Affaire "Gbagbo se déclare panafricaniste": Léandre Sahiri allume Tiburce Koffi

Par Ivoirebusiness/Débats et Opinions - Affaire "Gbagbo se déclare panafricaniste" Léandre Sahiri allume Tiburce Koffi.

MA RÉPONSE À TIBURCE KOFFI

L’habitude est une seconde nature et les vieilles habitudes ont la vie
dure. On ne s’en défait pas si facilement. Ainsi, après un trêve, M.
Tiburce Koffi, égal à lui-même, vient de renouer avec ses bien bonnes
vieilles habitudes de sorties fracassantes, en publiant un commentaire sur le
discours prononcé, le dimanche 17 octobre, par M. Laurent Gbagbo, à
l’issue du congrès constitutif de son nouveau parti, le « PPA-CI ».

A cet effet, Tiburce Koffi a écrit : « Ils ne savent pas ce que signifie le
mot « panafricanisme ». Ils en parlent comme ça, sans doute parce que ça
sonne bien. M. Gbagbo est un ultra nationaliste et non un panafricaniste.

Rien que dans la sous-région africaine, la Côte d'Ivoire n'avait plus
d'alliés, sous son règne. AUCUN pays africain n'a vraiment épousé sa
querelle. La résolution autorisant les frappes françaises sur le Palais a
été votée à l'unanimité du Conseil de Sécurité de l'ONU.

C'est tout dire. Qu'est-ce que ce dirigeant qui prétendait mener un combat
panafricaniste auquel ne se sentait concerné AUCUN Africain ? Et puis, M.
Gbagbo a été élu par les Ivoiriens pour la Côte d'Ivoire et non pour
l'Afrique. Quel Africain lui a-t-il dit qu'il a des problèmes avec la France
?

En quoi est-ce que vos histoires de Françafrique concernent le Nigeria
(1ere puissance d'Afrique de l'ouest), le Ghana, le Liberia, la Sierra Leone,
la Mauritanie, le Maroc, l'Éthiopie, le Botswana, etc. ? Le populisme a
toujours été une ligne d'extrême-droite : propagandiste, xénophobe,
démagogue.

Panafricanisme ! N'importe quoi ! Voilà un homme qui n'a pas été capable
d'assurer la sécurité d'un pays ; et, c'est pour l'Afrique (53 États)
qu'il veut mener un combat ? Vraiment n'importe quoi ! Avant de chercher à
nettoyer la cour du voisin, commence par nettoyer ta propre chambre ».

Ces propos de M. Tiburce Koffi ont suscité beaucoup de réactions.
Quelqu’un a écrit que, pour répondre à M. Tiburce Koffi, laissons de
côté les injures parce que ça ne fait pas avancer le débat. Il a raison.
Ça ne sert à rien de l'insulter et ça peut vouloir dire que nous n'avons
pas d'arguments. En vérité, il faut démontrer en quoi ce qu'a dit M.
Tiburce Koffi est faux. Et, c’est ce que je vais faire ici. Merci de me
lire avec une bienveillante attention jusqu’au bout.

1) Quand Tiburce Koffi dit que Gbagbo ne sait rien du panafricanisme, c’est
archi faux. Laurent Gbagbo, titulaire d'un Doctorat de l'université de Paris
VII, est historien de formation et a donné des cours d’histoire au Lycée
classique d’Abidjan. Il a écrit des livres dont « Réflexions sur la
conférence de Brazzaville » où il démontre que le but de cette fameuse
conférence ne fut point de décoloniser l'Afrique, mais de souscrire à une
tradition hexagonale qui veut que, à chaque crise grave dont la France est
victime, corresponde un effort particulier de ses colonies pour son
redressement et surtout pour pérenniser la domination coloniale (lire : «
Le code Noir » et la « charte de l’impérialisme » …).

A ce propos,
Laurent Gbagbo a écrit : "Dans l’histoire, aucun pays colonisateur n’a
jamais décidé d’affranchir les peuples qu’il exploite et qui font sa
richesse, sa puissance, sa grandeur ». D’où, l’idée de combat (et non
pas « querelle ») pour les libertés et la souveraineté, car « l'histoire
nous enseigne qu'aucun peuple asservi ne peut faire efficacement face aux
défis de l'humanité sans avoir au préalable brisé ses chaînes » (L G. -
Pour une alternative démocratique).

