Fin de distribution de vivres aux réfugiés : Le HCR lâche les exilés ivoiriens de Lomé
Publié le samedi 21 janvier 2012 | Notre Voie - L’horizon s’obscurcit chaque jour davantage pour les réfugiés ivoiriens vivant hors du camp d’Avépozo. Comme s’ils étaient devenus
une charge de trop, l’UNHCR au Togo est en train de les lâcher.
Publié le samedi 21 janvier 2012 | Notre Voie - L’horizon s’obscurcit chaque jour davantage pour les réfugiés ivoiriens vivant hors du camp d’Avépozo. Comme s’ils étaient devenus
une charge de trop, l’UNHCR au Togo est en train de les lâcher.
Le temps de la galère a commencé pour la communauté des réfugiés ivoiriens au Togo. M. Vodounou, le tout nouveau représentant du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) mettant à exécution ses menaces, veut couper les vivres à plus de 4.000 exilés ivoiriens vivant hors du camp d’Avépozo. « Tous ceux qui sont en ville ne sont pas pris en compte dans les standards du HCR. On ne donne pas de vivres aux Urbains. C’était un forcing que faisait le HCR en son temps. Que tous ceux qui veulent des vivres partent s’installer sur le site d’Avépozo ». Dès sa prise de fonction au mois de décembre dernier, le représentant de l’UNHCR annonçait ainsi les couleurs en informant les refugiés urbains qu’il n’y aurait plus de vivres pour eux. Le successeur de M. Ibrahim Traoré le répétait souvent déjà à ceux qui avaient la chance de croiser son chemin à l’approche des fêtes de fin d’année 2011. Mais jamais M. Vodounou n’a voulu prendre du temps pour s’asseoir, depuis que ces informations circulent, avec les réfugiés ivoiriens pour discuter de la conduite à tenir face à cette nouvelle donne. Eux qui espéraient que le nouveau représentant du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés les appellerait autour d’une table pour les informer de vive voix à défaut de discuter avec eux. Ensemble, ils avaient aussi pensé qu’ils pourraient discuter de leur insertion économique ou des activités génératrices de revenus (AGR) dont plusieurs anciens réfugiés ont, par le passé, bénéficié avant que la décision de leur supprimer les vivres ne leur soit signifiée par écrit. Ils sont en train de se rendre petit à petit compte que le réfugié ivoirien ne compte pas dans les priorités du représentant de l’UNHCR. Alors qu’on s’achemine vers la fin de la troisième semaine du mois de janvier 2012, M. Vodounou n’a pas encore ordonné la distribution des vivres aux réfugiés dits urbains. Alors, ces hommes et femmes croient que l’heure de la disette a sonné pour eux malgré le poids de leurs charges quotidiennes pour survivre. Chaque jour, ils peinent pour payer 12 voire 18 mois de caution pour accéder à un logement à Lomé. Et ils sont aussi contraints, entre autres charges, de régler leurs factures d’électricité et d’eau tous les mois. Contrairement à leurs compatriotes qui ont eu la chance d’être hébergés dans un camp de réfugiés où tout est pratiquement gratuit. Pourtant, les réfugiés urbains et ceux du site d’Avépozo sont recensés dans les mêmes conditions par la Coordination nationale pour l’assistance aux réfugiés (CNAR). Les conditions d’enregistrement à l’UNHCR ne diffèrent pas non plus d’un réfugié du camp à un réfugié urbain au Togo. Mais pourquoi la représentation de l’UNHCR veut-elle créer des différences entre les exilés ? « En ne nous donnant pas à manger et en ne finançant pas les AGR, le HCR veut nous contraindre à rentrer en Côte d’Ivoire », indique un Ivoirien rencontré devant l’ADRA, partenaire de l’organisme spécialisé de l’Onu chargé des réfugiés. « Tout cela est fait pour faire plaisir à Alassane Ouattara. Ces gens-là se disent qu’en nous affamant, nous finirons par rentrer chez nous. Mais est-ce qu’ils nous connaissent même », ironise un autre... Comme ces Ivoiriens, ils sont nombreux à Lomé ceux qui voient dans l’attitude des responsables de l’UNHCR la main du politique ivoirien. Pour d’autres Ivoiriens, l’heure est venue pour le HCR de revoir ses méthodes d’intervention. « Et c’est à juste raison que nous avions pensé que la représentation du HCR au Togo s’était adaptée aux mouvements des réfugiés quand elle s’est efforcée, dès le départ, à se donner les moyens pour nous prendre en charge. Ce n’est pas maintenant que nous saluons ce défi important que sa représentation au Togo a su relever dans les moments les plus difficiles, que le HCR va nous décevoir », indique un réfugié ivoirien tout désappointé. Pour cet homme, tant qu’il y aura des réfugiés au Togo, l’UNHCR devra tous les assister tels qu’il les a comptabilisés dans ses livres.
La ville de Lomé compte un peu plus de 4.000 réfugiés urbains et le camp d’Avépozo, construit pour n’abriter que quelque 1.500 personnes en comptent aujourd’hui en peu plus de 2.000.
Une correspondance de Pierre Valère à Lomé