Les 23 planteurs café cacao libérés : les confidences d'un séjour carcéral traumatisant

Les 23 planteurs café cacao libérés. Les confidences d'un séjour carcéral traumatisant.

Les 23 planteurs membres de la Centrale Syndicale Agricole de Côte d’Ivoire et des producteurs de Café-Cacao peuvent souffler un ouf de soulagement après deux jours passés derrière les barreaux à la préfecture de police d'Abidjan située dans la commune d'Abobo. Après leur audition d'environ 30 minutes par le Procureur de la République, ce vendredi 12 mai 2023, ces derniers, accusés de troubles à l'ordre public, ont été libérés et ont pu regagner leur domicile respectif le sourire aux lèvres. Et pourtant, ce séjour carcéral, faut-il le reconnaître a été traumatisant pour ces planteurs qui étaient loin de s'imaginer qu'ils seraient interpellés et jetés au gnouf pour une "simple" réclamation de leurs 17 milliards de fonds COVID-19. Tout commence ce mercredi 10 mai 2023 au matin, à la Caistab, siège abritant les bureaux du conseil café cacao, dans la commune du centre des affaires.

Sur place les 23 planteurs café cacao sont rejoint par des éléments de la gendarmerie nationale. « Nous étions sur le trottoir quand des éléments de la gendarmerie nationale, venus s'enquérir des nouvelles et nous ont conseillé de poursuivre les négociations avec la direction plutôt que de manifester. Alors que nous étions sur le point de suivre leurs orientations, un cargo de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) est sorti de nul part. Arrivés à notre niveau, ces policiers nous ont intimé l'ordre d'embarquer. Nous avons donc obtempéré », a confié l'un d'entre eux. Puis de poursuivre : « Nous avons été conduits manu-militari à la préfecture de police d'Abidjan où nous avons été placés en détention. Plus tard, on nous a fait savoir que nous avions troublé l'ordre public. Nous avons fait nos dépositions racontant les faits qui ont conduit à notre interpellation ». Dans l'attente de leur présentation au parquet, les 23 planteurs ont passés deux nuits traumatisantes. C'est toujours le même interlocuteur qui raconte : « Nous avons passés deux nuits quasiment blanches à la préfecture de police d'Abidjan. Pour cause, le même jour, nous avons passé la nuit avec 8 microbes (enfants en conflit avec la loi, Ndlr) qui auraient tranché les oreilles d'un Monsieur pour des rituels. Nous avions eu l'information et nous avons été contraints d'être de passer deux nuits extrêmement difficiles avec ces enfants dont l'âge variait entre 12 et 18 ans ».

Et notre interlocuteur de continuer « Le vendredi 12 mai 2023, nous avons été informés que nous serions reçu par le Procureur au Parquet. C'était un ouf de soulagement mais nous étions loin de nous imaginer que ce serait la fin de nos souffrances. Tenez-vous bien, dans une cellule d'environ 16 m², nous étions environ 300 personnes, nous avons passé 3 heures. On étouffait tous. C'était vraiment irrespirable. Finalement nous sommes entendus par le Procureur qui nous fait savoir qu'on nous accusait d'avoir troublé l'ordre public qui est un acte condamnable par la loi. Mais il reconnaît que nous n'avions point troublé l'ordre public dans les faits qui ont été relatés par chacun de nous dans les procès verbaux étant donné que nous étions bel et bien sur le trottoir. À la fin de l'audition il a déclaré ceci : "Je vais vous faire un fleur. On vous libère. Vous pouvez regagner immédiatement vos domiciles respectifs. La prochaine fois, si vous estimez que vous avez été lésés dans vos droits, vous pouvez simplement porter plainte. Je tiens à vous préciser que l'affaire est encore en justice et le juge peut vous faire appel à tout moment" », a-t-il confié de conclure que les discussions allaient se faire avec le ministre Adjoumani Kouassi Kobenan, Ministre de l'agriculture. Ces membres de la Centrale Syndicale Agricole de Côte d’Ivoire de Café-Cacao, rappelons-le, ont été interpellés le mercredi 10 mai 2023 devant la CAISTAB, siège du Conseil Café-cacao. Malgré les efforts de négociation et médiation pour résoudre pacifiquement leurs revendications, ces producteurs n'ont pas obtenu satisfaction.

Yannick_LAHOUA
by Yannick_LAHOUA (via Opera News )