Ce combat nécessite que les Africains
se mettent ensemble. D’où l’idée de « panafricanisme »
2) Quand M. Tiburce Koffi écrit : « Panafricanisme ! N'importe quoi ! »,
c’est également archi faux et c’est malheureux de sa part ! Il nous
invite à dire ce qu’est exactement le panafricanisme. En effet, le mot «
panafricanisme » est formé d’une part du préfixe pan qui vient du grec
pantos, signifiant « tout », et d’autre part du nom ou de l'adjectif
africain (en anglais african).

Ce préfixe pan sous-entend l’idée
d'ensemble ou de totalité, d’union ou d’unité, de communion ou de
solidarité. Ainsi donc, prôner ou préconiser le panafricanisme, comme
l’a fait Laurent Gbagbo, c’est encourager un sentiment de solidarité
entre les populations du monde africain, c’est réunir les Africains sur le
continent et les descendants d'Africains hors d'Afrique (diaspora), à
travers une identité commune, une histoire commune, basée sur
l’expérience partagée de l’oppression raciale et coloniale, y compris
la traite négrière.

Les objectifs et les idéaux du panafricanisme ont
été édictés, puis préconisés par ses précurseurs, initiateurs et
pères fondateurs, notamment, W. E. B. Du Bois, Steve Biko, Malcom X, Martin
Luther King, Marcus Garvey, Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire, Patrice
Lumumba, Medhi Ben Barka, Sékou Touré, Kwame Nkrumah, Edward Wilmot Blyden
et autres. Un autre point important à souligner, c’est que le
panafricanisme recouvre l’affirmation de notre identité africaine, la
revalorisation de notre culture détruite par la colonisation, la reconquête
de notre passé glorieux, l’unité des Africains...

Nul doute que le
panafricanisme constitue fondamentalement la seule et unique réponse au
colonialisme et au néo-colonialisme (« Françafrique »). Ces objectifs et
ces idéaux sont les suivants : la régénération de l'Afrique ; la
résurrection des valeurs humanitaires et égalitaires de l’Afrique
traditionnelle dans notre environnement moderne ; la restauration du passé
glorieux africain ; l’éveil d’une conscience africaine ;
l’indépendance à l’égard des puissances coloniales occidentales ;
l’autonomie ; la souveraineté ; la solidarité et le progrès. Voyez-vous,
M. Tiburce Koffi, le « Panafricanisme » ce n’est pas n'importe quoi. Bien
au contraire !

3) M. Tiburce Koffi dit : « Quel Africain a-t-il dit à Laurent Gbagbo
qu'il a des problèmes avec la France ? En quoi est-ce que vos histoires de
Françafrique concernent le Nigeria (1ere puissance d'Afrique de l'ouest), le
Ghana, le Liberia, la Sierra Leone, la Mauritanie, le Maroc, l'Éthiopie, le
Botswana, etc.

Ces propos de M. Tiburce Koffi nous font penser à Karamoko,
le fils de Samory Touré, dans l’œuvre de Bernard Zadi Zaourou « Les
Sofas ». A lire ou à relire.

4) Quand M. Tiburce Koffi dit que le bombardement de la résidence
présidentielle par les forces spéciales françaises de la Force Licorne et
l'ONUCI, a fait de Gbagbo, celui qui n'avait aucun ami, qui n'avait plus
d'alliés, c’est également archi faux.

Drôle de réaction de la part de
M. Tiburce Koffi, de ne pas condamner cet acte crapuleux et inhumain qui
atteste de la criminalité notoire de son commanditaire. Pure bassesse
d’esprit que de dire que la France a eu raison de bombarder le symbole de
notre république, tout simplement parce que la « résolution autorisant les
frappes françaises sur le Palais a été votée à l'unanimité du Conseil
de Sécurité de l'ONU ».

