. Selon le dernier bilan dressé par les sapeurs-pompiers, ces intempéries ont fait 20 morts tandis que plus de 100 personnes ont été secourues par les pompiers et mises en sécurité dans des refuges.

Dans leur déclaration, les évêques ivoiriens ont affirmé leur « proximité spirituelle » avec les familles touchées par les intempéries et présenté leurs condoléances à ceux qui ont perdu l’un des leurs.

Entreprendre des actions de prévention
L’épiscopat ivoirien a, en outre, encouragé les efforts des services de secours de l’État, des bénévoles et donateurs qui ont volé au secours des zones sinistrées dès les premières heures des inondations. Dans la foulée, la conférence épiscopale ivoirienne a salué les mesures d’urgence prises par le gouvernement.

Au lendemain des intempéries, le gouvernement ivoirien a demandé aux maires des différentes communes d’Abidjan de trouver des sites de relogement provisoire pour les familles sinistrées. Il a également assuré que des messages d’alerte seraient dorénavant abondamment diffusés en cas de prévisions météorologiques inquiétantes pour que pareille drame ne se reproduise plus. La création d’un comité composé de plusieurs ministères a été lancée. Son rôle est de continuer les travaux de drainage, de curage de caniveaux afin de prévenir les risques d’inondation.

Les évêques ivoiriens ont, par ailleurs, appelé les gouvernements et autorités compétentes à entreprendre des actions pérennes pour prévenir ce genre de catastrophe.

Face aux polémiques et spéculations alimentées dans les médias et les réseaux après les inondations, les évêques ont, enfin, appelé à une « sérieuse prise de conscience, à la responsabilité et à l’engagement citoyen de tous ».

Lucie Sarr