Décès de Bohoun Bouabré: Qu’ils sont cruels ! par César Etou, DG de Notre voie
Le 12 janvier 2012 par Notre voie - M. Paul-Antoine Bohoun Bouabré n’est plus. L’ancien ministre d’Etat ivoirien est décédé dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 janvier 2012, à Jérusalem, en Israël. Ce professeur d’Université, économiste hors pair, qui a fait ses
Le 12 janvier 2012 par Notre voie - M. Paul-Antoine Bohoun Bouabré n’est plus. L’ancien ministre d’Etat ivoirien est décédé dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 janvier 2012, à Jérusalem, en Israël. Ce professeur d’Université, économiste hors pair, qui a fait ses
preuves au ministère de l’Economie et des Finances au moment où la Côte d’Ivoire était au creux de la vague, s’est éteint loin de son pays, en exil. Dans des conditions pitoyables et révoltantes. J’accuse les criminels encagoulés !
Paul-Antoine Bohoun Bouabré était en mission, hors du pays, quand l’armée française a achevé « son travail », dixit Laurent Gbagbo, président ivoirien attaqué par une rébellion armée le 19 septembre 2002, renversé par un coup d’Etat de la France, le 11avril 2011. Puis emprisonné pendant sept mois à Korhogo (700 km au Nord du pays) et transféré nuitamment, le 29 novembre 2011, à la Cour pénale internationale (Cpi) à la Haye, aux Pays-Bas. C’est en Israël que Bohoun s’est exilé. En Côte d’Ivoire, ses comptes bancaires ont été gelés tout comme pour ceux de 400 autres personnalités et leurs familles, victimes de cette opération criminelle. Bohoun, contrairement aux sornettes, n’avait aucun bien à l’extérieur. Patriote bon teint, élève de son maître, Laurent Gbagbo, il n’avait son argent qu’en Côte d’Ivoire. Dans les banques ivoiriennes.
En Israël, Bohoun Bouabré souffrait d’insuffisance rénale aiguë. Selon les informations données par sa famille et rendues publiques par les médias étrangers, il a écrit à Alassane Ouattara et à son gouvernement, leur demandant de dégeler ses comptes bloqués en Côte d’Ivoire, ou de faire prendre en charge ses soins sanitaires. Pour toute réponse, les nouvelles autorités d’Abidjan lui ont plutôt exigé de troquer les moyens de sa guérison par une allégeance politique. Bohoun a refusé cette humiliation, même face à la mort. Et les nouveaux maîtres d’Abidjan ont dit : « Alors, qu’il crève ! ».
Dans les derniers moments de sa vie, Bohoun ne répondait plus à aucun coup de fil. Selon des sources, il pensait que quelques personnes auraient pu lui suggérer de céder à l’indécente invitation de Ouattara. Dans notre culture d’Africain, on dit qu’il y a des guérisons physiques qui anéantissent votre conscience, vôtre être. C’est une affaire de conception de la vie. Alors, malgré une modeste fortune honnêtement épargnée dans les banques ivoiriennes mais bloquée par le régime en place, Bohoun Bouabré s’est éteint, sans soins, en Israël, dans l’indifférence des autorités d’Abidjan et de leurs soutiens étrangers. Ah, qu’ils sont cruels !
