Affaires Soro, reunification du PDCI-RDA… / Anaky Kobena: « C’est indigne et honteux pour notre pays »

Par IvoireBusiness - Affaires Soro, reunification du PDCI-RDA… / Anaky Kobena « C’est indigne et honteux pour notre pays ».

Anaky Kobena Innocent.

Il se réclame président légal et légitime du Mouvement des forces d’avenir (Mfa). Innocent Anaky Kobena a décidé de mettre les pendules à l’heure au sein de son parti. Au cours d’un entretien avec la presse, l’ex-député de Kouassi-Datékro a dressé le bilan de l’élection présidentielle et s’est prononcé sur les sujets brûlants de l’actualité politique nationale.

L’élection présidentielle s’est soldée par la victoire du Président sortant, Alassane Ouattara. Qu’en dit le Mfa resté fidèle au président Anaky, et que devient-il ?

Tout d’abord, il n’y a pas deux Mfa. J’ai été reconduit à la tête du Mfa lors du 2ème congrès ordinaire des 21, 22, 23 février 2014, et je suis et reste président du Mfa jusqu’en 2019. Il s’est tenu le 12 avril 2014 un prétendu congrès extraordinaire du Mfa au Golf Hôtel, sans qu’aucune des dispositions énumérées dans les statuts du Mfa pour la tenue d’un tel congrès n’ait été respectée. En tant que président du Mfa, j’ai saisi la justice pour faire invalider ce faux et poursuivre les coupables au pénal, mais le jeudi 26 novembre 2015, la justice a reporté sa décision pour la 5ème fois de suite. Que les Ivoiriens sachent que malgré la récompense faite à cette dissidence de la honte, les cadres et militants du Mfa sont restés à plus de 80% attachés aux idéaux du parti et à son président que je suis. L’élection a donné un résultat qui ne correspond pas à la réalité du terrain. Le faible taux d’abstention a démontré que la voix de l’opposition a été entendue. Cela prouve que celui qui a été élu a un problème de légitimité.

Le président Henri Konan Bédié demande aux partis alliés du Rhdp dont le Mfa de revenir au Pdci-Rda originel. Cette position suscite des dissensions au sein de la coalition. Votre parti adhère-t-il à cette décision ?

Le Mfa a bien vu cette grave crise venir, et à l’analyse, c’est nous qui avons été les premiers et les seuls à faire une véritable lecture politique de ce fameux second appel lancé à Daoukro par Bédié lors de l’anniversaire de « l’Appel de Daoukro ». Que les Ivoiriens comprennent clairement qu’en dépit des acrobaties et circonvolutions qui ont suivi, et du discours d’accueil du Président Ouattara, qui s’est dépêché de citer les autres partis membres de l’alliance RHDP, Bédié venait de signer ainsi, à la face de la Côte d’Ivoire et du monde, que son seul souci, sa dernière volonté politique, son testament en quelque sorte, était d’arriver à reconstituer le PDCI tel qu’il était lorsque Houphouët le lui a laissé, et ensuite, si possible, installer définitivement ce PDCI-RDA au pouvoir en notre pays, en parti unique de fait. Le MFA, l’UDPCI et l’UPCI devaient être immédiatement passés à la trappe, liquidés même. Pour Bédié, Anaky a été un membre fondateur du FPI ; parti d’opposition à Houphouët. Si Bédié a accepté et réussi à faire avaler le serpent boa aux millions de militants et sympathisants du Pdci, ce n’est pas Ouattara qui ne parviendra pas à faire ingurgiter un ver de terre à son cercle de fidèles, lui le grand gagnant à savoir un second mandat inespéré. Mais le Mfa n’est pas un parti qui est sorti du Pdci, donc nous ne sommes pas concernés. C’est le moment que tous les militants et cadres vrais du Mfa attendent avec impatience. A quel titre est-ce que la direction fantoche et virtuelle du Mfa, «forgée» par Bédié et Ouattara uniquement pour présenter une candidature dérivée Rhdp à la présidentielle, peut-elle prétendre prononcer la dissolution du Mfa qu’elle n’a pas créé, et dont, de toute évidence, elle n’a rien compris à la vision et à la ligne politique? La justice ivoirienne qui a été saisie par nous pour constater le faux et la fraude et leur interdire d’utiliser le nom et le logo du Mfa n’a pas encore rendu sa décision. Nous l’attendons. Sans cela, le seul Mfa est le vrai, à savoir le légitime et légal que je dirige. D’ailleurs, puisque dans le logiciel de Bédié, l’étape présente est la dissolution du RDR, de l’UDPCI, et de l’UPCI pour un retour-réintégration au PDCI-RDA, le problème du Mfa se résout de lui-même puisque ce parti n’est pas issu ou sorti du Pdci.

