RDC : « tentative de coup d’Etat » déjouée à Kinshasa
Par Ivoirebusiness- RDC. « Tentative de coup d’Etat » déjouée à Kinshasa.
Un commando composé selon les autorités de Congolais et « d’étrangers », dont des Américains et un Britannique, a attaqué un des palais présidentiels et la résidence du ministre de l’économie.
La police congolaise sécurisent les rues de Kinshasa après que l’armée congolaise a déclaré avoir « déjoué un coup d’Etat », le 19 mai 2024. SAMY NTUMBA SHAMBUYI / AP
A Kinshasa, le calme était revenu, dimanche 20 mai dans la journée, mais la confusion continuait à régner après que le palais de la Nation, un des palais présidentiels de la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), et le domicile du ministre de l’économie ont été attaqués par un commando de plusieurs dizaines d’hommes lourdement armés au petit matin. Les autorités ont annoncé qu’« une tentative de coup d’Etat » avait été « étouffée dans l’œuf », selon les termes de Sylvain Ekenge, le porte-parole des Forces armées de RDC (FARDC).
Cette « tentative » a impliqué une quarantaine d’hommes, des Congolais et « des étrangers », « trois Américains et un Britannique », ont-elles affirmé, qui sont parvenus à brandir le drapeau du Zaïre, l’ancien nom de la RDC, dans l’enceinte du palais de la Nation. Alors que l’incertitude demeure sur les objectifs de ce commando, dont le chef présumé, Christian Malenga, et trois autres hommes ont été tués, ces évènements fragilisent un pouvoir déjà sous tension à cause d’une une guerre dans l’Est de son territoire et de fortes incertitudes politiques.
C’est dans les rues parmi les plus sécurisées de la capitale congolaise, dans le quartier de la Gombe, où se trouvent des sièges d’institutions et plusieurs résidences d’officiels congolais et d’ambassadeurs, que l’attaque s’est déroulée, aux alentours de 4 h 30, dimanche matin. Selon les premières informations, des hommes en treillis militaire ont ouvert le feu sur le domicile de Vital Kamerhe, le vice-premier ministre et ministre de l’économie, tuant deux des quinze gardes de l’homme politique qui se trouvait sur place avec son épouse.
« Félix, dégage »
Après environ une heure d’échanges nourris de tirs, le commando s’est dirigé vers le palais de la Nation, situé dans le même quartier et est parvenu à y pénétrer sans encombre. Le lieu est en théorie toujours sous la protection de la garde républicaine, mais ce palais présidentiel sert essentiellement à des réceptions officielles. Il n’abrite ni la résidence du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, ni son bureau principal.
« Félix, dégage », clame le chef du commando dans une vidéo qu’il a pris le temps de tourner dans l’enceinte de ce palais. Entouré de plusieurs dizaines d’hommes vêtus de treillis et coiffés pour certains de bérets rouges, Christian Malenga affirme avoir pris le pouvoir et brandit le drapeau du Zaïre, disque jaune et flamme rouge sur fond vert, nom du pays sous le dictateur Mobutu Sese Seko (1965-1997). « Le temps est arrivé. Vive le Zaïre, vive les enfants de Mobutu, dit-il en lingala. Félix est tombé (…), nous sommes vainqueurs. »
Dans des circonstances qui restent floues, les assaillants ont ensuite été « neutralisés », selon les termes du porte-parole des FARDC. Des « drones, des brouilleurs et des drapeaux du Congo » ont été retrouvés et une quarantaine d’hommes ont été arrêtés, dont certains avaient cherché à fuir via le fleuve Congo, qui sépare la RDC du Congo, où un « obus » est tombé, selon Brazzaville. « L’armée a la parfaite maîtrise de la situation », a assuré son porte-parole, et la population a été appelée à vaquer à ses occupations tandis que l’enquête se poursuivait. Dans la soirée de dimanche, le ministre de la défense a confié au Monde « suivre les opérations » de ses troupes. Les autorités congolaises ont diffusé une vidéo d’un assaillant qui affirme que dans un premier temps, il avait aussi été prévu d’attaquer le domicile de la première ministre, Judith Suminwa Tuluka, et du ministre de la défense, Jean-Pierre Bemba.
Agé d’une quarantaine d’années, le chef présumé des assaillants, Christian Malenga, est « Congolais naturalisé américain », a affirmé le porte-parole des FARDC. Ce militaire, qui selon plusieurs sources a officié au sein de l’armée de RDC et de celle des Etats-Unis, où il vivait, est une personnalité connue de la diaspora congolaise. « Un brin rêveur », selon un homme politique congolais qui l’a rencontré, il n’en était pas moins « déterminé ». Il s’était présenté aux élections législatives en 2011 et deux ans plus tard avait fondé un parti politique appelé United Congolese Party, sans ancrage ni poids, mais à la tête duquel il ambitionnait depuis 2015 de renverser le régime congolais, d’abord de Joseph Kabila, puis de Félix Tshisekedi. Le profil de cet homme et le déroulé de l’attaque interrogent néanmoins plusieurs observateurs contactés par Le Monde sur d’éventuelles complicités dont aurait pu bénéficier le commando et sur les objectifs réels de ce qui a été qualifié officiellement de « tentative de coup d’Etat ».
Source: Le Monde (Ana Sylvestre- Treiner)
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