Oui, j’accuse Nicolas Sarkozy de cruauté en Côte d’Ivoire ! C’est le président français qui a orchestré le blocage des avoirs des pro-Gbagbo. J’accuse Barack Obama de cruauté ! Ce Nègre, porteur d’espoir, élu président des Etats-Unis d’Amérique, a fait le deuil de la dignité des Peuples noirs. Il a donné sa caution et son soutien à Nicolas Sarkozy pour permettre à la France de recoloniser, par bombardements, un Etat noir, la Côte d’Ivoire. J’accuse l’Union européenne de cruauté ! Sous la dictée de Sarkozy, cette organisation européenne a pris, contre d’honnêtes citoyens Ivoiriens, une mesure raciste, « le gèle des avoirs », qu’elle n’osera jamais prendre contre des européens, fussent-ils des criminels avérés. J’accuse Henri Konan Bédié de cruauté contre ses compatriotes ! Bédié a oublié que, renversé en 1999 par les hommes de Ouattara et chassé du pouvoir, il a été ramené au pays par Laurent Gbagbo qui lui a restitué argent et dignité. Il cogère un pouvoir qui laisse Gbagbo et ses partisans crever de misère. J’accuse Alassane Ouattara et son régime de cruauté ! Traités de « sauveurs de démocratie » et bombardés, au propre comme au figuré, à la tête du pays, voilà Ouattara et ses ouailles sous leurs vrais jours. Ils sont incapables de soigner un serviteur de l’Etat malade, là où Gbagbo, à la tête du même Etat qu’ils agressaient et ensanglantaient avec leurs armes, a décaissé beaucoup d’argent pour le bien-être des membres de leurs familles respectives. J’accuse le Procureur de la République, Simplice Koffi Kouadio, de complicité de cruauté ! Il a exécuté l’ordre de blocage des avoirs, n’a jamais été capable de terminer la moindre enquête pour restituer les comptes confisqués. J’accuse Charles Konan Banny de complicité de cruauté ! Nommé pour réconcilier les Ivoiriens, il est incapable de faire admettre à Ouattara et à Bédié qu’on ne se réconcilie que vivant. J’accuse les organisations -nationales comme internationales - de défense des droits de l’Homme, Lidho, Midh, Fidh, HRW, etc., de complicité de cruauté ! Elles ont perdu leur langue, malgré les cris de détresse du Collectif pour le dégel des avoirs en Côte d’Ivoire (Cdag-Ci), face à ce crime contre l’humanité.
Il se déroule, sous nos yeux, en Côte d’Ivoire, une puante culture de la cruauté politique. Fières d’avoir mis fin à une « dictature », ces forces applaudissent les mises à mort opérées, sans état d’âme, par des criminels à péniblement encagoulés. Mais un « démocrate » qui assassine est-il, lui-même, moins criminel que le « dictateur » chassé ? Pourquoi avoir renversé un « dictateur » si c’est pour se montrer plus cruel que lui ? Le temps du réveil a sonné. Pour interpeller là où c’est nécessaire. La roue tourne. Demain, ce sera peut-être trop tard.
C.E. cesaretou2002@yahoo.fr
REACTIONS D'HOMMES POLITIQUES APRES LA MORT DE BOHOUN BOUABRE
Adieu Paul Antoine !
Quelle tristesse et quelle désolation que le décès du Ministre d’Etat Paul Antoine Bouhoun Bouabré. Un Grand Serviteur de l’Etat s’en est allé. Quelle injustice du sort que celui de cet Homme dont les Ivoiriens auraient encore pu attendre beaucoup. Quelle injustice du sort pour la Région d’Issia qui perd ses deux bras, d’abord en Tagro et aujourd’hui Bohoun.
C’était un frère qui m’appelait respectueusement «Djissi», du nom de son arrière- grand-père, un vaillant guerrier de la résistance anticoloniale. Il est parti trop tôt parti en laissant derrière lui son épouse, Léa, ses enfants, ses amis de combat. Nous avons formé ensemble pendant trois ans un duo en charge des Institutions de la CEDEAO et de l’UEMOA, et j’ai appris à connaitre l’Homme dans ses dimensions et son talent de négociateur. Un grand serviteur de l’Etat s’en va et avec lui les pages inachevées d’un brillant parcours professionnel et politique. Circonspect et respectueux, le Professeur P.A. Bohoun Bouabré demeurera pour ses anciens étudiants et pour tous les Ivoiriens, un homme d’initiatives et de référence.
