Fonction publique: Les salaires gravement menacés

Le 14 mars 2012 par Notre voie - A partir de ce mois de mars, rien ne garantit la régularité des salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat. Déjà les salaires du mois de janvier dernier ont été virés tard pour de nombreuses EPN.

Gnamien Konan, ministre de la Fonction publique.

Le 14 mars 2012 par Notre voie - A partir de ce mois de mars, rien ne garantit la régularité des salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat. Déjà les salaires du mois de janvier dernier ont été virés tard pour de nombreuses EPN.

Les données objectives fournies par l’administration Ouattara elle-même confirment les informations et les témoignages recueillis. La Position nette du gouvernement (PNG) – c’est-à-dire les fonds propres de l’Etat dans les banques – se dégrade de plus en plus. Elle a replié de 184 milliards FCFA en 2011 et la dégradation va se poursuivre en 2012 de 5,7% selon les prévisions budgétaires.
Si jusque-là, la Côte d’Ivoire a pu honorer ses engagements vis-à-vis de ses fonctionnaires, c’est grâce à l’appui de la communauté financière internationale qui s’est «outrageusement » mobilisée : Fmi (121,7 milliards FCFA), Banque mondiale (71,5 milliards FCFA), Bad (70 milliards FCFA), AFD (229,6 milliards FCFA), Crédit adossé à l’allocation d DTS (22,7 milliards FCFA), Uemoa (2 milliards FCFA). Sans compter la France qui a réglé deux mois de salaire et qui le répète à tout vent. A côté de ces appuis, on note la sortie massive du cacao fève au Port d’Abidjan à la levée de l’embargo. Le rythme modéré de l’activité économique sur la période mai-juillet 2011 a connu une accélération à partir du mois d’août avec un taux de réalisation de 107,6%. Cette tendance s’est poursuivie jusqu’à la fin de l’année 2011. C’est dans ce registre que la Côte d’Ivoire a pu réaliser des recettes à l’exportation d’un montant de 220,9 milliards FCFA.
L’un dans l’autre, Alassane Ouattara a pu sauver les meubles. Car priver les fonctionnaires de leurs salaires alors qu’on se présente comme économiste-banquier serait commettre une grave erreur de management. Mais le chef de l’Etat savait très bien que cette «chance» n’allait pas s’éterniser. C’est pourquoi, par anticipation, il a opéré des ponctions sur les salaires (suppression d’indemnités et autres avantages) et procédé à des licenciements massifs, annulé tous les nouveaux recrutements et avancements. La charge étant encore trop lourde, la dévaluation du franc CFA était fortement envisagée, mais très vite mise en veilleuse quand le lièvre a été levé. Il ne reste que le point d’achèvement pour sauver une trésorerie d’Etat qui vire dangereusement au rouge malgré les discours de propagande. Le directeur général du Port autonome d’Abidjan déclarait, récemment, que le trafic maritime était fortement en baisse. Et tout le monde sait que la réunification des caisses tient de la propagande. Le désir obsessionnel d’Alassane Ouattara d’obtenir le point d’achèvement de l’initiative Ppte dans ce mois de mars s’explique par le fait que les caisses de l’Etat ne peuvent plus assurer les engagements de l’Etat à partir de ce mois. Malheureusement, le Fmi a reculé l’échéance et l’incertitude plane même sur le premier semestre. Que va faire l’administration Ouattara alors que la Côte d’Ivoire a atteint ses limites d’emprunt extérieur et que les régies financières donnent des tournis ? Ce n’est pas en instituant de nouvelles taxes que la situation économique va s’améliorer. Entre le Programme présidentiel d’urgence qui permet à une camarilla de « manger » un peu en réhabilitant ( ?) les routes et la masse des fonctionnaires qui n’ont aucune capacité de réaction, le choix est vite fait. Les salaires sont menacés.

J-S Lia