Afrique Agriculture (Avril 2014): "L'histoire étrange du Cacao ivoirien" 'Chronique de Yves T Bouazo)

Par IVOIREBUSINESS - "L'histoire étrange du Cacao ivoirien", par Yves T Bouazo.

"AFRIQUE AGRICULTURE"-(AVRIL 2014): "L'HISTOIRE ETRANGE DU CACAO IVOIRIEN (CHRONIQUE DE YVES T BOUAZO)

Comment expliquer que cinq décennies après les indépendances Africaines, un pays comme la Côte D'Ivoire, premier producteur mondial du CACAO, n'ait pas pu transformer

son Cacao en produit fini? Que ce soit dans le but de jouir d'une industrie chocolatière et pharmaceutique, sachant que le Chocolat et les Suppositoires-enfants en pharmacie proviennent

de la transformation du beurre de CACAO.
Notons que si la Côte D'Ivoire devint le premier producteur mondial de CACAO dans les années 1970, cette performance agricole est à imputer à deux structures

ivoiriennes créées par l'ex-président ivoirien feu "FELIX HOUPHOUET BOIGNY": la "SATMACI", la structure agricole d'impulsion et la "BNDA", la banque nationale du développement agricole.

En outre, si l'approche agricole du premier président ivoirien était pragmatique et louable, elle fut

inconsciemment rattrapée par le piège de sa propre contradiction. Il a fait, en effet, abstraction complète d'une option de transformation des matières premières ivoiriennes en produits finis à court ou à long terme!

D'autre part, l'autre impair primordial fut le manque criard de stratégie agricole inhérente à une culture intensive mécanisée. Cette réalité cruciale a été traduite par un slogan à valeur de propagande médiatique, via la télévision nationale ivoirienne publique, la "RTI", pendant des décennies:"Le Succès de ce Pays repose sur l'Agriculture".

La Côte D'Ivoire est devenue, par ricochet, la vache à lait des industries chocolatières et pharmaceutiques occidentales, sans pour autant envisager la transformation de ses matières premières...

Comme il fallait s'attendre, le pays payera le lourd tribut des fluctuations des cours mondiaux du CACAO. C'est à cette période que le "STABEX", l'organe de Stabilisation des exportations signé entre les pays (ACP)(Afrique, Caraibes, Pacifique) et l'Union Européenne, devint la bouée de sauvetage économique pour compenser ses énormes ses énormes pertes financières.

Cette réalité a été vécue comme une trahison, car le "STABEX" a vite montré ses limites dans les années 1980.

Ensuite entre 2000 et 2013, le pays a expérimenté la libéralisation du marché de ses matières premières sous la pression de la banque mondiale.Puis, il est quasiment revenu à l'ancien système "Houphouétiste" des années 1980, via la création du Conseil du CACAO.

(CHRONIQUE DE "YVES T BOUAZO" dans le Magazine français (AFRIQUE AGRICULTURE-AVRIL 2014)