Adjamé : commerçants et artisans déguerpis de l’espace paillet extension)

Par Fratmat.info- Adjamé . Commerçants et artisans déguerpis de l’espace paillet extension)

La journée du mardi 4 juillet 2023 restera gravée à jamais dans l’esprit des commerçants et autres artisans de l’espace paillet extension dans la commune d’Adjamé. En effet, ils ont été déguerpis par les bulldozers de la mairie en présence des forces de l’ordre.

Il est environ 11 heures, lorsque notre équipe de reportage arrive sur les lieux. Pendant que certains s’activaient à transporter leurs bagages en vue de les sécuriser, d’autres en revanche avaient entassé les leurs sur le trottoir parce que n’ayant pas d’endroit où les garder dans l’immédiat. Dans cette atmosphère tendue, les esprits s’échauffent. Certains ont failli même s’en prendre à l'équipe de reportage.

Selon Dembélé Cheickna, directeur des services de la mairie d’Adjamé et chef des opérations, cet espace est réservé pour la construction du commissariat de police de paillet.

« Les populations sont informées depuis trois ans et chaque fois, elles trouvent le moyen de retarder l’échéance. Il y a deux semaines, elles ont été sommées de quitter sans délai », a-t-il expliqué. « Cette fois, nous avons décidé de passer à l’acte », a poursuivi Dembélé Cheickna, sous le vrombissement des engins.

Cette version est partagée par l’ensemble des populations déguerpies que nous avons pu rencontrer sur le terrain. « Nous étions informés que cet espace est réservé pour la construction du commissariat. Mais comme nous n’avons pas un endroit où aller, c’est pourquoi nous sommes restés sur place. Nous n’avons pas été recensés pour un quelconque dédommagement », a expliqué Koné Inza, soulignant qu’il y a de cela deux semaines qu’ils ont reçu des mises en demeure leur demandant de quitter les lieux sans délai.

« Ce matin (ndlr, mardi 4 juillet), ils sont venus nous surprendre. Mes bagages sont entassés en face du magasin d’un ami. J’attends les bonnes volontés pour me recaser », a pourtant déclaré Koné Inza.

Même son de cloche pour Aline Sanou qui demande l’aide du gouvernement afin de les recaser. Toutefois, elle reconnaît également que tout le monde était informé. « Cela fait plusieurs années que l'on nous donne des mises en demeure pour quitter les lieux, mais nous ne savions pas que c’est aujourd’hui (ndlr, mardi 4 juillet) qu’ils allaient casser. Actuellement mes bagages sont sur la route parce que je ne sais pas où les mettre », dit-elle.

A l’en croire, les populations ne refusent pas de partir, mais la difficulté se trouve au niveau des magasins. « Il est difficile d’avoir un magasin à moindre coût », déplore Aline Sanou.

« Quand vous savez que vous allez détruire un endroit après, il faut empêcher les gens de s’y installer. Nous sommes installés, nous payons l'Odp (Occupation du domaine public), la patente, etc. A notre grande surprise, l'on nous demande de partir », a expliqué Mme N’Guessan. « Certes nous étions informés d’un déguerpissement mais j’aurai souhaité que l'on nous empêche de nous installer », dit-elle.

Quand nous quittions les lieux aux environs de midi, les bulldozers étaient toujours à l’œuvre pendant que des populations essayaient de sauver ce qu'elles pouvaient.

Par Franck YEO