3e mandat de Ouattara en 2020: Peur, inquiétudes et craintes gagnent la population

Par Le Temps - 3e mandat pour Ouattara. Peur, inquiétudes et craintes gagnent la population.

3e mandat pour Ouattara en 2020. Peur, inquiétudes et craintes gagnent la population.

Ouattara de nouveau sur la liste des candidats pour la présidentielle de 2020 ? La question est sur toutes les lèvres, les Ivoiriens croisent les doigts quand on sait que contre toute attente, la sortie de Ouattara dans les colonnes de Jeune Afrique en dit long sur son agenda caché. Une déclaration qui laisse planer le doute, la peur et nourrit des craintes au sein de la population. « La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020 », a en effet déclaré le président du Rdr à l’hebdomadaire Jeune Afrique, publié ce dimanche. « Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation en Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes », a-t-il précisé. L’actuel chef de l’Etat ivoirien en fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel n’exclut donc pas l’idée d’une autre candidature, « possible », selon lui, grâce à la Constitution de 2016. C’est pourquoi les Ivoiriens se posent déjà des questions sur ce que sera l’élection présidentielle de 2020. Allons-nous revivre le scénario de 2010 ? S’interroge-t-on au sein de la population. Certains observateurs vont plus loin, ils présagent « d’un scénario-catastrophe ». Acteurs politiques, universitaires, artistes, constitutionnalistes, tous prédisent ‘’le péril’’ qui pourrait mettre à mal la stabilité du pays. Toute éventualité que craignaient les Ambassadeurs libres ensemble de la Francophonie (Alef). Dans un appel aux Ivoiriens, ils expliquent, attirent l’attention sur le risque d’instabilité qui plane sur le pays. L’Alef invite les leaders politiques ivoiriens à la « retenue » et à épargner la Côte d’Ivoire du « désastre » face aux prochaines joutes électorales, notamment la présidentielle de 2020 disait mardi 5 juin 2018 à Abidjan son président Mohamed Salamé, cité par l’Agence de presse Apa. Même inquiétude du côté des constitutionnalistes et non des moindres.

Wodié met Ouattara face à ses responsabilités

Prononçant une conférence sur « Droit de l’homme et dignité humaine » le mardi 5 juin 2018, le professeur Francis Wodié, ex-président du Conseil constitutionnel, a trouvé des mots justes pour mettre le pouvoir Ouattara face à ses responsabilités. « Je peux dire que je n’ai rien à dire. Nous sommes au stade des supputations, des hypothèses. Mais le président de la République est un homme majeur, un homme responsable qui sait ou doit savoir ce qu’il doit faire, non pas seulement pour lui-même, mais d’abord pour le pays. Donc c’est à lui de voir. C’est à lui de juger pour n’avoir à faire que ce qui va dans le sens de l’intérêt de la Côte d’Ivoire, donc de l’intérêt général. Parfois je donne les réponses abstraites pour fuir le réel », conseillait Pr Francis Vangah Wodié. Une réflexion qui appelle à des méditations. Car, a-t-il ajouté « il y a des choses que je voudrais dire, mais que je n’ose pas dire parce que j’ai peur de m’attirer des foudres des dieux du temps des Grecs, peut-être de certains hommes ».

Odette Latey