Que le Dieu de grâce auquel il vouait tant de foi, l’accueille dans l’immensité du firmament, là où la Sérénité et la Paix prolongent la vie dans l’Eternité.
Théodore MEL EG
Ancien Ministre d’Etat
11 Janvier 2012
Théodore MEL EG
Bertin Kadet : “Adieu Bêgohoun ! ”
« C'est tôt ce matin (hier) à 6 h que le ministre Lia Bi Douayoua m'a annoncé la triste nouvelle de la disparition du ministre d'Etat, Antoine Bohoun Bouabré : je n'ai pu contenir mes larmes pendant plusieurs minutes avant que mon épouse, aussitôt informée, ajoute les siennes en hurlant. Après la disparition tragique de Tagro Désiré, voilà que Bohoun me quitte aussi brutalement dans des conditions encore très floues dans ma tête. Je suis triste, je suis meurtri et j'ai mal à tout, dans ma chair et au plus profond de mon âme. Le ministre d'Etat Bohoun Bouabré était pour moi un frère et un ami que j'appelais affectueusement "Bêgohoun" qui signifie en Bété, le plus beau des singes. Dès que j'ai repris mes esprits, j'ai appelé son épouse Léa et nous avons pleuré ensemble, j'ai appelé mon ami et frère Gnato Zié, membre du Conseil général d'Issia pour le consoler. Bohoun Bouabré un fidèle religieux, courtois et respectueux des autres. Je garde surtout de lui, l'image dun cadre compétent de l'administration de la Côte d'Ivoire dont il avait une grande vision. Antoine Bohoun Bouabré était aussi un grand patriote grâce à qui la résistance économique d'une Côte d'Ivoire tiraillée de tous côtés par des prédateurs n'aurait jamais réussi. Sa mort est incontestablement une grande perte pour la Côte d'Ivoire et pour le Fpi, le parti qui l'a revelé. La région d'Issia et tout l'Ouest ivoirien perdent un digne fils qui restera à jamais dans son coeur meurtri. Puisse Dieu lui réserver une place de choix dans son Royaume Céleste et consoler sur terre, les vivants du moment. J'embrasse ses enfants ».
Berin Kadet, ancien Ministre
Adieu Paul Antoine !
Berin Kadet, ancien Ministre
Décès de Paul Antoine Bohoun Bouabré: Mon témoignage
La méchanceté et la cruauté des hommes ont emporté cet homme reconnu comme un gros travailleurs.
Le Ministre d’Etat Paul Antoine Bohoun Bouabré, du fait de la Proximité de Saioua avec Sinfra m’appelait toujours affectueusement «Frère». Mais nous avons vécu réellement une fraternité au plein sens du terme. De janvier 2001 à Mars 2003, pendant mon temps de présence au gouvernement, c’est moi qu’il avait chaque fois choisi pour assurer l’intérim du Ministère de l’Economie et des Finances pendant ses nombreux déplacements pour les discussions avec les institutions de Brettons Woods. Ingénieur de formation, je ne suis ni économiste ni financier mais il déclarait toujours que c’est à moi qu’il faisait le plus confiance. Je me sentais donc honoré de cette marque de confiance et nous avons été ensemble sur de nombreux fronts. Il avait par exemple particulièrement tenu à être à mes côtés à l’Assemblée nationale lorsque je défendais le Projet de loi sur le paiement par les opérateurs mobiles de la contrepartie financière de 40 milliards à l’Etat pour l’attribution de licence d’exploitation de réseau cellulaire. J’ai appris ce matin son décès comme un choc. C’était un homme droit, rigoureux et loyal qui avait de grandes ambitions à la fois pour sa région et pour son pays.
Je pense que si ses comptes bancaires, par injustice et méchanceté gratuite, n’avaient pas été gelés, il aurait pu disposer de ressources financières nécessaires pour se faire soigner convenablement.
Je prie profondément depuis ce matin pour lui, pour Léa sa femme, pour ses enfants , pour sa famille et pour ses amis.