Pure folie d’applaudir la France d’avoir usé
de ce prétexte tout à fait fallacieux pour détruire des vies humaines chez
nous, au mépris des Droits de l’homme et de notre dignité, de notre
indépendance.

5) M. Tiburce Koffi peut continuer à ovationner la France d’avoir agi
ainsi parce qu’aucun de ses parents n’était présent devant et dans le
Palais, au moment du bombardement. Pour nous, Nicolas Sarkozy demeure un
délinquant qui a trompé toute la communauté internationale, y compris
quelques pays africains dont le Burkina, le Mali, la Guinée, le Sénégal et
le Nigeria.

Pour nous, la France s’est invitée dans une affaire
ivoiro-ivoirienne (scrutin national) où elle n’avait pas sa place et elle
a confirmé, comme s’il en était encore besoin, que la Côte d’Ivoire,
sous le vernis et l’égide de la « Françafrique, demeure bel et bien son
« pré carré », une colonie française avec une base militaire française
et un gouvernant de leur choix et à leur convenance (fût-il ivoirien ou pas
!).

6) Pour M. Tiburce Koffi, « le populisme a toujours été une ligne
d'extrême-droite ». Archi faux. Je crois que le contour du mot "populisme"
est flou et tout petit dans sa grosse tête. Qu’il sache que,
historiquement, le populisme est un mouvement politique russe de la fin du
XIXe siècle qui luttait contre le tsarisme (pouvoir absolu du tsar),
s'appuyait sur le peuple et prônait la transformation des communautés
agraires traditionnelles.

En politique, on parle de populisme pour désigner
l'idéologie ou l'attitude de certains mouvements politiques qui se
réfèrent au peuple (populus) par opposition à la minorité gouvernementale
ayant "accaparé" le pouvoir et accusée de trahir égoïstement les
intérêts du plus grand nombre... à, au grand capital, au libéralisme, aux
privilégiés ou (Larousse). Pour les "populistes", il faut arracher le
pouvoir aux privilégiés, notamment à l'élite gouvernante. Pour eux, il
faut rendre le pouvoir au peuple, pour le peuple" (démocratie). Ceci n’a
rien à voir avec le propagandisme, la xénophobie, le tribalisme,
l’ethnocentrisme, la démagogie, etc. M. Tiburce Koffi a tout faux.

7) M. Tiburce Koffi peut, à sa guise, accuser Laurent Gbagbo de n'avoir pas
« été capable d'assurer la sécurité du pays », mais a-t-il la force et
le courage de reconnaître que les crimes commis en Côte d'Ivoire, ce n'est
pas Laurent Gbagbo, la casse de la BCEAO ce n’est pas Laurent Gbagbo ?
Evidemment, reconnaître ce fait aurait été possible hier quand Tiburce
Koffi a été débarqué de la direction de l'INSAC et qu’il est sorti du
pays pour se constituer « réfugié politique » en France, et de là-bas
tirait à boulets rouges sur Ouattara et son régime. Aujourd’hui, depuis
qu’il a été réadmis dans le système, au BURIDA et à la CEI, il n’a
même pas honte de dire des inepties, ni de se rendre encore plus ignoble.
Avec votre permission, je voudrais compléter et conclure cet article par une
étude psychocritique.

La psychocritique est une méthode d’analyse qui est inspirée par la
psychanalyse et qui permet d’éclairer et de comprendre la personnalité
d’un individu et de découvrir ses motivations psychologiques conscientes
ou inconscientes, à travers ses écrits ou ses propos.
De ce point de vue, l’étude psychocritique nous a fourni les clefs pour
expliquer pourquoi Tiburce Koffi s’adonne à écrire des textes scandaleux
et provocateurs, bien souvent à la limite de l’offense ou de l’insulte,
en particulier sur et contre Laurent Gbagbo. L’étude psychocritique
permettra de comprendre pourquoi T K procède ainsi et ce qu’il
recherche...

