8 ans après la présidentielle de 2010: révélations sur le Plan commun contre Gbagbo

Par Le Temps - 8 ans après la présidentielle de 2010, révélations sur le Plan commun contre Gbagbo.

Le Président Laurent Gbagbo le 8 novembre 2017 à la cour pénale internationale.

Le Président Laurent Gbagbo ne croyait pas si bien dire lorsqu’il affirmait que le temps est l’autre nom de Dieu. Voici que huit ans après sa chute, les langues de ses adversaires politico-militaires d’hier se délient et font des aveux sur le Plan Commun contre le Président Gbagbo.
De fait, écorchés au vif par les propos de Kandia Camara selon lesquels Guillaume Soro « doit tout ce qu’il est à Ouattara », des acteurs clés de la rébellion des Forces nouvelles sont sortis des bois pour faire des révélations sur les élections présidentielles de 2010, notamment l’agenda caché du Premier ministre d’alors Guillaume Soro, les scores soviétiques réalisés par Ouattara dans les zones Cno, les motivations profondes de la candidature d’Henri Konan Bédié à ce scrutin, sans oublier les causes profondes de l’attentat qui a visé l’avion de Guillaume Soro à Bouaké en 2007. Il s’appelle Mamadou Traoré, il dit être un compagnon têtu du patron des Forces nouvelles Guillaume Soro.

Dans une vidéo qui circule en ce moment sur la toile, Lg Infos a transcrits ses propos tels qu’il les a tenus : «Aujourd’hui, ceux qui traitent Guillaume Soro de tous les noms, qui disent que Guillaume Soro est il le doit à Alassane Ouattara et au Rdr. Je dis que quand Guillaume Soro a été nommé Premier ministre, au sein même du Rdr, ceux-là mêmes qui ont attaqué Guillaume Soro, qui l’ont traité de tous les noms, c’est bien au sein du Rdr. Nous qui étions à Bouaké, nous qui étions à Boundiali, nos compagnons du Rdr nous attaquaient tout le temps pour dire ‘’vous Traoré, vous avez trahi la lutte’’.

A chaque moment, on nous insultait. Des gens avaient réussi à pousser certains chefs de guerres contre Guillaume Soro. Je dis, quelque part, l’attentat de Guillaume Soro, contre son avion en 2007, c’est parti de cette mauvaise communication qui a été faite sur Guillaume Soro pour dire qu’il a trahi.

Parce que, s’il n’y avait pas eu cette mauvaise communication, peut-être cet attentat n’aurait pas eu lieu. Parce que ceux qui ont tenté l’attentat ne sont pas sortis d’ailleurs, ils étaient au sein des Forces nouvelles, parce que des gens avaient réussi à leur montrer la tête pour dire que Guillaume Soro avait trahi.

C’est pour ça qu’ils ont failli le tuer ! Et si Guillaume Soro était mort dans cet attentat-là, on aurait dit que c’est parce qu’il a trahi la lutte qu’il est mort. Mais Dieu n’a pas voulu qu’il meurt, parce qu’effectivement, Dieu a compris que son intention n’était pas de trahir qui que ce soit. Il a tenu, il a réussi à convaincre Laurent Gbagbo à aller aux élections en le rassurant. Ce n’était pas facile. Il fallait être un génie politique comme Guillaume Soro pour le faire.

On est allé aux élections, Dieu merci, le Rhdp a gagné, parce que pour que le Rhdp puisse gagner, comme je l’ai dit, il fallait que Bédié soit candidat. Déjà, il faut rappeler que la Constitution en ce moment-là éliminait complètement Bédié au niveau de l’âge.

S’il n’y avait pas eu Pretoria, Bédié n’aurait pas été candidat. Mais il a fallu qu’il soit là pour aider le président Ouattara au second tour à passer. On a applaudi. Mais il est là, Parigo, il va vous le dire, pendant la campagne électorale de 2010, le président Guillaume Soro était dans une position de neutralité. Les consignes c’était que, vraiment, on laisse les choses se faire ; qu’il ne fallait même pas que nous au niveau des membres des Forces nouvelles qu’on s’engage dans la bataille.

Mais, Parigo le sait, nous sommes têtus. Vraiment, Guillaume Soro il a des compagnons qui sont têtus. Nous on a dit, ça-là, nous on va se mettre dans la campagne, parce qu’au-delà d’être Forces nouvelles nous sommes aussi des citoyens. On s’est mis dans la campagne. Il faut que les gens le sachent, toute la zone Cno-là, c’était nous tous qui étions là, les Parigo, qui avons mené la bataille ! Le Rdr était pratiquement absent, le Rdr était absent, mais vous avez vu les scores pendant cette période-là. Tous les gros scores du président Ouattara sont venus de cette période-là et dans ces endroits. Voilà pourquoi d’ailleurs, l’ex-président du Conseil constitutionnel a fait annuler les voix dans ces zones, parce que ces voix-là étaient trop élevées ! Ça c’est cette bataille que nous avons menée. Mais ensuite… »

Décryptage

Après visionnage de cette vidéo, on ne peut s’empêcher de faire les constats suivants : D’un, ce régime avait un Plan Commun pour chasser le Président Laurent Gbagbo du pouvoir, au terme d’un semblant d’élections présidentielles.

Entre autres composantes de ce Plan Commun, l’accord de Pretoria a été utilisé non seulement pour valider la candidature de Ouattara, mais également pour permettre à Bédié d’accéder au deuxième tour.

En d’autres termes, Bédié n’était pas candidat pour gagner ces élections, mais plutôt pour aider Ouattara à aller au deuxième tour. Et c’est ce qui a été fait ! De deux, le bourrage d’urnes constaté par le candidat Laurent Gbagbo dans les zones Cno, et confirmé par le Conseil constitutionnel qui y a annulé des votes était établi.

Des membres des Forces nouvelles ont effectivement fabriqué des votes, ils ont bourré les urnes pour que Ouattara gagne ! C’est Traoré qui le dit en prenant en témoin son compagnon du nom de Parigo. De trois, les auteurs de l’assassinat manqué de Guillaume Soro à Bouaké en 2007 doivent être recherchés au sein du Rdr.

Ses compagnons d’alors le soupçonnant de rouler pour Laurent Gbagbo ont poussé des chefs de guerre à l’éliminer ! Malheureusement pour eux, ce n’était pas l’heure pour Soro de rejoindre le royaume du silence. C’est toujours Traoré qui le dit. Il a fallu que Kandia Camara, secrétaire générale du Rdr, vole dans les plumes de Guillaume Soro pour que ses lieutenants montent sur leurs grands chevaux et font des aveux !

B T