Le Ministre Lia Bi Douayoua
Président du Conseil Général de Sinfra
Le Ministre Lia Bi Douayoua
Lazare Koffi Koffi : “La méthode Bohoun doit faire école”
On le savait depuis plusieurs mois en traitement à l’étranger d’une maladie incurable qui a fini par l’emporter.Quelle coincidence malheureuse et dramatique avec le rebondissement de l’affaire Kieffer !! Cette mort inattendue du ministre Paul-Antoine Bohoun Bouabré ne manquera pas à coup sùr de laisser libre cours à toutes les supputations. Bohoun s’en va.On retiendra de lui qu’il fut un grand ministre de l’économie et des finances sinon le plus grand argentier que la Cote d’Ivoire n’ait connu depuis ces vingt dernières années.Homme de conviction,tenace au travail,il aura marqué nos consciences sous le Président Gbagbo et sous le régime du FPI comme un ministre qui a travaillé avec beaucoup de sérénité et sans complexe face aux Institutions de Bretton Wood dont il connaissait et maitrisait tous les rouages.Partisan d’une Cote d’Ivoire véritablement libre ,indépendante et souveraine,il a su batir des budgets à partir des ressources réelles du pays,tout en renonçant autant que faire se peut à tendre la main à l’extérieur en meme temps qu’il honorait la dette qu’il avait hérité des politiques économiques de ses prédécesseurs.Grace à lui,à sa témérité,son sang-froid,sa rigueur réprouvée aussi bien par ses adversaires que par certains de ses camarades de parti,notre pays a pu survivre pendant les dix ans de crise qu’il a connu bien qu’il soit occupé et financièrement amaigri dans sa partie nord-ouest.Jamais sous Bohoun Bouabré,et donc sous le Président Gbagbo,on a parlé de réduction ou de rétention de salaire.Au contraire les fonctionnaires ont été régulièrement payés et l’investissement intérieur soutenu.Avec sa mort,la Cote d’Ivoire perd un homme de qualité,un économiste averti et consciencieux,un ministre de l’économie qui a fait trembler plus d’une fois tous les hommes d’affaire véreux peu consciencieux du bonheur du peuple ivoirien.La méthode Bohoun Bouabré doit faire école.
Le ministre Lazare KOFFI KOFFI
Le ministre Lazare KOFFI KOFFI
Hommage de Kouassy Oussou à Bohoun Bouabré: C’était un homme de foi, un grand croyant
C’était un homme bon qui aimait son prochain, qu’il a servi jusqu’au bout
C’était un homme qui aimait son pays auquel il s’est dévoué. Il était jaloux de sa souveraineté, arborait fièrement les couleurs nationales et mettait tout en œuvre en toute circonstance pour mériter l’espérance que la Côte d’Ivoire a promise à l’humanité
C’était un homme qui aimait le travail. Avec lui le travail était un plaisir, voire un loisir. C’est le père du budget sécurisé, de la facture normalisée, du développement du SYGFIP et d’ASTER. C’est le père de la résistance économique
C’était un homme droit et courageux, un combattant de la liberté, de la justice, de la cause de l’Afrique et des Noirs. Homme de conviction c’était également un homme d’ouverture
C’est cet homme, qui a tant donné, malgré les adversités dont certaines étaient totalement absurdes, qui pouvait encore apporter à la Côte d’Ivoire, à l’Afrique et au monde, qui s’en est allé
Merci à Dieu qui nous l’a donné. Mais avons-nous su le conserver ? avons-nous su protéger cette vie précieuse ?
Mon frère BOUABRE, ton voyage terrestre s’arrête ici. Mais désormais tu es libre, libre de toutes ces méchancetés, de toutes ces haines, de toutes les contingences d’ici bas. De là-haut où tu te trouves à présent, veille sur ta famille, tes camarades de lutte et le pays.
Kouassy Oussou
Ancien Directeur Général de l’Economie
Kouassy Oussou