Abdoulaye Wade, Président du Sénégal : Pourquoi a-t-il convoqué Ouattara à Dakar ?

Le 08 novembre 2010 par IvoireBusiness – Jamais dans les annales de la politique africaine, pareille comportement ne s’était produit.

Moustapha Guirassy, porte-parole du gouvernement sénégalais.

Le 08 novembre 2010 par IvoireBusiness – Jamais dans les annales de la politique africaine, pareille comportement ne s’était produit.

En effet, dès le lendemain de la proclamation du premier tour de la présidentielle ivoirienne, le Président du Sénégal, Abdoulaye Wade, affrétait deux avions à Abidjan pour chercher Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Il s’agissait pour Wade, agissant pour le compte de la France, d’œuvrer à l’élection d’ADO à la magistrature suprême de la Côte d’ Ivoire.
Les deux tourtereaux, Ouattara et Bédié, devaient sine die mettre en application leur accord politique stipulant que le candidat le moins bien placé appellerait à voter au second tour pour le candidat le mieux placé.
ADO sauta jeudi dernier dans l’avion pour Dakar, mais Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda, qui ruminait sa débâcle inattendue du premier tour déclina l’offre. Néanmoins, il y dépêcha Me Ahoussou Jeannot, son porte-parole.
La réaction de la présidence ivoirienne à cette intrusion dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire ne se fit pas attendre. Par la voix de son conseiller diplomatique, Alcide Djédjé, le Président-candidat Gbagbo opposa une protestation énergique dont le point culminant fut le rappel de son Ambassadeur à Dakar et la remise d’une lettre de protestation à l’Ambassadeur du Sénégal en Côte d’Ivoire.
Ce déplacement de Ouattara à Dakar est symptomatique des agissements de la françafrique. En effet, un certain Ali Bongo, entre les deux tours de la présidentielle gabonaise était convoqué à l’Elysée pour y recevoir des ordres, faire allégeance et signer des contrats au bénéfice de la France.
ADO devait faire de même à Dakar. Faire allégeance à la France, pré-signer des contrats pour cette dernière, et jurer qu’il lui serait fidèle en cas d’élection. Dès lors, Henri Konan Bédié aurait été invité à retirer sa plainte pour fraude et l’affaire serait dans le sac.
Depuis l’annonce hier de Bédié appelant ses militants à voter pour Ouattara au second tour, on se rend bien compte que « l’opération Dakar » a été un grand succès.
Le Pdci-Rda en survivra-t-il ?
Nous y reviendrons.

Catherine Balineau