D’aucuns disent que Tiburce Koffi est un plaisantin. Non ! D’autres
disent qu’il est un ignare qui se fait passer pour un intellectuel. Non !
M. Tiburce Koffi est un intellectuel. Il a fait des études universitaires.
Il est enseignant de formation. Il a été Directeur de la Bibliothèque
nationale et l’INSAC. C’est un écrivain talentueux qui a une belle plume
et qui a publié de nombreux articles et livres, peu importe ses
thématiques.

Ceci dit, dans ma quête pour rédiger cette étude, je me suis intéressé,
à l’état psychologique et à la santé mentale de M. Tiburce Koffi.
J’ai tout de suite découvert que le mobile de son agissement est,
d’abord et avant tout, son « dérèglement » lié à une affaire
d’addiction ou dépendance.

L'addiction est une pathologie qui repose sur la consommation régulière ou
répétée d'un produit ou d'une substance psychoactive (tabac, alcool,
drogues…). Cette consommation conduit à un comportement excessif, à un
déséquilibre du fonctionnement neurobiologique, à une perte de contrôle
de soi-même et à l'envie de consommer à nouveau la substance psychoactive,
pour ne pas subir les effets désagréables consécutifs à l'arrêt de sa
prise (« dépendance »).

Le « dérèglement » se manifeste, entre autres, par un délire
systématisé sans affaiblissement des capacités intellectuelles, par un
orgueil démesuré ou une hypertrophie du MOI mêlée de susceptibilité,
d’angoisse de persécution, de jugement faux ou de mensonges parfois
grossiers, d’agressivité, de désir de vengeance, etc.

On comprend mieux pourquoi le langage de M. Tiburce Koffi est caractérisé
par une réelle surestimation de lui-même, une auto-suffisance, un orgueil
anormalement développé et associé à l’agressivité, un raisonnement
apparemment logique mais reposant sur des méprises, des erreurs, des
postulats faux et parfois abjects, comme je l’ai relevé plus haut.
Il faut savoir que le dérèglement naît, bien souvent, soit d'un conflit
psychologique et affectif, soit d’une affectivité anormale ou manquante ;

ce qui suppose que, pour comprendre les propos et les agissements de
l’individu concerné, il faut faire une investigation dans son enfance et
dans sa jeunesse, c'est-à-dire interroger son milieu familial et ethnique,
ses relations avec ses parents et ses collègues ; il faut détecter ses
frustrations, ses ambitions inassouvies, ses désirs insatisfaits, etc.,
lesquels, il faut le savoir, génèrent de la souffrance et influencent
l’élaboration du sens de la réalité et de la vérité.

M. Tiburce Koffi souffre énormément du mal de ses désirs insatisfaits. En
effet, il rêvait d’être un grand écrivain émérite et vénéré comme
Zadi Zaourou, Bernard Dadié, Aimé Césaire, etc. Il rêvait d’être
ministre de la culture et a clamé qu’il méritait mieux que M. Maurice
Bandama. Il rêvait d’être titulaire d’un Doctorat et en a fait en vain
les démarches auprès de certaines universités occidentales (Suisse,
France, USA…), et ainsi de suite.

Ce mal dont il souffre, eh bien, il le
sait et il reconnaît lui-même, en ces termes : « Je continuerai à écrire
pour dire mon mal ». Malheureusement, trop souvent, ce mal le dessert. Il
lui fait faire de mauvais choix et des dérives, et tout le monde le sait.
M. Tiburce Koffi, au risque de finir un jour dans un asile et de peur
d’écourter inutilement son espérance de vie, se devrait, comme je le lui
avais déjà et souvent conseillé, très amicalement, de sortir des sentiers
battus de la dépendance, de prendre réellement conscience de son
dérèglement et chercher à en guérir, pour pouvoir mettre désormais au
service de causes plus nobles que celles qui le desservent inopportunément,
sa plume, sa belle plume, sa très belle plume, (et ce serait malhonnête et
indécent de ma part de ne pas le lui reconnaître).

Ne serait-ce, d’abord
et avant tout, que pour lui-même. Je souhaite que M. Tiburce Koffi ne prenne
pas cette publication en mal, mais comme une prescription d’un Docteur. A
bon entendeur, salut !

Léandre Sahiri, Professeur de Lettres, écrivain, Critique littéraire,
éditeur.