Est-ce que le Mfa participera aux prochaines élections législatives et locales ?

Si la présidentielle a été arrachée pour ne pas dire ’’braquée’’ à nos militants, je leur demande de se mobiliser comme un seul homme pour redresser la situation aux élections générales. Au moment où les grands du RDR et du PDCI vont s’affronter avec l’argent du pays et se mener des guerres fratricides, que l’opposition, organisée et soudée, propose dans toutes les circonscriptions des candidats qui gagneront et rafleront tous les postes, supportés par le peuple ivoirien ! Nous sommes déjà à la tâche ! Et pour le MFA, Anaky Kobena lui-même doit se tenir prêt à se porter candidat aux législatives 2016, aux municipales et aux conseils généraux pour apporter un plus au grand combat de l’opposition. Le Mfa doit se tenir prêt à investir des candidats aux législatives de 2016 ; aux municipales et aux conseils régionaux. Il sera prêt pour les grands combats que mènera l’opposition et il faudra compter avec lui.

Etes-vous d’avis avec ceux qui disent que la Coalition nationale pour le changement (Cnc) dont vous faites partie a échoué ?

Effectivement la Cnc a échoué, il vaut mieux arrêter cette coalition pour préparer une autre alliance plus forte pour contrer le Rhdp. Pour créer un bon bloc politique. Il faut regrouper les vrais partis comme le Pit, le Fpi, le Mfa avec les irréductibles du Pdci en tant que courant politique. Je m’attelle à cela et nous y arriverons.
Le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, est tiraillé entre une affaire d’écoute téléphonique le mettant en cause dans le putsch manqué au Burkina et une affaire de plainte de Michel Gbagbo qui a failli occasionner son arrestation en France. Quel commentaire faites-vous de la situation ?

Cette affaire entre dans le cadre de la gestion d’un Etat et de ses contraintes puisqu’il s’agit de la deuxième personnalité. C’est tellement grave et lourde que nous attendons que le gouvernement se prononce officiellement là-dessus. C’est indigne et honteux pour notre pays, la Côte d’Ivoire. Soro Guillaume est sur le territoire français et il a peur. C’est parce que le gouvernement ivoirien tarde à se prononcer sur la question.

Un mot sur la réconciliation nationale

Comment expliquer que quatre années après la crise, il y ait encore près de 500 prisonniers politiques dans des conditions de détention dégradantes et inhumaines ? Que gagne Ouattara, que gagne le RDR en cela ? Quels dangers représentent Assoa Adou, Dano Djédjé, Lida Kouassi, etc. Qui sont aujourd’hui des sexagénaires ou plus, qu’on imagine mener des assauts à la Kalachnikov ou sabre au clair contre son régime ? Le transfert de Gbagbo à La Haye, décidé en 2011, à la hâte et dans la fièvre, après quatre années d’attente d’un procès qui ne va peut-être jamais commencer, se présente désormais comme une affaire qui met à nu et au grand jour la dépendance des anciennes colonies d’Afrique face au «gouvernement mondial «et aux gros intérêts économiques et financiers internationaux. La situation de la Côte d’Ivoire, face à la présence prolongée de Gbagbo à La Haye sans jugement, quel que soit celui qui siègera au Palais présidentiel, sera de plus en plus impossible à gérer, car ce sera le cri de révolte du peuple ivoirien ou l’appel de l’Afrique noire face aux colonisateurs. Il ne faut plus ratiociner ou faire du juridisme, mais que la Côte d’Ivoire sorte vite de ce guêpier en demandant que le dossier soit transféré sur son sol comme l’Etat et les compétences de son système judiciaire le permettent désormais.

Pensez-vous que le second mandat Ouattara est placé sous de bons auspices ?

Je ne crois pas. C’est pourquoi je lance aux Ivoiriens un message, celui d’une vigoureuse et fraternelle réprimande. Un appel à un élan de solidarité et d’engagement pour leur pays, aux Ivoiriennes et aux Ivoiriens. Nous entendons de partout dire que Ouattara, Bédié et le Rhdp ont le pouvoir d’Etat et sont donc invincibles, que l’opposition politique est faible, nulle, velléitaire, manque de leadership et de stratégie, et ne penserait qu’à ses ambitions ou à se vendre au pouvoir. Que les Ivoiriens se reprennent et gardent la tête froide. Ils savent tous que la prétendue croissance économique ne leur apporte rien, surtout pas d’emplois à leurs enfants, qu’Alassane a une nature hostile au pardon et à la réconciliation.

Innove ADAYE
In Le Sursaut